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L'Express
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La lettre des pouvoirs de L’Express, 30 janvier 2025
le Parti pris
Un ministre de l'Intérieur peut-il obtenir un bilan positif ?
par Paul Chaulet
Journaliste politique
En un message, Bruno Retailleau résume sa délicate équation. Le 25 janvier, le ministre de l’Intérieur réagit sur X (ex-Twitter) au meurtre d’Elias, 14 ans, poignardé pour son portable à Paris. Il se dit "horrifié", adresse ses pensées à la famille de l’adolescent, puis émet un diagnostic. "Refaire de la France un pays où les parents n’ont plus à craindre de voir leur enfant assassiné pour rien sera un chemin long et difficile." Le commentaire, face à l’émotion collective. Une promesse d’action dans la durée, face aux drames du quotidien. Le temps est ici à double tranchant. Le Vendéen travaille pour ses successeurs, comme dans sa lutte contre le narcotrafic. Mais à mesure qu’elles passent, les heures rendent le ministre comptable dans l’opinion de faits qu’il dénonce avec emphase. Et les sentences martiales sont condamnées à se retourner contre leur auteur.

Bruno Retailleau est entré Place Beauvau pour obtenir des résultats. Un ministre de l’Intérieur peut-il en obtenir des positifs, tant son périmètre d’action est dévoré par les affects ? Il évoquait le jour de son entrée en fonction le rétablissement "de l’ordre dans la rue et aux frontières". Quand cet objectif est-il atteint ? Les statistiques relatives aux chiffres de la délinquance ont valeur scientifique. Mais ne résistent pas à l’émotion collective générée par chaque fait divers auquel un ministre de l’Intérieur est tenu de réagir, sauf à subir un procès en insensibilité. "C’est un exercice très difficile entre une prise de parole qui doit être forte et des résultats qui ne pourront jamais être à la hauteur des paroles qui auront été prononcées. On est dans un cycle infernal", note un cadre Ensemble pour la République.

La régulation de l’immigration, priorité du ministre, obéit à davantage de rationalité. Même si les faits divers mettant en cause des clandestins obstruent vite toute vue d’ensemble sur une politique migratoire. Le ministre ne manque ici pas de marges de manœuvre, via son pouvoir réglementaire. Tant mieux pour lui : il a dû renoncer à une grande loi immigration, après la censure de Michel Barnier. Sa réforme de l’Aide médicale d’Etat, totem de la droite, semble mal engagée. Bruno Retailleau n’a pas les coudées franches sous majorité relative. La coalition lui lie en partie les mains ? C’est peut-être sa chance. Le ministre peut se réfugier derrière ses contraintes pour excuser ses limites. Laisser à penser que son action au ministère est aussi une promesse d’action plus large, si la droite revenait un jour aux commandes. Un départ précipité, faute de marge de manœuvre, pourrait même être mis à son actif. "Les ruptures, ça n’est jamais complètement mauvais en politique", note un fidèle du ministre. Le bilan, un objet politique décidément large.
L'indiscret
Le bras d’honneur à Macron 
Depuis que le président de la République en personne a répondu à un influenceur se plaignant dans une vidéo d’avoir été verbalisé pour l’utilisation de son téléphone pour payer un péage, un malaise saisit la gendarmerie. Après avoir tenté tant bien que mal de contacter l’automobiliste via les réseaux sociaux - où il est très actif - afin de lui proposer de contester sa contravention, les gendarmes n’ont pu ni trouver sa véritable identité ni mettre la main sur la fameuse amende puisque leurs messages sont restés sans réponse. Grâce aux éléments qu’ils avaient recueillis, ils ont néanmoins réussi à localiser la soi-disant infraction. Or, surprise, aucune contravention pour utilisation du téléphone au volant n’a été émise dans cette zone géographique et dans cette période. “Tout porte à croire que cette contravention n’a jamais existé”, explicite une source dans la gendarmerie qui met en garde : “Les gendarmes prendraient assez mal qu’une circulaire leur demandant de faire attention à quelque chose qu’ils ne font pas voie le jour.” Emmanuel Macron qui se voulait “pompidolien”, selon les mots d’un conseiller élysée (“Arrêtez d’emmerder les Français), risque d’emmerder surtout les gendarmes.
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Le portrait de la semaine

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