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Verger permaculturelChère amie, cher ami, Ainsi que je vous l’ai écrit dans ma lettre d’hier, notre avenir se joue en ce moment. La terre sera-t-elle encore habitable demain ? L’humanité trouvera-t-elle encore du sens à sa vie dans une ou deux générations ? Voilà deux les questions essentielles que nous pose notre époque. Il n’y a pas 36 manières d’y répondre. L’une d’entre elles consiste à renouer le lien avec la terre en s’inspirant de ceux qui se sont lancés en pionniers. Les nouveaux prophètesC’est la voie de Pierre Rabhi, des colibris, de la ferme du Bec Hellouin, de Sainte Marthe, ou encore de Margaux Bounine. La connaissez-vous ? C’est une jeune agricultrice débordant d’enthousiasme et d’énergie. Elle a créé la ferme de Marcillac [1]. Avant cela, elle a fait le tour d’un grand nombre de fermes et de projets de permaculture. Elle en a tiré un court métrage appelé “happy cultors” que vous trouverez ici. Elle a également donné une très belle conférence au Congrès “la santé de demain” animée par le Dr Nadine Schuster [2]. Quel est son message ?Les engrais et les pesticides détruisent les sols et les rendent malades. Elle constate que ce modèle productiviste qui soumet à rude épreuve les écosystèmes est d’autant plus absurde que 50% de l’alimentation produite est gaspillée. Le problème aujourd’hui n’est pas de produire suffisamment de nourriture pour tout le monde, mais de produire sans détruire la planète et de permettre un accès généralisé à l’alimentation. Vaste projet. Par où commence-t-on ?Par les semences. Margaux Bounine explique que les grandes firmes agro-industrielles ont, pendant des années, fait main basse sur les semences et s’opposent autant qu’elles le peuvent à ce que les fermiers indépendants puissent accéder à d’autres semences que celles répertoriées dans le “catalogue”. Mais les mentalités évoluent. Et il est possible de faire de plus en plus de choses. Selon Margaux, il faut changer la manière de travailler la terre et de s’occuper de la planète. Cela ne se fera pas en un jour parce que de nombreux citoyens sont aussi citadins mais il suffit que chacun s’y mette. Si la ville ne peut aller à la campagne, la campagne ira à la ville. Elle estime que les projets en agroécologie présentent l’avantage de pouvoir nous nourrir de manière efficace, de créer du lien social, de la solidarité, et de résoudre une bonne partie des problèmes environnementaux auxquels nous nous trouvons confrontés en ce début de XXI siècle. Elle cite en exemple un projet magnifique qui a été mené par Stefan Sobkowiak. Un jardin au CanadaAu Canada, 2% de la surface agricole est utilisée pour l’agriculture biologique. Le pays étant immense, cela n’est pas rien. Mais proportionnellement, cela reste peu. Stefan Sobkowiak, lui, a créé un verger permaculturel. La surface sur laquelle il travaille paraît ridicule. Elle fait 4000 m2. Mais avec lui, il faut parler en mètres cube ! Car son verger comporte des étages. Il y a les arbres, les arbustes, les plantes à leurs pieds et les poules qui circulent entre elles. Les arbres produisent des fruits, font de l’ombre aux arbustes comme les groseilliers qui produisent d’autres fruits, tandis que les plantes au sol sont des fleurs comestibles et d’autres variétés. Les poules mangent les insectes et fertilisent les sols. Il y a un problèmeIl a fallu plusieurs années avant que Stefan Sobkowiak parvienne à créer son jardin d’Éden. Au départ, il était parti sur un projet d’agriculture biologique classique. Mais la productivité ne suivait pas. Selon lui, cela était dû au fait que cette agriculture est encore trop proche du modèle conventionnel. Stefan Sobkowiak s’en est rendu compte un jour où il regardait l’une de ses rangées d’arbres bien nette. Cela ne ressemblait pas assez à ce que la nature aurait pu proposer. Il a changé sa méthode. Il a planté les arbres par trois : un fruitier d’une variété,un arbre “fixateur d’azote”, et un autre fruitier. D’un trio à l’autre, il changeait les espèces de fruitiers. Il a ainsi planté des rangs constitués de trios d’arbres dont les fruits arrivent à maturité en même temps, ce qui facilite la récolte. Aujourd’hui, l’un de ses problèmes est la sur-pollinisation. Il y a trop d’abeilles et de pollinisateurs et il produit trop de fruits ! Le client récolteLe modèle économique est simple et coopératif. Les clients ont un abonnement. Ils paient une cinquantaine de dollars canadiens par an. Cela leur donne accès au verger et 9 kg de fruits gratuitement. Le surplus leur est vendu entre 2 et 4 dollars le kilo selon les fruits. En fonction du mois où ils viennent, les clients vont sur tel ou tel rang qui produit à ce moment-là. Une autre mentalitéStefan Sobkowiak est biologiste. Il avait donc au départ une bonne connaissance du vivant. Pour autant, il a, lui aussi, appris en faisant. Il explique que l’important est d’être disposé à avoir des surprises. Car c’est la nature qui travaille. Les années ne sont pas identiques, certaines sont très abondantes, d’autres plus pauvres. Les insectes et les oiseaux lui mangent une partie de ses récoltes. Mais pour Stefan c’est légitime car ces animaux travaillent avec lui. Les oiseaux mangent les insectes, les guêpes, qui apprécient ses fruits, traquent également les chenilles, qui sans elles proliféreraient. En quelques années, un équilibre s’est installé. Stefan est heureux et il gagne bien sa vie. Or, je rappelle que sa surface est réduite : 4000 m2... Il y a planté plus de 8000 espèces d’arbres différentes ! Quand on compare avec les hectares de maïs que l’on voit à perte de vue en France ou ailleurs, il n’y a pas photo ! Naturellement vôtre, Augustin de Livois | ||||||
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