Twitch, le ZEvent et la guerre des créneaux | | Dans Samouraï, de Fabrice Caro, Alain, écrivain raté, voyait son premier roman sortir le jour où la sextape d'un député faisait les choux gras de toute la presse. Pour le ZEvent, c'est la mort de la reine d'Angleterre qui éclipse, quelque peu, l'événement phare de la planète Twitch, préparé de longue date. Le contexte - La 7e édition du ZEvent, un marathon géant caritatif de vidéos en direct réunissant une cinquantaine de streamers, se tient du 9 au 11 septembre. L'événement se mobilise en faveur de cinq associations, engagées dans la protection de l'environnement (Fondation de France, Sea Shepard, la Ligue pour la protection des oiseaux France, Time for the Planet et The SeaCleaners). Au programme : concert de Bigflo & Oli au Zénith de Montpellier, vente de produits ZEvent, jeux vidéo en direct et... un spécial « Questions pour un streamer », organisé par Etoiles (celui-là même qui a initié le présentateur de Questions pour un champion, Samuel Étienne, aux joies du stream), avec en guest star Alain Chabat. « Franchement, c'est giga fort. Et surtout alors que le ZEvent ne semblait pas trop susciter d'enthousiasme cette année, après toutes les polémiques. Vraiment impressionnant de voir que ce moment va exister, et sûrement scorer une audience assez dingue », se réjouit Vincent Manilève, journaliste spécialisé dans le numérique. Pour donner un ordre d'idée de ce que représente un tel événement, l'année dernière, le live d'Adrien Nougaret (alias ZeratoR), organisateur de l'événement « avait même battu le record du stream français le plus suivi sur la plateforme Twitch, avec plus de 700 000 internautes en direct ». 10 millions d'euros avaient été également récoltés au profit d'Action contre la faim. Une surenchère épuisante - Si la programmation est intense, le maître des horloges du ZEvent a déjà annoncé vouloir ralentir la cadence pour l'édition 2023 : une liste réduite d'invités, des assos plus confidentielles et des objectifs chiffrés moins démentiels. L'hybris et la démesure n'auront plus lieu d'être. Las de cette pression permanente, le streamer s'est confié dans les colonnes du Monde dans un article intitulé ZeratoR, streameur trimeur en quête de tempérance : « Ce serait très bien qu'on lève moins d'argent pour désacraliser cette course vers le "toujours plus ». Tous les ans, depuis le premier million, j'attends qu'on plafonne. » À ses débuts, l'événement avait réuni 170 000 euros. Un casting critiqué - Par ailleurs, outre les polémiques autour de la Fondation GoodPlanet, l'association initialement retenue mais qui a finalement jeté l'éponge, de nombreux internautes ont pointé du doigt la liste des invités. Comme le note la journaliste Pauline Ferrari dans une enquête pour 20 minutes, sur la cinquantaine de streamers invités, le nombre de streameuses ne dépasse pas la dizaine ! « Les femmes sont également peu présentes dans les émissions spécialisées comme Popcorn, présentée par le streamer Domingo : après la publication d'un montage résumant la saison 3 de l'émission, beaucoup d'internautes se sont indignés du manque de diversité », déplore-t-elle. Ce qui incite d'ailleurs les femmes à organiser leurs propres événements. Stream'Her organise ainsi un stream caritatif « Stream for Trees », du 26 septembre au 2 octobre. 75 streameuses seront présentes pour planter des arbres, en collaboration avec Greenpeace Belgique. Et pan ! Autre actu qui a secoué le Twitch game cette semaine - La bataille fait rage sur les créneaux. Squeezie a annoncé de nouveaux horaires de live. Il streamera désormais sur le créneau de Wankil, un duo très populaire. C'est-à-dire les mercredis soir de 20 h à minuit. « Vu que les créneaux sont réduits, un gros streamer qui s'installe sur un créneau, quel qu'il soit, ça nuit forcément à d'autres streamers. Twitch se téléise de plus en plus, avec des programmes hebdos pour fidéliser l'audience », analyse le consultant politique Denis Renoul. D'après le créateur FibreTigre, les streamers se font la guerre sur les horaires depuis deux ans : « Y'a pas de jour safe maintenant (enfin si, le samedi soir mais à croire que les streamers restent des êtres humains). » | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Le métaverse de Mark Zuckerberg ne serait-il qu'un gros bide ? C'est ce que constate un récent article féroce de Bloomberg, pointant des efforts marketing intenses... et des résultats médiocres. Le 25 août, le fondateur de Facebook s'est entretenu avec Joe Rogan (le roi du podcast, écouté par 11 millions d'auditeurs... par épisode) pour évoquer entre autres le métaverse. Le fondateur s'est montré enthousiaste, et ne s'est pas laissé « décourager par les récentes moqueries visant Horizon Worlds (ndlr : une appli de réalité virtuelle disponible en France depuis mi-août) et déterminé à présenter les avantages de passer des heures avec l'équivalent d'un smartphone attaché à votre visage ». Pourquoi c'est un pavé ? Le média souligne que Meta a généré 116 milliards de dollars de revenus et 57 milliards de dollars de bénéfices en 2021, par le biais de son activité de vente de publicités en ligne. De son côté, Reality Labs, entreprise en charge de la réalité augmentée au sein du groupe Meta (ex-Oculus) a généré des revenus de 2 milliards de dollars, « un chiffre minuscule, en comparaison, qui semble encore pire lorsque vous considérez combien d'argent Meta a dépensé pour le générer ». En 2021, le métaverse a coûté 10 milliards de dollars à Facebook. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Si la « dating fatigue » vous atteint sur les applications de rencontre, certaines personnes en quête de l'âme sœur ont trouvé la parade. Délaissant Bumble, Tinder et autre Meetic, elles ont choisi de se dévoiler à travers Dropbox Paper, Google Docs ou encore des sites web tels que WordPress et Squarespace, relate un article de Wired. Ces alternatives s'apparentent à une « sorte de wiki de l'âme humaine ». Des pages simples qui contiennent des détails sur votre vie (âge, taille, passions, projets...). Damon Sasi, un thérapeute, a ainsi partagé un lien vers une page contenant des témoignages d'anciens partenaires. « Pas besoin d'attendre le sixième rendez-vous pour entendre les ragots », souligne le média. « Toute l'idée est orientée vers un avenir post-application de rencontre. Mais la technologie elle-même est basique », poursuit le média. Pour voir un exemple concret de ces œuvres, cliquez ici.
| LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | « Ce sont nos valeurs et nos manières d'être qui mènent à ce que l'ONU appelle une situation de menace existentielle directe. Et on en est encore à pérorer sur notre exemplarité », a dénoncé l'astrophysicien et professeur à l'université Grenoble-Alpes Aurélien Barrau, lors d'une conférence tenue à l'université d'été du MEDEF. En cinq minutes, le chercheur dresse une leçon d'écologie captivante, dénonçant les mauvaises manières et l'arrogance européennes. « Nous ne sommes pas la solution, nous sommes le problème », a-t-il alerté, avec verve. Alternant entre le visage concentré du physicien et l'auditoire, la caméra capte un échange convaincant. Au-delà du fond, on a bien aimé la maîtrise (trop rare) de l'art rhétorique : « Tant que vous nommerez (...) croissance le fait de raser un espace gorgé de vie, pour le remplacer par une plateforme commerciale, fût-elle neutre en carbone, nous n'aurons pas commencé à réfléchir sérieusement. » Et sinon, un objet éditorial non identifié. La marque Durex a réalisé un spectacle humoristique « Le Nude Show », retraçant des histoires de couples réels. Le « show » est disponible sur YouTube.
| UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | « Quand on rencontre la Reine, on est subjugué. Pourtant, physiquement, elle est petite. Elle est timide, réservée. La poignée de main est molle. On ne comprend pas ses fins de phrase. Mais elle parle comme si vous étiez la personne la plus importante du monde. Vous avez le sentiment que vous comptez, même pendant une minute », se rappelle un interlocuteur, ému, au micro de Maylis Besserie. En cinq épisodes, la journaliste revient sur le parcours de la Reine et dessine en creux les grands traits de la société britannique, livrant une Grande traversée captivante. Mêlant témoignages d'historiens, de biographes et de journalistes, la série souligne la grande renommée de The Queen (sa cote de popularité est restée constante toute sa vie !). « En 70 ans de règne, elle n'a jamais livré d'interview. C'est pour ça que tout le monde peut s'identifier à elle. C'est cette impénétrabilité qui est le secret de sa réussite. » Si vous avez un commentaire, n'hésitez pas à nous écrire : [email protected] |
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