Alors que Washington est toujours aussi hostile aux cryptomonnaies et peu clair sur la réglementation du secteur, le monde entier y voit l’opportunité d’attirer les entreprises américaines en mal de législation plus accueillante. Même la France : Benoît de Juvigny, secrétaire général de l’Autorité des marchés financiers, a déclaré qu’elles sont « les bienvenu[e]s » (lire ci-dessous La loi et l’ordre). Un clin d’œil à la plateforme d’échanges Coinbase, qui a fait savoir publiquement qu’elle était prête à quitter le territoire des Etats-Unis si le flou juridique persistait. Elle semblait plutôt attirée par le Royaume-Uni, mais laissait la porte ouverte à l’Union européenne. La fuite concerne en réalité l’ensemble de l’Amérique du Nord : Binance et sa consœur Bybit ont annoncé quitter le Canada pour des raisons similaires. En revanche, ce jeudi 1er juin, Hong Kong met en application une mesure permettant à nouveau aux particuliers d’acheter des cryptomonnaies sur des plateformes locales. L’investissement en actifs numériques était auparavant réservé aux comptes de plus de 950.000 euros. Seuls les résidents de la région sont toutefois éligibles, l’échange d’actifs numériques restant fortement restreint en Chine continentale. Briller en Asie « Il y a une reconnaissance explicite, du fait que ces produits font de plus en plus partie de notre économie », explique à l’AFP Giuliano Castellano, professeur de droit à l’Université de Hong Kong. L’objectif est aussi d’attirer les entreprises étrangères et de redonner du souffle à la place durement affectée par la répression des manifestations pro-démocratie de 2019 et la crise sanitaire liée au Covid-19. En Asie, Dubaï (Emirats arabes unis) et Singapour sont davantage identifiés comme principaux « hubs » des crypto-actifs. L’enjeu pour Hong Kong est donc de ne pas se faire voler la vedette de la finance sur le continent, alors que le marché des actifs numériques dépasse les 1.000 milliards de dollars. « Je ne serai pas surpris que Hong Kong retourne sa veste et donne [finalement] un carton rouge à tout le monde », tempère Bobby Lee, fondateur de la première plateforme d’échanges en bitcoins chinoise (BTCC), rapporte Bloomberg. Pékin ne lance peut-être qu’une expérimentation, et s’il y a la moindre menace vis-à-vis de son pouvoir, le parti sévira. Reste que les entreprises ont maintenant plus de choix pour trouver une adresse, tandis que les Etats-Unis perdent du temps et leur avance à force d’indécision. Rémy Demichelis |