Sobriété plébiscitée Longtemps décriée, voire moquée car synonyme pour certains de retour à l’âge de la chandelle, la sobriété est désormais sur toutes les lèvres. Les canicules à répétition de cet été et la pénurie énergétique qui se profile pour cet hiver ont fini de convaincre les plus récalcitrants. Reste que tout le monde ne l’envisage pas forcément de la même manière. Et accommode le mot à sa sauce. Au Medef, on concède désormais la nécessité d’entrer collectivement dans « une croissance sobre ». Mais pas question de changer de modèle. Juste de l’orienter vers ce que Geoffroy Roux de Bézieux appelle « un capitalisme décarboné ». Pour les entreprises adhérentes du mouvement Impact France, il faut au contraire aller plus loin. Dans une tribune parue en juillet dans le « JDD » et signé par 84 chefs d’entreprise dont les PDG d’EDF, Engie et Total Energies, on pouvait lire : « La sobriété n’est pas synonyme de pénurie, de repli ou de déclin, mais elle est la réponse à l’équation la plus cruciale de notre temps qui devrait aujourd’hui être au cœur de toute réflexion politique : comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé. » Lors des universités d’été du mouvement qui se sont tenues le 1er septembre, vingt propositions ont été faites pour organiser cette sobriété choisie. Certaines contraignantes, comme de rendre le bilan carbone obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés. D’autres plus incitatives, comme de rendre la sobriété compétitive en créant un barème de l’impôt sur les sociétés assis sur la part « durable » de leur chiffre d’affaires. Quant à la question de la croissance à laquelle personne ne voudrait renoncer, Jean-Marc Jancovici, cofondateur du Shift Project, a apporté à la tribune une réponse chiffrée. « Si l’on veut limiter le réchauffement à 2°C, il faut que les émissions planétaires baissent de 5% par an. Cela veut dire une baisse du PIB mondial de 2 à 3% par an. » Désespérément imparable ! |