| | Edito Les animaux peuvent aussi nous soigner !
Cette semaine, nous allons voir comment les animaux participent de manière essentielle, et par de nombreuses voies, parfois surprenantes, à notre santé et notre bien-être. De nombreux animaux sont une source précieuse de molécules et de médicaments contre une multitude de maladies, y compris le cancer. Des chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède viennent de montrer qu’il était possible d’utiliser de la soie d’araignée pour augmenter les effets de la protéine anticancéreuse p53 (Voir Science Direct). Cette protéine est dite "suppresseur de tumeur", car elle joue un rôle clé dans le processus de division cellulaire, en empêchant celle-ci de devenir incontrôlable. Lorsque cette protéine identifie des altérations de l’ADN, elle déclenche des mécanismes de réparation, soit en activant une voie génétique, soit en provoquant la destruction de la cellule altérée par apoptose. On sait à présent que des mutations de la protéine p53 sont impliquées dans environ la moitié de tous les cancers. Mais cette protéine a tendance à être instable et sa durée de vie est courte, de l’ordre de quelques minutes. C’est pourquoi, depuis des années, les scientifiques cherchent des moyens de la stabiliser pour qu’elle puisse garder son activité anti-cancéreuse plus longtemps dans les cellules. Dans cette étude, les scientifiques ont confirmé que la soie d’araignée est constituée de longues chaînes de protéines très stables et fait partie des polymères naturels les plus solides. Ils ont ensuite montré qu’il était possible de stabiliser la protéine p53, à l’aide de cette protéine stable, en fusionnant les deux protéines. Le produit de cette fusion est en effet u ne nouvelle protéine active beaucoup plus stable que p53. Reste à présent à tester dans des essais cliniques l’efficacité thérapeutique de cette nouvelle protéine améliorée, pour évaluer sa capacité à prévenir la formation des tumeurs. En 2018, des chercheurs toulousains (Université Paul Sabatier/CNRS) ont réussi à modifier la longue chaîne de carbone d’une molécule (un lipide alkynylcarbinol), en s’inspirant de certaines éponges de mer vivant dans les Caraïbes, pour la rendre 700 fois plus efficace contre les cellules cancéreuses. Cette équipe toulousaine a ainsi réussi à obtenir la molécule anti cancéreuse la plus active de la famille des lipides d'origine marine (Voir ChemPubSoc Europe). En 2019, c’est une équipe d’Harvard qui est parvenue à synthétiser en laboratoire l’halichondrine B, une molécule très complexe, produite naturellement par certaines éponges de mer et qui possède une puissance anticancéreuse exceptionnelle. Enfin, l’année dernière, une autre équipe germano-russe a testé une molécule marine appelée l'alcaloïde marine 3,10-dibromofascaplysine sur diverses cellules cancéreuses de la prostate, réfractaires à la chimiothérapie. Les chercheurs ont découvert que le principe actif issu de cette éponge marine fascaplysinopsis reticulata commandait aux cellules tumorales le "suicide", par apoptose (Voir MDPI). Mais si les animaux sont une source précieuse et inépuisable de molécules thérapeutiques, on sait moins qu’ils peuvent aussi soigner directement les êtres humains, soit en détectant certaines maladies, soit même par leur seule présence et leur empathie à notre égard. Depuis 2016, l’institut Curie, dans le cadre de l’étude KDOG, des chiens sont entraînés à déceler le cancer du sein. Et les résultats sont étonnants. En février 2020, les résultats de la première phase de cette étude KDOG ont été présentés. Ils confirment, à partir d’essais réalisés sur 31 échantillons de sueur de 130 femmes volontaires, que les tumeurs cancéreuses du sein, aussi incroyable que cela puisse paraître, possèdent une signature chimique spécifique, bien qu’extrêmement ténue. Mais ces tests confirment également que certains chiens, après un apprentissage particulier, sont capables de détecter, grâce à leur sensibilité olfactive phénoménale, les composés organiques volatils (COV) émis par ces tumeurs malignes, avec un taux de réussite proche des 100 %. Comme le souligne Isabelle Fromentin, à l’origine du projet KDOG, « Il est vraiment remarquable de nos chiens parviennent à identifier si rapidement ces signatures chimiques du cancer du sein, surtout quand on sait que les seuils présents sur nos prélèvements sont à des niveaux si bas que même nos gros appareils de chimie analytique ne parviennent pas à le repérer ». Encouragés par ces excellents résultats, les chercheurs de Curie ont décidé d’étendre l’étude KDOG à 450 femmes et de tester plusieurs races de chien dans la détection du cancer du sein. « Nous ne sommes toujours pas parvenus à établir de manière précise la signature chimique spécifique du cancer du sein, mais nos chiens, eux, parviennent à la trouver dans la transpiration et à la différencier de l’odeur spécifique de la personne », précise Pierre Bauër, le responsable de ce projet. En 2014, une autre équipe conduite par le Professeur Olivier Cussenot, (professeur d'urologie oncologique à l'hôpital Tenon à Paris) avait eu l’idée de recourir à ce flair canon exceptionnel pour dépister l'existence d'un cancer de la prostate chez 908 patients. Deux chiens bergers malinois achetés par l'Institut Curie ont été dressés de manière à détecter les COV spécifiques du cancer de la prostate. Au terme de cet apprentissage, les chiens sont parvenus à repérer rapidement la présence de cancer, à partir d’échantillon d’urine, dans 98 % des cas… Mais l’utilisation de chiens pour le dépistage de certains cancers, bien que très efficace, nécessite un entraînement long – entre six mois et un an par chien – et coûteux. Pour tenter de surmonter cet obstacle, un éthologue de l'Université Sorbonne Paris Nord a eu l’idée, a priori plutôt saugrenue, d’essayer de "dresser" des fourmis, réputées pour leur odorat très performant, à repérer l’odeur particulière émise par les cancers du sein. L’équipe de recherche, associant des scientifiques du CNRS, de l'Institut Curie et de l'Inserm, a choisi l'espèce la plus commune, Formica fusca, pour mener à bien cette tâche de dépistage. (Voir iScience). Ces insectes ont eu droit à une courte période d'apprenti ssage, qui consiste à associer une odeur à une récompense, dans le cas présent, une goutte d'eau sucrée, dont ces fourmis raffolent. De manière remarquable, il n’a fallu aux fourmis que trois entraînements d’une heure pour qu’elles sachent repérer de manière précise les signatures chimiques de différents types de cancers. Ces chercheurs vont à présent essayer d’évaluer l'efficacité de cette méthode sur un organisme humain complet, en utilisant de l'urine de souris atteintes de cancers. Sources de médicaments novateurs, ou véritables détecteurs sur pattes de maladies graves, les animaux peuvent également avoir des effets très bénéfiques pour des personnes souffrant de graves troubles psychiques, comme l’a montré Gretchen Carlisle, Professeure de psychologie à l’Université de Missouri. Cette chercheuse a d’abord constaté les effets apaisants du contact avec certains animaux de compagnie, chez les élèves souffrant de troubles et de handicaps mentaux. Elle a récemment dirigé la première étude en double aveugle concernant les effets, sur des enfants autiste, liés à la présence d’un animal de compagnie (Voir University of Missouri). Dans cette étude, les familles d'enfants souffrant d’autisme ont été divisées en deux groupes. Le premier a accepté d’adopter un chat et d’être suivi pendant quatre mois. Le second a également été suivi pendant ce laps de temps, avant de lui-même accueillir un chat pour une période de quatre mois. A l’issue de l’étude, ces scientifiques ont constaté que la présence d’un chat pouvait améliorer sensiblement les capacités sociales des enfants autistes, et réduire parallèlement leurs symptômes caractérisés par des angoisses de séparation. S’appuyant sur ces résultats, Gretchen Carlisle propose que l'adoption d'un chat soit intégrée dans les interventions proposées aux familles d'enfants avec autisme. Un autre animal, le cheval, lui aussi domestiqué par l’homme depuis fort longtemps, s’avère un auxiliaire précieux dans le traitement de l’autisme. Une méta-analyse regroupant 25 études scientifiques, réalisées entre 2009 et 2016, toutes publiées dans des revues scientifiques réputées, a montré que les thérapies associant le cheval et les soins psycho-éducatifs classiques permettaient de réduire sensiblement les symptômes de ces enfants autistiques. Parmi les études passées en revue, l’une d’elles a été réalisée par le Centre Universitaire de Pédopsychiatrie du CHU de Tours, sur six enfants présentant des troubles du spectre autistique, âgés de 5 à 7 ans, ayant bénéficié de 19 séances de thérapie avec le cheval. Les conclusions de cette &ea cute;tude ont permis de confirmer, par comparaison entre les enfants du groupe témoin et les enfants ayant bénéficié de cette équithérapie, les bénéfices de cette approche en matière d’amélioration de la communication, du langage et de la sociabilité de ces enfants. Une autre étude réalisée en 2013 par le collège de médecine de Houston, et dirigée par Glenn Levine, a montré que les personnes ayant un chien diminuent leurs risques de problèmes cardiaques (Voir Science World Report). L'étude montre que les propriétaires de chiens sont plus actifs que la moyenne de la population à pratiquer un exercice physique régulier. Ce travail confirme par ailleurs que la compagnie d'un chien réduit sensiblement le stress et diminue la tension artérielle et le taux de cholestérol. D’autres études récentes ont montré que les personnes vivant seules et ayant un chien réduisent d’un tiers, en moyenne, les risques de décès par infarctus, par rapport à celles d ans la même situation qui n’ont pas de chien (Voir Science Daily). De manière encore plus étonnante, des chercheurs de l'Université de Saint Andrews ont aussi découvert en 2014 que les sexagénaires possédant un chien ont une forme physique équivalente à celle d'une personne de 10 ans plus jeune, grâce à l’exercice quotidien qu'ils font en allant promener leur chien (Voir Health Medicine Network ). Une vaste étude réalisée en 2017 par l’Université d’Uppsala (Suède), sur 34 202 participants, suivis pendant douze ans, a confirmé le fait que de posséder un animal de compagnie permet de réduire jusqu’à 36 % les risques de mortalité cardio-vasculaire, et réduit également les risques globaux de mortalité, en particulier chez les personnes vivant seules (Voir Nature). Les animaux de compagnie ont également des effets très bénéfiques en matière de maintien cognitif et de prévention des démences. Des chercheurs de l'académie américaine de neurologie ont montré, à partir de l’analyse de vie de 1400 Américains âgés de plus de 50 ans (dont 53 % avaient un animal de compagnie ), que la présence d’un animal participait au maintien de la bonne santé cognitive et que, plus la présence d’un animal de compagnie était ancienne, plus cet effet protecteur était fort. « Le stress peut avoir un effet négatif sur la fonction cognitive, et les effets anti-stress d'un animal de compagnie doivent probablement participer à diminuer la neuro-inflammation et le déclin cérébral », souligne Tiffany Braley, qui a dirigé ce travail. Signalons également que la présence d’animaux domestiques dans le foyer semble également permettre de renforcer le système immunitaire des enfants. En 2018, une étude portant sur 377 enfants vivant à Copenhague a montré que l’exposition à un chat ou un chien dès la naissance est associée à une prévalence inférieure d’asthme chez les enfants qui possèdent un gène de prédisposition à l’asthme et ont donc plus de risques de développer cette pathologie respiratoire invalidante. Ces recherches ont montré que cet effet protecteur était encore plus important avec les chats, et que les taux d’allergènes de chat étaient associés de manière inverse au développement de l’asthme chez ces enfants (Voir The Journal of Allergy and Clinical Immunology). A l’école aussi, la présence d’animaux de compagnie, à condition qu’elle soit bien préparée et encadrée sur le plan pédagogique, s’avère très positive, comme le montrent les expérimentations conduites au Québec par la chercheuse et enseignante Maryse Proulx. Celle-ci a montré que les élèves qui interagissent avec des animaux développent progressivement des comportements plus responsables, plus attentifs aux besoins et plus empathiques. Enfin, il semblerait que, même au travail, la présence d’un animal de compagnie puisse être bénéfique. C’est en tout cas la conclusion de plusieurs études, dont celle réalisée en 2017 par des chercheurs de l’Université du Michigan (Voir Taylor & Francis Online). Ce travail a montré que la présence d’un chien dans un groupe de travail collaboratif en entreprise permet d’améliorer la qualité de la coopération, de l’écoute et de l’attention des participants. Une autre étude réalisée en 2012 par des chercheurs de l’Université Purdue (Indiana) a montré que la présence de chiens et de chats sur les lieux de travail permettait de faire baisser de manière significative le niveau de stress des travailleurs (Voir emerald insight). Il est dommage que, par rapport à l’Amérique du Nord et à certains pays scandinaves, notre pays n’ait pas encore pris pleinement conscience du grand potentiel préventif et thérapeutique que pouvait apporter l’utilisation de certains animaux dans la prise en charge de nombreuse pathologies ou troubles physiques et psychiques. Ce domaine encore peu exploré mérite pourtant de faire l’objet de recherches approfondies et de nombreux animaux (pas seulement les animaux de compagnie), ont encore beaucoup à nous apprendre et à nous apporter et nous rappellent que notre espèce, qui n’est pas séparée de la nature, doit coopérer, avec respect et intelligence, avec les autres êtres vivants qui peuplent notre Terre… René TRÉGOUËT Sénateur honoraire Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat e-mail : [email protected] | |
| | Sciences de la Terre, Environnement et Climat | |
| | | Santé publique France a étudié l’évolution des températures et des décès dans 18 villes de France depuis 1970. Les résultats publiés mettent en avant des évolutions contrastées des risques et soulignent l’importance de poursuivre les efforts pour réduire l’impact des températures sur la mortalité. L’exposition à des températures inhabituellement chaudes ou froides se traduit par une augmentation du risque de mortalité. Face au changement climatique, à l’évolution rapide de la variation des températures en France et la mise en place de politiques de prévention des températures extrêmes, il est pertinent de rechercher si l’effet de la température sur la mortalité a évolué au cours du temps. C'est dans ce contexte que Santé publique France publie une analyse des données depuis 1970 sur l’évolution de la relation entre la température et la mortalité en France. Les résultats suggèrent une possible acclimatation de la population vers un nouveau climat, vraisemblablement liée à une amélioration des conditions socio-économiques et médicales. Bien que les risques associés aux très fortes chaleurs aient diminué, les jours où ces températures sont observées sont plus fréquents et conduisent donc à un impact sur la mortalité plus élevé. Ces résultats soulignent l’importance de poursuivre les efforts pour réduire l’impact des températures froides et chaudes sur la mortalité et d’agir pour atténuer le changement climatique et ainsi éviter les scénar ios les plus défavorables. Les températures inhabituelles froides ou chaudes ont un effet direct sur la santé, notamment en termes de mortalité et de recours aux soins. En France, on observe une courbe en forme de « J » entre la température et la mortalité : les températures très froides sont associées à une augmentation modérée du risque de décès, les températures très chaudes à une augmentation très importante de ce risque. Quant aux températures modérées, elles sont associées à un risque faible de décès. Le changement climatique se traduit par un déplacement de la distribution des températures vers des valeurs plus élevées et par une plus grande variabilité. L’adaptation à ce nouveau climat est devenue un enjeu important de santé publique. Santé publique France a examiné 45 ans de données journalières de température et de mortalité dans 18 villes continentales pour répondre à cette question. Les résultats mettent en avant des évolutions contrastées des risques selon les niveaux de températures : une température moyenne extrêmement froide (-7°C) est associée à un risque de décès plus faible dans les années 1970 que dans les années 2010 ; une température moyenne extrêmement chaude (+28°C) est associée à un risque de décès plus élevé dans les années 1970 que dans les années 2010. Ces évolutions sont progressives au cours du temps. Elles suggèrent une possible acclimatation de la population vers un nouveau climat et reflètent également une amélioration des conditions socio-économiques et médicales. Pour autant, les évolutions des risques ne se traduisent pas en termes d’impacts : le nombre de décès attribuables aux températures les plus froides est stable, au cours du temps, représentant environ 0,6 % de la mortalité totale chaque année ; le nombre de décès attribuables aux températures les plus chaudes a doublé depuis les années 1970. Autrement dit, bien que les risques associés aux très fortes chaleurs aient diminué, les jours où ces températures sont observées sont plus fréquents et conduisent donc à un fardeau en termes de mortalité plus élevé. Ces résultats soulignent l’importance de poursuivre les efforts pour réduire l’impact des températures froides et chaudes sur la mortalité. Ils appellent également à agir pour atténuer le changement climatique et ainsi éviter les scénarios les plus défavorables vis-à-vis de la chaleur. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Santé Publique France | | | |
| De l'extérieur, le bâtiment de l'entreprise "Résonance urbanisme et paysage", basé à Ecouflant dans le Maine-et-Loire, semble tout à fait conventionnel. Sauf que l'ossature en bois de ses 400 m2 de bureaux cache en réalité un assemblage de panneaux en carton. Cette agence d'urbanisme en a tout de suite vu les avantages et les vertus, tant sur le plan phonique que thermique. « Les consommations sont très faibles. On a passé notre bâtiment à la caméra thermique et on a constaté qu’il n’y avait quasiment pas de perte, aucun pont thermique, ce qui n’étais pas le cas de certains de nos bâtiments voisins », assure Philippe Douillard, cogérant de la société. Bâti il y a cinq ans, la construction respecte les coûts de l'immobilier professionnel, environ 1200 euro/m2. Dans ce bâtiment zéro béton, le carton est partout, sur les murs, les sols et même la toiture, protégée de l'eau par une membrane isolante. « Avec le carton alvéolaire, c’est comme si vous aviez du multi-vitrage dans votre mur », explique Alain Marboeuf, président de BAT'IPAC, une entreprise basée près de Nantes qui a développé le concept. Cr&ea cute;ée il y a une dizaine d'années, l'entreprise a déjà réalisé une centaine de constructions. Elle se fournit en matériaux auprès du groupe DS Smith, spécialisé dans le papier et l'emballage. « Le carton est à 100 % à base de fibres recyclées et il est à 100 % recyclable, compostable et même biodégradable », explique Armand Chaigne, Directeur marketing DS Smith. « En moyenne, une fibre de papier se recycle neuf fois avec la même qualité. Elle peut se recycler 24 fois avec une petite dégradation de qualité ». La société BAT'IPAC a d'ores et déjà déposé un brevet dans une vingtaine de pays européens. « Le produit peut maintenant se déployer à grande échelle sur le marché de la construction, que ce soit dans le logement, le tertiaire ou les bâtiments techniques », confirme Alain Marboeuf, &laqu o; il s'adapte aussi au marché colossal de l’isolation thermique par l’extérieur et de la rénovation des bâtiments ». Une nouvelle réglementation, RE2020, impose désormais au secteur de la construction de réduire l'impact environnemental des matériaux utilisés. Le carton apparaît donc comme une alternative d'autant plus solide. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash FIPL | | | |
| Une équipe américaine de l'Université du Delaware travaille depuis 15 ans à l'amélioration des piles à combustible à membrane échangeuse d'hydroxyde (HEM), une solution économique et respectueuse de l'environnement. Mais il y a un problème : les piles à combustible HEM sont extrêmement sensibles au CO2 dans l'air. Essentiellement, le dioxyde de carbone rend difficile la « respiration » d'une pile à combustible HEM, ce qui réduit ses performances et son efficacité jusqu'à 20 %. Il y a quelques années, des chercheurs ont réalisé que cet inconvénient pouvait en fait être une solution. Une solution pour éliminer le dioxyde de carbone. « Lorsque nous avons mieux étudié le mécanisme, nous avons réalisé que les piles à combustible étaient capables de capturer et d'éliminer presque chaque morceau de dioxyde de carbone qui y pénétrait », précise Brian Setzler, co-auteur de l'article, qui ajoute, « Notre approche permet d'éliminer 99 % du dioxyde de carbone de l'air en un seul passage avec la bonne configuration ». En résumé, les scientifiques ont pu intégrer la source d'énergie de la technologie électrochimique dans la membrane de séparation. Il a fallu "court-circuiter" l'appareil en interne. Et en utilisant cette membrane interne électriquement court-circuitée, ils ont pu éliminer les composants volumineux, tels que les plaques bipolaires, les collecteurs de courant ou tout fil électrique que l'on trouve généralement dans une pile à combustible. Les résultats de l'équipe de recherche ont montré qu'une cellule électrochimique de 5 cm sur 5 cm (2 pouces sur 2 pouces) pouvait éliminer en continu environ 99 % du dioxyde de carbone présent dans l'air à un débit d'environ deux litres par minute. Un premier prototype de dispositif en spirale de la taille d'une canette de 33 cl (12 oz) est capable de filtrer 10 litres d'air par minute et pour éliminer 98 % du dioxyde de carbone, ont déclaré les chercheurs. L'invention est actuellement testée à petite échelle en laboratoire, selon Setzler, et sera mise à l'échelle pour une application automobile. A terme, l'idée est de mettre sur le marché un appareil de très petite taille qui pourrait être utilisé pour éliminer le CO2, dans de nombreux espaces clos, bus, bateaux, avions, bâtiments. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Nature | | ^ Haut | |
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| Santé, Médecine et Sciences du Vivant | |
| | | On sait que le simple fait de restreindre l’apport calorique sur une période de huit heures suivie de 16 heures sans rien manger (jeûne intermittent) est associé à un impact bénéfique sur les taux sanguins de glucose et d’insuline ainsi qu’à une diminution de l’inflammation. Ces effets positifs sur le métabolisme sont encore plus prononcés pour des jeûnes occasionnels plus longs (2-3 jours), ceux-ci étant aussi associés à une régénération du système immunitaire ainsi qu’à une protection contre les effets toxiques de la chimiothérapie chez les patients atteints d’un cancer. Le jeûne n’est donc pas une méthode de détoxification, mais plutôt un «redémarrage» du métabolisme qui lui permet d’améliorer sa performance et de mieux résister aux agressions. Malgré ces effets positifs, il est difficile d’envisager le jeûne occasionnel comme une approche réaliste pour améliorer la santé de la population. Pour la majorité des gens, il est psychologiquement très difficile, voire impossible, de se priver complètement de nourriture pendant 2-3 jours. Sans compter que l’élimination pure et simple de tout apport calorique peut entraîner des complications graves chez certaines personnes, en particulier chez les sujets âgés et frêles. C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs américains (University of South California) a eu l’idée d’élaborer un régime alimentaire (FMD, pour Fasting Mimicking Diet) qui reproduit les effets positifs du jeûne sur le corps, sans toutefois nécessiter l’abandon total de nourriture. Essentiellement basé sur des aliments d’origine végétale, ce régime permet de couper l’apport calorique d’environ la moitié (800-1000 kcal par jour), tout en apportant des quantités adéquates de nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras). Les résultats obtenus à la suite de l’administration de ce régime sont tout à fait spectaculaires : par exemple, des souris adultes soumises deux fois par mois à des cycles de quatre jours de ce régime hypocalorique voient leur san té grandement améliorée, avec une diminution du gras abdominal, une réduction de l’incidence de cancer, une meilleure densité osseuse et une espérance de vie augmentée. Chez les souris âgées, ce régime entraîne aussi une augmentation de la synthèse de nouveaux neurones au niveau de l’hippocampe, une amélioration significative de leurs performances cognitives. Les résultats d’une étude pilote réalisée auprès de volontaires suggèrent que ces bénéfices sont également observés chez l’humain. Les participants (âgés en moyenne de 40 ans) ont été soumis au régime alimentaire mimant le jeûne cinq jours par mois pendant une période de trois mois, après quoi des marqueurs de leur état général de santé ont été mesurés et comparés à ceux d’un autre groupe qui n’avait pas été soumis à cette restriction calorique. L’étude montre clairement que le simple fait de limiter l’apport calorique quelques jours chaque mois est suffisant pour entraîner une diminution importante de la glycémie, de l’inflammation ainsi que de certains facteurs de croissance impliqués dans la progression tumorale (IGF-1). Puisque cette restriction calorique a été très bien tolérée par les participants (seulement 5 % d’abandon), de futurs essais cliniques devraient permettre d’étudier plus en détail ses impacts sur la santé et de confirmer son potentiel de prévention des maladies chroniques et sur l’espérance de vie. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash USC | | | |
| Un tiers des patients épileptiques ne répondent pas aux médicaments, et cela est également vrai pour les enfants. De nombreuses équipes travaillent sur des alternatives thérapeutiques aux médicaments antiépileptiques standards. Parmi ces alternatives, la thérapie par neurostimulation commence à être documentée comme efficace. Cependant, de nombreux adultes restent réticents et le traitement lui-même, sans doute en raison de sa relative nouveauté, n’est pas sans défis techniques et cliniques. Cette étude de neuroscientifiques de l’Université Rutgers (New Jersey) suggère, dans la revue Neurosurgery, que la thérapie pourrait aussi réduire les crises chez les enfants atteints d’épilepsie réfractaire aux traitements standards. Il existe plusieurs techniques de neuromodulation approuvées par la Food and Drug Administration (FDA) dans le traitement de l’épilepsie, la stimulation du nerf vagal (SNV) et la neurostimulation réactive (NSR). Ces 2 formes de neurostimulation utilisent des stimulateurs implantables qui transmettent des impulsions électriques au cerveau ou au nerf vague (situé dans le cou). Utiliser ces thérapies de neuromodulation en pratique clinique constitue déjà un petit défi car il s’agit de bien sélectionner les patients candidats, de former les neurochirurgiens à la technique, en particulier pour implanter le dispositif en toute sécurité et prévoir la programmation ou le dépannage du dispositif… De plus, les dispositifs de neuromodulation doivent être ajustés plusieurs fois après l'implantation, un processus appelé titrage, afin de dé terminer la stimulation la plus efficace pour chaque patient. Ces défis déjà importants dans le traitement de patients adultes, sont d’autant plus critiques lorsqu’il s’agit d’enfants dont le cerveau est toujours en développement. Ces neuroscientifiques parviennent ici, par neurostimulation réactive, à réduire les crises chez des enfants âgés de 3 ans. Ils concluent à une nouvelle option thérapeutique prometteuse de l’épilepsie pharmaco-résistante chez l’Enfant. C’est probablement la première étude à évaluer la neurostimulation réactive (NSR) chez le petit enfant. La thérapie est pratiquée à l’aide d’un appareil similaire à un stimulateur cardiaque qui délivre une stimulation directement au cerveau lorsque cela est nécessaire, pour prévenir les crises. Des micro-implants dans le cerveau surveillent les ondes cérébrales, détectent l’arrivée des crises et notamment l'activité électrique inhabituelle pouvant les déclencher et délivrent, le cas échéant, de petites impulsions de stimulation pour aider les ondes cérébrales à revenir à la normale. Cette thérapie est de plus en plus utilisée dans les centres pédiatriques pour contrôler les crises d’épilepsie, mais les chercheurs de la Rutgers ont essayé de savoir à partir de quel âge la NRS pouvait être appliquée aux enfants, sachant que cette technique implique le retrait d'une partie du crâne pour implanter le dispositif, et qu'il faut prendre en compte le développement variable du crâne chez les jeunes patients. Les enfants connaissent une croissance rapide du crâne au cours des 2 premières années de vie et atteignent environ 90 % du volume du crâne adulte vers l'âge de 8 ans. Cette étude a testé la NRS chez 2 patients de moins de 7 ans dont un enfant de 3 ans, sans doute le plus jeune patient documenté ayant subi une NRS. L’étude a été menée auprès de 35 enfants et jeunes adultes au total, âgés de 3 à 25 ans, atteints d'épilepsie résistante aux médicaments qui, tous, ont été traités par NRS. Les chercheurs constatent que 84 % des jeunes participants bénéficient alors d’une réduction significative des crises invalidantes, 18 % ont même connu une réduction de plus de 90 % des crises. S’il reste encore de grands obstacles à lever, chez les patients et leurs familles, mais aussi sur les plans technique, médical et clinique, ces résultats suggèrent un réel intérêt de neurostimulation réactive pour traiter l'épilepsie pharmacorésistante chez des patients pédiatriques soigneusement sélectionnés. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Neurosurgery | | | |
| La dépression est un véritable défi de santé publique : elle concerne en effet plus de 300 millions de personnes dans le monde selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et un tiers des patients ne répondent pas ou mal aux traitements qui leur sont proposés. En outre, dans la majorité des cas, il faut au moins un mois pour que le traitement commence à produire des effets sur l’humeur et sur l’anxiété. C'est pourquoi il est important de parvenir à identifier des approches personnalisées pour chaque patient et de pouvoir vérifier l’efficacité des traitements médicamenteux qu’ils reçoivent. Des chercheurs de l’Université de l’Illinois ont identifié dans les plaquettes sanguines un biomarqueur permettant de suivre l’étendue de la dépression. Cette découverte s’appuie sur des études antérieures qui ont montré, chez l'humain et dans des modèles animaux, que la dépression est liée à une diminution de l'adénylyl cyclase - une petite molécule à l'intérieur de la cellule qui est fabriquée en réponse à des neurotransmetteurs tels que la sérotonine et l'épinéphrine. « Lorsque vous êtes déprimé, l'adénylyl cyclase est faible. La raison pour laquelle l'adénylyl cyclase est atténuée est que la protéine intermédiaire qui permet au neurotransmetteur de fabriquer l'adénylyl cyclase, Gs alpha, est coincée dans une matrice riche en cholestérol de la membrane - un radeau lipidique - où ils ne fonctionnent pas très bien », explique Mark Rasenick, qui a dirigé l’étude. Avec son équipe, il a mis au point un test sanguin identifiant le biomarqueur cellulaire de la translocation de la Gs alpha des radeaux lipidiques Rasenick. Ce test permet non seulement d’identifier la présence d’une dépression, mais aussi la réponse thérapeutique adéquate. A terme, ces scientifiques pensent pouvoir utiliser ce test sanguin pour déterminer si les thérapies antidépressives sont efficaces et ce, dès une semaine après le début du traitement. En effet, de précédentes études ont montré que lorsque les patients présentaient une amélioration de leurs symptômes de dépression, la protéine Gs alpha était sortie du radeau lipidique. En revanche, chez les patients qui prenaient des antidépresseurs mais dont les symptômes ne s'amélioraient pas, la protéine Gs alpha restait coincée dans ce radeau, ce qui confirme que la prise d'antidépresseurs ne suffit pas, chez beaucoup de patients, à améliorer les symptômes. Un test sanguin pourrait donc permettre de savoir si Gs alpha est sortie ou non du radeau lipidique après une semaine. « Comme les plaquettes se renouvellent en une semaine, vous verriez un changement chez les personnes qui vont s'améliorer. Vous seriez en mesure de voir le biomarqueur qui devrait présager de la réussite du traitement », espère le Professeur Rasenick. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Nature | | | |
| Une version génétiquement modifiée du virus qui cause l'herpès oral et génital pourrait aider les médecins à combattre un cancer souvent impossible à guérir, ont constaté des chercheurs américains. L'étude menée par des scientifiques de l'Université de l'Alabama à Birmingham et de l'hôpital pédiatrique Nationwide montre que la version modifiée du virus herpes simplex, la G207, semble stimuler la réponse immunitaire face au glioblastome, un cancer du système nerveux central. « Les chercheurs ont vu qu'effectivement, le traitement avec le virus de ces patients-là avait vraiment induit une réponse immunitaire très importante contre le cancer », a résumé Marie-Claude Bourgeois-Daigneault, qui est professeure à l'Université de Montréal et membre de l'Institut du cancer de Montréal. La survie moyenne d'un patient qui reçoit un diagnostic de glioblastome est de 12 à 15 mois à partir du moment du diagnostic. Les traitements actuels en chirurgie, en chimiothérapie et en radiothérapie, n'offrent qu'un mince espoir. Des études antérieures ont aussi démontré que le glioblastome semble en mesure d'échapper à la détection du système immunitaire, ce qui empêche le système de défense de l'organisme d'aller attaquer et détruire la tumeur, d'où l'intérêt à découvrir une stratégie qui permettrait de réactiver la réponse immunitaire face à la maladie. « C'est définitivement un des cancers pour lesquels on a vraiment besoin de nouveaux traitements », a dit Mme Bourgeois-Daigneault. « Avec les résultats qu'ils ont eus, je dirais que c'est une très bonne nouvelle ». La nouvelle étude américaine ne comptait que six participants, mais le sujet qui a survécu le plus longtemps après avoir reçu le virus G207 est aussi celui chez qui les chercheurs ont mesuré la plus forte expression de gènes associés aux cellules T, les "cellules tueuses" du système immunitaire. Le G207 a également réduit le nombre de cellules T inefficaces qui tolèrent la tumeur qu'elles seraient censées détruire et stimulé l'activité de plusieurs autres cellules immunitaires, comme les macrophages. Les virus oncolytiques sont modifiés génétiquement pour aller se répliquer à l'intérieur des cellules cancéreuses, ce qui attire l'attention du système immunitaire et augmente sa réaction antitumorale. Un autre virus de la famille herpès, et qui est très similaire à celui utilisé par les chercheurs américains, est déjà autorisé pour le traitement du mélanome aux États-Unis et dans certains pays européens. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Le Devoir | | | |
| La bactérie Acinetobacter baumannii est responsable d’infections opportunistes (infections causées par des germes habituellement peu pathogènes mais qui provoquent des infections chez les personnes ayant un système immunitaire déficient) et parfois nosocomiales (acquises à l’hôpital). Les infections à A. baumannii ne sont pas très fréquentes mais très difficilement traitables. On observe même des cas de résistance aux antibiotiques de dernier recours, à large spectre, appelés carbapénèmes. La résistance à plusieurs antibiotiques (multirésistance), lorsqu’elle concerne les carbapénèmes, a conduit l’OMS à classer les souches d’A. baumannii comme des souches prioritaires à étudier pour la recherche de nouveaux antibiotiques. Depuis une décennie, plusieurs analyses de génomes (ADN) de souches multirésistantes d’A. baumannii indiquaient que les gènes de résistance, parfois nombreux, pouvaient être acquis à partir d’autres bactéries de la même espèce voire d’espèces différentes. Le phénomène biologique à l’origine de ces événements de transfert de gènes restait à déterminer. L’étude co-portée par Maria-Halima Laaberki, maître de conférences à VetAgro Sup, et Xavier Charpentier, directeur de recherche à l’Inserm, chef d'équipe au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon (CIRI, CNRS/École normale supérieure de Lyon/INSERM/Université Claude Bernard Lyon 1), révèle les conditions dans lesquelles ces événements de transfert se produisent. En effet, ils démontrent qu’une bactérie sensible à un antibiotique est capable en moins de 4 heures d'acquérir les résistances d'une bactérie voisine, dont la résistance aux carbapénèmes. Ce transfert actif, appelé transformation naturelle (découvert en 1928 par Frederick Griffith chez le pneumocoque et, depuis, chez de nombreuses bactéries), se produit chez la bactérie réceptrice, qui est capable de capter et d'incorporer dans son génome l'ADN des bactéries voisines. Les unités de recherche impliquées sont le Centre international de recherche en infectiologie (CIRI, CNRS/École normale supérieure de Lyon/INSERM/Université Claude Bernard Lyon 1), le Laboratoire de biométrie et biologie évolutive (LBBE, CNRS/VetAgro Sup/ Université Claude Bernard Lyon 1) et Chrono-environnement (CE, CNRS/Université Franche-Comté). Ce transfert est extrêmement efficace et obtenu à partir d'infimes quantités d'ADN naturellement libérées par les bactéries résistantes voisines. Pour obtenir ces résultats, l’équipe de recherche a mis en œuvre des techniques de génétique bactérienne conventionnelles et basées sur le séquençage de génomes. Cette dernière approche, utilisée ici comme une méthode de cartographie des événements de transfert, a permis de révéler que cette bactérie est capable d’acquérir plus de 80 gènes lors d’un seul événement de transfert. En quelques heures, A. baumannii peut ainsi modifier plus de 3 % de son génome, lui conférant la capacité de résister à de nombreuses classes d’antibiotiques. Ces résultats permettent de mieux comprendre comment ce pathogène accumule la résistance aux antibiotiques. En lien direct avec les problématiques de santé publique, l’équipe poursuit actuellement ses recherches et travaille à déterminer dans quel milieu cette résistance est acquise et comment anticiper l’apparition de nouvelles résistances. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash CNRS | | | |
| La pandémie nous aura permis de nous familiariser avec des techniques utilisées pour identifier la présence de virus comme la PCR et les tests immunochimiques. Si ces approches s’avèrent précises et fiables jusqu’à un certain degré, elles s’accompagnent toutefois de certains défauts. La PCR, par exemple, implique le transport d'échantillons vers un laboratoire clinique où les tests sont effectués, ce qui mène parfois à des défis logistiques, mais surtout à un délai d’obtention du résultat. Comme pour les tests immunologiques, cette technique requiert aussi l’utilisation de réactifs et de matériel qui en bout de course ont un impact environnemental indéniable. Frédéric Leblond, professeur titulaire au Département de génie physique de Polytechnique Montréal, présente une alternative basée sur la spectroscopie Raman et l’apprentissage automatisé, une forme d’intelligence artificielle (IA). L’approche permet de déterminer si une personne est infectée ou non par le virus qui cause la COVID-19 grâce à une simple gouttelette de salive déposée sur une lamelle. L'équipe de recherche du Professeur Leblond a d’abord analysé 37 échantillons de salive provenant de patients atteints de la COVID-19 en plus de 513 autres prélevés chez des patients sains afin d’entraîner un outil d’apprentissage automatisé à discriminer les échantillons provenant d’individus infectés ou sains. Dans chaque cas, une simple gouttelette de salive séchée sur une lamelle a servi à l’entraînement. Placé sous la lentille d’un microscope, l’échantillon a été analysé par spectroscopie Raman, conduisant à la création d’une série de "spectres de diffusion Raman". Ces sortes d’images ne renseignent aucunement l’œil d’un humain, mais cachent une signature de la COVID-19 reconnue par l’outil d’IA. « Le COVID-19 provoque certains changements métaboliques qui se reflètent dans la composition de la salive », explique le Professeur Leblond. « On ne sait pas encore exactement ce que l’outil perçoit au niveau biomoléculaire, mais on sait qu’il est en mesure d’identifier correctement les patients infectés des non infectés ». Pour le prouver, l’équipe a présenté des échantillons inconnus à son outil après l’avoir entraîné. Celui-ci a identifié les cas positifs avec un taux de succès allant de 79 et 84 % tout en reconnaissant les échantillons négatifs comme étant négatifs à un taux de 64 et 75 %, selon que l’échantillon provenait d’un homme ou d’une femme. Le groupe a testé différentes voies pour améliorer la qualité des échantillons qui servent à l’entraînement de son algorithme, l’amenant même à travailler avec des échantillons de salive toujours liquide afin de réduire à environ une minute le temps requis pour obtenir un résultat d’analyse. Le groupe prévoit aussi dévoiler en juin de nouveaux résultats à l’occasion d’un congrès tenu à Dublin, en Irlande. Selon le Professeur Leblond, son outil discrimine maintenant les cas positifs à plus de 95 % et identifie les cas négatifs comme étant de vrais négatifs avec 80 % de succès, ce qui rapproche l’outil d’une utilisation bien réelle. À terme, celui-ci pourrait être contenu dans une boîte de la taille d’un four microonde et être déployé sur le terrain, afin de déterminer, en quelques minutes, si un individu est infecté ou non. Le Professeur Leblond a largement contribué à faire en sorte que la spectroscopie Raman s’établisse dans le domaine médical comme outil pour différencier les tissus cancéreux des tissus sains lors de chirurgies. Avec cet article, l’équipe du Professeur Leblond démontre pour la première fois que cette approche pourrait aussi faire sa niche dans les laboratoires d’analyse médicale afin de reconnaître la signature de différentes pathologies dans des fluides comme la salive, le sang ou l’urine, par exemple. « Ce qu’on a ici, c’est une preuve de concept qui nous ouvre tout un nouveau champ d’applications », souligne le Professeur Leblond. « On peut maintenant envisager de détecter dans le sang des pathologies comme la maladie de Lyme ou même les répercussions d’une commotion cérébrale, par e xemple ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Polytechnique Montréal | | | |
| Des chercheurs de l'Université Cornell (New-York) ont montré que la choline (une amine apparentée à la vitamine B qui régule le cholestérol et participe au bon fonctionnement du système nerveux) possède un impact sur l'attention des enfants. Dans cette étude, à l’âge de 7 ans, les enfants de mères ayant consommé "une double dose" de choline pendant leur grossesse, font mieux lors d’une tâche test difficile nécessitant une attention soutenue. L’étude ayant comparé certaines fonctions cognitives chez ces enfants vs des enfants dont les mères avaient consommé la quantité recommandée de choline, suggère que l'apport de choline recommandé aux femmes enceintes ne répond pas totalement aux besoins du cerveau fœtal. Le Docteur Barbara Strupp, professeur des sciences de la nutrition et de psychologie à Cornell, co-auteur principal de l'étude, insiste : « nos résultats suggèrent des avantages à l'échelle de la population de l'ajout de choline à un régime vitaminique prénatal général ». La choline, un nutriment présent en forte concentration dans les jaunes d'œufs, la viande rouge maigre, le poisson, la volaille, les légumineuses, les noix et les légumes crucifères, est absente de la plupart des vitamines prénatales, et plus de 90 % des femmes enceintes en consomment moins que la quantité recommandée. Plusieurs décennies de recherche chez l’animal ont montré que l'ajout de choline au régime maternel apporte des avantages cognitifs à long terme pour la progéniture. Enfin, de nombreuses études ont montré les bénéfices de la choline contre la maladie d’Alzheimer et les démences. En plus d'améliorer l'attention et la mémoire « des enfants » tout au long de la vie, la supplémentation maternelle en choline -chez l’animal- s'est avérée neuroprotectrice, en particulier contr e le stress prénatal, l'exposition fœtale à l'alcool, l'autisme, l'épilepsie, le syndrome de Down et la maladie d'Alzheimer. Dans cette étude chez l’Homme, toutes les femmes ont consommé un régime comportant une quantité bien précise de choline tout au long du 3è trimestre de la grossesse. La moitié des participantes ont consommé 480 mg de choline par jour, "apport standard" légèrement au-delà de l’apport recommandé de 450 mg/jour ; l'autre moitié a consommé un apport de 930 mg de choline par jour, "apport double" du niveau recommandé. Les enfants des femmes du groupe "apport standard" présentent une baisse de précision au cours d’une tâche d'attention soutenue, les enfants du groupe "apport double" maintiennent un niveau élevé de précision tout au long de la tâche. Cette étude vient confirmer les conclusions d’une précédente étude de la même équipe, qui montrait que la supplémentati on maternelle en choline améliore la vitesse de traitement de l'information tout au long de la première année de vie chez les enfants. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Faseb | | | |
| La jonction entre le derme (la couche profonde de la peau) et l'épiderme (la couche superficielle), assure la solidité mécanique de la peau et permet la transmission de signaux biologiques et de molécules. Ces fonctions essentielles peuvent être altérées par une blessure cutanée, ou en raison du vieillissement de la peau. Pour lutter contre cette dégradation, Patricia Rousselle, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de biologie tissulaire et d’ingénierie thérapeutique, a développé une solution qui favorise la régénération cellulaire en renforçant l'adhérence entre le derme et l'épiderme. Spécialiste de la jonction dermo-épidermique, et plus particulièrement des laminines – des protéines qui jouent un rôle clé dans la cohésion entre le derme et l'épiderme, Patricia Rousselle a identifié le court fragment d’une laminine spécifique qui induit l'adhérence entre les deux couches. « En synthétisant ce fragment nous avons obtenu une petite molécule qui peut traverser l’épiderme et atteindre ainsi sa cible, la jonction dermo-épidermique, par simple application sur la peau », indique Patricia Rousselle. Ce peptide biomimétique pouvait ainsi donner naissance à des traitements dermatologiques activant la régénération tissulaire. C'est dans ce but que la chercheuse a été contactée par la société Les laboratoires d'Anjou, qui commercialise ses produits dermo-cosmétiques sous la marque Cébélia. La signature d'un contrat de collaboration a permis de poursuivre le développement. « En travaillant avec des médecins, nous avons pu réaliser des tests cliniques qui démontraient l'accélération de la cicatrisation par la nouvelle molécule biomimétique », explique Carole Foussé, présidente des Laboratoires d'Anjou. Ces travaux ont débouché sur un brevet commun et sur la mise au point du Baume L.C.E., utilisé aujourd'hui en chirurgie esthétique pour faciliter les cicatrisations. Par ailleurs, des tests ex-vivo sur des biopsies ont démontré l'intérêt de la molécule pour le contrôle du vieillissement de la peau. Une gamme de produits cosmétiques basée sur le même peptide a également été commercialisée par l'entreprise. Fort de ces succès, le laboratoire et l'entreprise ont poursuivi leur collaboration. En combinant des approches biologiques et bioinformatiques, plusieurs nouvelles molécules ont été synthétisées, afin d'augmenter l'activité et la stabilité du peptide biomimétique initial. De nouveaux produits innovants sont envisagés, axés sur la cicatrisation et les traitements anti-âge. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash CNRS | | | |
| Une étude conduite à l'Université de Californie à San Diego (États-Unis) s'est appuyée sur une base de données sur les jumeaux : 51.872 individus ont été passés au crible pour identifier ceux souffrant de migraine. Premier enseignement : l'environnement prénatal semble augmenter le risque d'être migraineux. Autre enseignement, des facteurs génétiques, qu'il reste à déterminer, pourraient expliquer les différences entre hommes et femmes. En effet, si la migraine touche environ 15 % de la population, elle affecte sept fois plus les femmes. Une donnée qui se retrouve dans les travaux des chercheurs : les filles ayant un jumeau ont un risque de migraine plus élevé que si elles ont une jumelle. Ce qui suggère, selon les chercheurs, que des facteurs prénataux - comme les niveaux d'hormones in utero - pourraient co ntribuer au risque de développer le syndrome. La seconde avancée a été réalisée par une équipe internationale qui s'est focalisée sur le rôle des cellules de Schwann. Ces cellules entourent les axones des neurones pour les isoler et les protéger. Elles forment la gaine de myéline dans le système nerveux périphérique ; dans le cerveau, ce sont les oligodendrocytes qui assurent cette fonction. Les cellules de Schwann possèdent à leur surface un récepteur appelé CLR/RAMP1. Or, ce dernier est activé par une petite protéine, CGRP, connue pour être un médiateur de la douleur. Ces scientifiques ont réussi à montrer chez la souris que c'était bien les cellules de Schwann qui déclenchaient la douleur plutôt que les neurones. « Alors que le rôle de la protéine CGRP dans la douleur migraineuse est bien connu, notre étude est la première à relier directement les cellules de Schwann au mal de tête. Cela offre de nouvelles approches potentielles pour le traitement de la migraine, grâce à une meilleure compréhension de la façon dont la douleur est signalée », explique Nigel Bunnett, directeur de l’étude. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash FIS NYU | | | |
| Une équipe de chercheurs du Laboratoire européen de biologie moléculaire d’Heidelberg (Allemagne) et du Centre national espagnol de recherche sur le cancer de Madrid (Espagne) a découvert un moyen simple et efficace de dépister précocement le redoutable cancer du pancréas. Les chercheurs ont étudié la piste du dépistage de la maladie via le microbiome et la salive. Ils ont analysé 100 échantillons de salive et 212 échantillons de selles et de tissu pancréatique de 57 adultes espagnols touchés par un adénocarcinome canalaire pancréatique (qui représente 90 % des cancers du pancréas diagnostiqués). Ces patients venaient d’être diagnostiqués et n'avaient jamais reçu de traitement. Si les analyses salivaires n'ont pas été concluantes, l’analyse des selles a permis d’identifier un profil microbien qui pourrait permettre de prédire si les patients présentent un risque élevé d'adénocarcinome canalaire pancréatique, mais aussi de diagnostiquer précocement la maladie : « Ce profil microbien a identifié de manière cohérente les patients atteints de la maladie, quelle que soit sa progression, ce qui suggère que les signatures caractéristiques du microbiome émergent tôt et que le microbiome des selles pourrait détecter la maladie à un stade précoce », estiment les chercheurs. Et de conclure : « Pris ensemble, nos résultats indiquent qu'un dépistage non invasif, robuste et spécifique basé sur le microbiote fécal pour la détection précoce de la PDAC (progression de l'adénocarcinome canalaire pancréatique) est faisable ». Un brevet pour développer un kit de diagnostic du cancer du pancréas à partir d’échantillons de selles a été déposé par le laboratoire. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Gut | | | |
| C'est une nouvelle avancée majeure en cancérologie : des scientifiques de l'Université Catholique de Louvain (UCLouvain), en Belgique, sont parvenus à prévenir, dans des conditions très proches de la pratique clinique, la récidive et la dissémination de métastases d’un cancer du sein humain, chez la souris, et ce, grâce à un nouveau médicament (la molécule MitoQ). La suite ? MitoQ a déjà été testée chez l’humain lors d’une 1ère phase clinique et sa toxicité s’avère faible. Elle devra prochainement être testée en essais cliniques de phases 2 et 3. Même s’ils sont détectés précocement, certains cancers sont plus agressifs et plus mortels que d’autres. C’est le cas, par exemple, du cancer du sein triple négatif qui représente 10 à 15 % de tous les cancers du sein. En Belgique, 1000 patientes par an sont affectées par ce cancer, tandis qu’au niveau mondial, on compte 225.000 patientes impactées. Environ la moitié des patientes développeront des récidives locales et des métastases, peu importe le traitement. A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement spécifique capable d’empêcher ces deux événements. Dans le cas d’un cancer du sein triple négatif généralisé, seule une patiente sur 10 a une chance de guérir. En 2014, Pierre Sonveaux était parvenu à faire la démonstration de principe qu’il était possible de prévenir l’apparition de métastases tumorales de mélanome chez la souris. Cependant, les molécules expérimentales utilisées à l’époque étaient loin d’être des médicaments. Depuis, le chercheur UCLouvain et son équipe, dont la post-doctorante Tania Capeloa, ont poursuivi leurs travaux, notamment grâce à un mécénat obtenu par la Fondation de l’UCLouvain. Aujourd’hui, ils sont parvenus à identifier qu’un médicament développé pour d’autres maladies que le cancer, le MitoQ, permet d’éviter, dans 80 % des cas, l’apparition de métastases et d’éviter, dans 75 % des cas, la rechute locale du cancer du sein humain chez la souris. A l’inverse, la plupart des souris non-traitées ont vu leur cancer récidiver et se généraliser. Pour ce faire, les chercheurs ont traité des souris porteuses de cancer du sein humain. Ils les ont traitées comme on traite les patientes à l’hôpital, c’est-à-dire en combinant une intervention chirurgicale à un cocktail de chimiothérapies classiques savamment dosées. Cependant, les chercheurs de l’UCLouvain ont ajouté à ce traitement classique cette nouvelle molécule, le MitoQ. Ils ont non seulement démontré que l’administration de MitoQ est compatible avec les chimiothérapies classiques, mais aussi que ce traitement innovant empêche simultanément les rechutes et les métastases des cancers du sein chez la souris. « Parvenir à bloquer les métastases, on s’y attendait », s’enthousiasme Pierre Sonveaux. « Par contre, éviter la récidive du cancer, c’était totalement inattendu. Quand on obtient ce genre de résultat, ça nous motive énormément pour la suite ». Bref, un pas de géant lorsque l’on sait que les trois causes principales de la mortalité des cancers sont les récidives, la généralisation du cancer provoquée par les métastases et la résistance aux traitements. Et que, à l’heure actuelle, il n’existe pas d’autre molécule connue capable d’agir comme le MitoQ. Comment ça marche ? Les cancers sont composés de deux types de cellules cancéreuses : celles qui prolifèrent et qui sont sensibles aux traitements cliniques, et d’autres, plus pernicieuses, qui sont dormantes et attendent leur heure. Le souci ? Ces dernières, les cellules souches cancéreuses, sont insensibles aux traitements cliniques. Elles sont à l’origine des métastases et, si par malheur, la chirurgie d’un cancer ne les élimine pas toutes, alors elles causent des récidives. Ces rechutes sont actuellement traitées via la chimiothérapie, avec des degrés d’efficacité faibles, à cause de la résistance aux traitements développée par les cellules tumorales. C’est là qu’intervient la découverte majeure des scientifiques UCLouvain : la molécule MitoQ empêche le réveil des cellules souches can céreuses. La suite ? MitoQ a déjà passé avec succès la première phase clinique. Elle a été testée sur des patientes saines et la molécule s’avère peu toxique (nausées, vomissements), et son comportement est connu. La suite ? La découverte des scientifiques de l’UCLouvain ouvre une voie royale pour la phase clinique 2 destinée à démontrer l’efficacité du nouveau traitement chez les patients cancéreux. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash UCL | | ^ Haut | |
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