France - Angleterre : les faux jumeaux Joe Launchbury et Yoann Maestri ne sont pas placés dans les mêmes conditions de travail avec leur sélection AFP MIGUEL MEDINA ---------------------------------------------- Six mois après la Coupe du monde, la tentation est forte de comparer la manière dont le Quinze de la Rose et l’équipe de France ont rebondi après deux échecs tout aussi retentissants lors du rendez-vous planétaire. Ce n’est pas sans intérêt mais il ne faut pas se tromper sur la nature de leur fiasco respectif. Les rugbys français et anglais sont de faux jumeaux. L’humiliation qu’a vécue l’Angleterre cet automne, fut un simple revers sportif, la conséquence de deux rencontres face au Pays de Galles et l’Australie mal négociées par un entraîneur et ses joueurs. La déroute de la France a d’abord été la faillite d’un système. Ce n’est pas parce que les deux fédérations les plus puissantes du monde ont pour fondations le rugby de clubs que les moyens offerts à leur équipe nationale sont les mêmes. Et après s’être sans doute imaginé dans un rôle de grand rédempteur, Guy Novès semble avoir pris conscience de la difficulté de sa tâche. Comme Philippe Saint-André et Marc Lièvremont avant lui. Jeudi, le Toulousain a pour la première évoqué les "huit journées d’entraînement seulement" dont il avait disposé durant les sept semaines de tournoi pour tenter de mettre en place un nouveau système de jeu. C’est très peu. Guy Novès n'a pas fini de ramer Eddie Jones lui, aura eu ses joueurs en permanence sous la main depuis la fin du mois de janvier et il assure qu’il les a fait "progresser de 30% physiquement". Parce que, quels que soient les rêves de gloire des présidents de l’Aviva Premiership, le Quinze de la Rose reste le joyau de la Couronne, le centre des priorités du rugby anglais. Côté français, on attend avec intérêt les prochaines conclusions de la commission Fédération/Ligue nommée en décembre. Ses préconisations sur la manière de rendre l’équipe de France plus performante, seront-elles suivies d’effets ? En attendant, au-delà de son immense savoir-faire, Eddie Jones aura bénéficié d’un héritage pour faire rebondir l’équipe d’Angleterre. Parmi ses quinze titulaires samedi, quatorze ont fait leurs armes sous la direction de son prédécesseur Stuart Lancaster. La vraie trouvaille de l’Australien, se nomme Maro Itoje. Mais le deuxième ligne des Saracens (21 ans) était déjà capitaine de l’équipe d’Angleterre des moins de 20 ans sacrée championne du monde il y a deux ans. C’est cela un système vertueux. Et Guy Novès, lui, n’a pas fini de ramer. Arnaud David |