Suffit-il de brandir un bon slogan pour doper les ventes de livres? C’est le petit miracle que vivent aujourd’hui les libraires italiens depuis qu’un lecteur fortuné a acquis, pour 10’000 euros, l’ensemble des titres exposés dans la vitrine d’une enseigne milanaise. Stimulée par cette démarche, une certaine Daniela a créé sur Instagram le hashtag #svuotalavetrina (vide la vitrine) pour inciter d’autres bibliophiles à suivre cet exemple, joignant le geste - et les photos - à la parole. Dans la foulée, plusieurs librairies italiennes ont vu leurs devantures dévalisées en toute légalité par des lectrices et lecteurs échauffés. Le foyer se propagera-t-il de l’autre côté des Alpes? Bien sûr, il s’agit de choisir avec soin sa librairie et sa vitrine, au risque de repartir lesté d’ouvrages de méditation cosmique ou de traités de fermentation. De notre côté, nous espérons que vous vous jetterez sans retenue sur les entretiens que nous mettons bien en vue dans notre vitrine hebdomadaire. Bonnes écoutes et bonnes lectures!
caustique
Dérive gauche
Aurélien Bellanger, "Les derniers jours du parti socialiste", ed. du Seuil Fin analyste du monde politique, Aurélien Bellanger retrace, par la fiction, l’émergence du Printemps républicain français, mouvement ultra-laïque issu du centre gauche et des éditorialistes télévisuels. Un récit sulfureux, porté par une écriture délicieusement caustique. Par Sylvie Tanette
Fanny Desarzens, " Ce qu'il reste de tout ça ", ed. Slatkine Pour son troisième roman, l’autrice vaudoise raconte en toute simplicité, par un lent mouvement d’arrière en avant, la vie d’une famille du Gros-de-Vaud sur quatre générations. Un roman pudique qui n’est pas sans rappeler l’écriture parfois rugueuse d’un Ramuz. Par Ellen Ichters
Bernard Comment, " La ferme du Paradis ", ed. Albin Michel Dans un futur proche, le couple impromptu mis en scène par Bernard Comment se lance dans un road-trip déconnecté, de Paris au Léman, en passant par le Midi et l’Ajoie. Une fausse cavale amoureuse qui franchit de multiples frontières et déjoue les injonctions du temps. Par Philippe Congiusti
Avec Le bastion des larmes, Abdellah Taïa fait appel aux thématiques récurrentes de son œuvre, le Maroc, l'enfance, la famille, l'homosexualité, les vies marginalisées, mais aussi à la liberté et la force d'être soi. Le roman est en lice pour plusieurs prix littéraires, dont le Goncourt. Propos recueillis par Anne Laure Gannac Adaptation web: Melissa Härtel
Justin Morin, On n’est plus des gens normaux, ed. La manufacture de livres, 256 p.
En août 2017, dans une zone industrielle de Seine-et-Marne, un homme précipite sa BMW contre la terrasse d’une pizzeria. Angela, 13 ans, meurt sur le coup. Journaliste dépêché sur place, Justin Morin rencontre la familles, les victimes et retrace, dans une écriture haletante, le récit du drame et du procès qui s'ensuit. La sœur du criminel est présente, mais ne souhaite pas se livrer. Commence alors une seconde partie fictionnelle qui extrapole les liens unissant cette jeune femme à son frère suicidaire. Un premier roman fort et osé. NJ
nouvelles
Jan Carson, Le Fantôme de la banquette arrière, ed. Sabine Wespieser, 360 p.
L’Irlande du Nord, ses verts profonds, ses blancs moutons, ses attentats, et le surnaturel qui se glisse, l’air de rien, un peu partout, au quotidien. Il s’incarne dans un fantôme, gros fumeur, assis sur la banquette arrière d’une voiture. Il devient un toboggan qui engloutit deux enfants. Il est un bébé-méduse sur plage presque privée, agaçant l’auto-proclamée propriétaire des lieux. Il est un regard, un cheval, une colline, un pub, un catholique ou un protestant. A travers seize nouvelles, toutes remarquables, où l’étrangeté affleure, c’est l’Irlande qui se livre. La plume de Jan Carson est à la fois tendre et drôle, brossant le portrait sensible d’un territoire, de son histoire et de ses habitantes et habitants. A lire, par petites touches, en sirotant un Irish Coffee. CF
BanDe dessinée
Stéphane Jourdain et Guillaume Daudin (scénario), Antoine Grimée (dessin), L'arnaque des nouveaux pères, ed. Glénat, 184 p.
Ils sont partout. À la sortie de l’école, sur la plage à construire des châteaux de sable, à la place de jeu les mercredis après-midi et sur un petit lit de fortune à la maternité. L’image de ces nouveaux pères qui « osent » changer les couches de leurs bébés est omniprésente sur Instagram mais malgré les apparences, les hommes ne gèrent que 29% des tâches parentales, la charge mentale reste toujours massivement féminine. Affolés par cette statistique déprimante, deux journalistes déconstruits ont questionné leur paternité et leur responsabilité individuelle dans cette BD-enquête caustique, un brin scolaire. Spoiler alert : le chemin est encore long. SG
roman
Caroline Thivel, La fille de l’autre, ed. Plon, 240 p.
Caroline Thivel a passé 30 ans quand son père lui annonce qu’elle pourrait être la fille d’un autre homme, un poète de Montélimar. « L’autre », c’est Alain Borne « le poète aux cent femmes » décédé d’un tragique accident de voiture alors qu’elle n’avait que trois ans. Lorsque sa mère se met également à lui faire des confidences nébuleuses, commence pour la scénariste une recherche de la vérité pour dissiper le doute, sur les traces de cet homme. Un récit autobiographique mené come une intrigue, avec un rythme haletant et quelques délicats rebondissements. En rencontrant des proches d'Alain Borne, en lisant sa correspondance et des journaux intimes miraculeusement retrouvés, elle plonge – et nous avec elle - dans l’intimité d’un amour passionnel tissé de promesses et de non-dits. SG
pédagogique
Le b.a - ba du X
Bande dessinée de sensibilisation destinée aux adolescents, Pop-porn: le porno c'est pas la vraie vie! de Caroline Nasica et Elvire Duvelle-Charles décrypte ce qui se cache derrière les images intrigantes et très scénarisées du monde du X. Une thématique sérieuse croquée avec humour et légèreté. Sarah Clément
L’un des plus grands auteurs du XXe siècle nous a offert Big Brother, la novlangue, les écrans omniprésents. Pourtant, l’univers de 1984 n’existerait pas sans les femmes, et deux romans de cette rentrée littéraire le rappellent. Julia de Sandra Newman (ed. Robert Laffont) tout d’abord, qui raconte 1984 du point de vue de son unique protagoniste féminine, et L’invisible Madame Orwell d’Anna Funder (ed. Héloïse d’Ormesson) ensuite, qui s’intéresse à la vie et au rôle d’Eileen O’Shaughnessy, épouse invisibilisée d’Orwell. Invitées : Anna Funder et Hélène Cohen (traductrice de Julia) Animation : Ellen Ichters Carte blanche : Daniel Vuataz Quartier Livre, RTS La Première, di 29 septembre à 16h
Icône au rayonnement pérenne, exemple admiré dʹémancipation féminine, Françoise Sagan sʹest éteinte il y a tout juste 20 ans, le 24 septembre 2004. Lʹoccasion pour Quartier Livre de lui rendre hommage, avec la participation de Denis Westhoff, fils de lʹécrivaine et auteur du récent Les années Sagan (ed. Gourcuff Gradenigo) et de Caroline Loeb, chanteuse et comédienne qui interprète Sagan dans son spectacle " Françoise par Sagan " Quartier Livre, RTS La Première, di 22 septembre
La troisième édition du Salon littéraire Mauvais genre qui a pour vocation de célébrer les styles qui sortent des sentiers battus comme le polar, le thriller, la science-fiction ou encore la littérature érotique, se tient le week-end prochain à l’espace culturel Le Manège, à Onex. L'occasion de découvrir les auteur·ices invité·es autour de rencontres, interviews croisées et séances de dédicaces. Salon littéraire Mauvais Genre, Onex (Genève), 4 et 5 octobre 2024
L’Alliance Française de Fribourg nous invite à un petit-déjeuner littéraire en compagnie de l’écrivaine Violaine Bérot à l’occasion de la parution de ses derniers textes, Nuits de noces et Pastorales. La rencontre se termine par une séance de dédicaces. Alliance française, Fribourg, Samedi 28 septembre de 09h30 à 11h30