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| Edito Cancer : avancées fondamentales, progrès thérapeutiques, prévention, la recherche progresse sur tous les fronts…
Cette semaine, je reviens sur un sujet, le cancer, que j'ai souvent traité dans RT Flash, mais qui mérite un nouveau développement, tant les récentes avancées de la recherche sont impressionnantes. Je rappelle tout d’abord une réalité qui va à l’encontre des idées reçues : dans tous les pays développés, la mortalité réelle par cancer (après ajustement des variables démographiques) ne cesse de diminuer depuis une trentaine d’années. Aux Etats-Unis, les dernières données disponibles montrent que le taux de mortalité par cancer a diminué de 32 % entre son pic en 1991 et 2019. Cela correspond à 3,5 millions de décès évités au total, selon le rapport annuel de l'American Cancer Society. La baisse s'est en outre accentuée : elle est passée de 1 % par an dans les années 1990, à environ 2 % entre 2015 et 2019 (Voir ACS Journals). On retrouve également cette baisse nette (en tenant compte de l’augmentation et du vieillissement de notre population) du nombre de décès par cancer en France : les dernières données disponibles montrent en effet que, depuis trente ans, la part des décès liés au cancer est, à population constante, en recul de ‑ 54 % chez l’homme (- 1,8% par an en moyenne) et ‑ 25 % chez la femme (- 0,8 % par an en moyenne), ce qui est considérable et d’autant plus remarquable qu’au cours de la même période, l’incidence globale des cancers (c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas par an) a augmenté de 65 %, chez les hommes, et de 93 % chez les femmes, une hausse qui s’explique essentiellement par l’accroissement et le vieillissement de la population. En novembre dernier, la société française Transgene a communiqué les premiers résultats positifs et encourageants, concernant l'efficacité de son vaccin anti-cancer, dans le cadre d'un essai clinique mené en collaboration avec l'Institut Curie. Pour quatre des six premiers patients traités pour un cancer ORL avec le vaccin individualisé TG4050, ce traitement unique au monde a déclenché une forte réponse immunitaire et le système immunitaire des patients a réagi vis-à-vis d'antigènes qu'il ne reconnaissait pas jusqu'alors ou qui étaient inactifs. « Ce premier résultat est juste épatant », résume le Professeur Jean-Pierre Delord, directeur général de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse-Oncopole. Ce traitement innovant consiste à permettre au système immunitaire de re connaître les néoantigènes -des mutations génétiques disposées à la surface des cellules cancéreuses, propres à chaque patient et à chaque cancer- pour déclencher une riposte qui empêche la récidive du cancer. En seulement trois mois, grâce à un système d'intelligence artificielle qui fait le tri parmi des milliards de données, ces chercheurs ont réussi l’exploit de produire des vaccins entièrement personnalisés, capables de cibler jusqu'à 30 néoantigènes. Ce vaccin vise pour l’instant les cancers qui ont un niveau moyen de mutations, soit plus de la moitié des cancers… Outre-Atlantique, des chercheurs de l’École de médecine Icahn de l’hôpital new-yorkais Mount Sinai (États-Unis) ont élucidé le mécanisme par lequel ces cellules distantes restaient "endormies" ou, au contraire, se réveillaient pour former une nouvelle tumeur. A l’aide d’un nouvel outil qui permet d’observer les cellules en temps réel à l’intérieur d’un être vivant (microscopie biphotonique intravitale), les chercheurs ont mis en évidence chez la souris que les cellules cancéreuses dormantes produisaient du collagène de type 3 -des protéines structurales de la matrice extracellulaire- (Voir Live Science). Avec le temps, ce cocon de collagène finit par se dissoudre, et c’est à ce moment-là que s̵ 7;active la voie de signalisation STAT1 (Signal Transducers and Activators of Transcription) qui réveille les cellules malignes. Ces scientifiques ont montré, chez l’animal, qu’en préservant la quantité de collagène de type 3 entourant ces cellules cancéreuses, il était possible de maintenir ces dernières en sommeil et de diminuer drastiquement les risques de métastases. « Nos recherches montrent qu’il est envisageable d’empêcher le réveil de ces cellules dormantes afin d’empêcher la formation de métastases » souligne Jose Javier Bravo-Cordero, qui a dirigé ce travail. Empêcher la formation de métastases est également l’obsession du directeur scientifique de l'Institut de Recherches Cliniques de Montréal, Jean-François Côté. Son équipe de recherche a découvert qu'on peut complètement empêcher la formation de métastases en bloquant l'action de la protéine AXL, et ce, sans aucune autre forme d'intervention. On comprend mieux l’intérêt de cette découverte quand on sait que les cancers de type HER2+ répondent moins bien que d'autres à l'immunothérapie. Selon Jean-François Côté, « Nous tenons un potentiel traitement à double détente : l'inhibition d'AXL va d’abord bloquer la formation de métastases, puis si on combine ça avec un traitement d'immunothérapie, on augmentera aussi l'efficacité du traitement sur la tumeur primaire ». Toujours sur ce champ de recherche en pleine effervescence, visant à bloquer les métastases, des chercheurs de l'hôpital universitaire de Louvain (UZ Leuven) ont montré qu'en traitant les tumeurs neuro-endocrines de l'intérieur, grâce à un médicament libérant une charge radioactive de lutécium-177, on peut réduire de 80 % les risques de formation de métastases. Ce traitement, qui engendre peu d'effets secondaires, est pour le moment principalement utilisé contre les tumeurs touchant le tube digestif, le pancréas et les poumons (Voir UZ Leuven). Ces recherches ont montré qu’en introduisant le médicament dans la circulation sanguine, il est possible de toucher en une fois toutes les cellules cancéreuses dispersées dans le corps. « Ce traitement réduit jusqu’à 80 % les risques de formation de métastases, ce qui permet de contrôler les cancers de certains patients pendant plusieurs années, ce qui constitue un grand pas en avant », conclut le professeur Deroose. Une autre découverte majeure concerne les liens entre cancer, immunothérapie et microbiote, qui se confirment et se précisent : des chercheurs américains du Center for Cancer Research et l'Université du Texas MD Anderson Cancer Center ont suivi 128 patients atteints de mélanome, et traités par immunothérapie avec des bloqueurs de points de contrôle immunitaires. Ils ont constaté que ceux ayant consommé au moins 20 grammes de fibres alimentaires par jour ont connu un temps de survie sans progression bien plus long, comparé à ceux ayant consommé moins de fibres alimentaires. De manière remarquable, chaque augmentation de 5 grammes de l'apport quotidien en fibres alimentaires correspondait à une diminution de 30 % du risque de progression de la maladie (Voir GEN). Des chercheurs du réputé Sloan Kettering Cancer Center ont réussi, pour leur part, à produire des cellules CAR-T à double effet : elles repèrent la moindre cellule maligne et elles peuvent aussi produire et délivrer in situ des molécules anti-cancéreuses. Ce traitement par cellules CAR-T (Chimeric Antigenic Receptor – T) ne cesse de progresser comme stratégie d’immunothérapie cellulaire qui consiste à prélever des lymphocytes T du patient et à les modifier génétiquement dans le but de reconnaître puis éliminer les cellules cancéreuses. Il s’agit d’une avancée majeure, notamment contre certains lymphomes ou certaines leucémies difficiles à traiter (Voir GEN). p> En Chine, des chercheurs de l’Université du Jiangsu, à Zhenjiang, ont montré qu’il était possible d’utiliser des neutrophiles, un type de globules blancs qui forme la première ligne de défense de l’organisme, pour induire l'apoptose (le suicide) des cellules tumorales en délivrant des protéines cytotoxiques et en activant la voie de signalisation des caspases (Voir Science Advances). En outre, ces recherches ont montré qu’en dopant ces neutrophiles avec des nanoparticules d'oxyde de fer magnétiques, on obtenait un effet thérapeutique encore plus puissant pour détruire les tumeurs. Selon les responsables de l’étude, « Ces recherches ouvrent la voie vers une nouvelle thérapie simple et efficace, consistant à utiliser les neutrophiles c omme vecteurs, pour détruire de manière ciblée les tumeurs ». Toujours en Asie, des chercheurs de l'Université des sciences de Tokyo, au Japon, ont récemment présenté une nouvelle arme contre le cancer, promise à un grand avenir, les Nanobioparticules, ou NBP. Ces nanobioparticules anticancéreuses ont été élaborées à partir de maïs. Le professeur Makiya Nishikawa, qui a dirigé ces recherches, explique : « En contrôlant les propriétés physicochimiques de ces NBP de 80 nm de diamètre (80 milliardièmes de mètres), nous pouvons contrôler leur pharmacocinétique dans le corps ; en plus, nos NBP portent également une minuscule charge négative nette de -17 mV, ce qui les rend efficaces pour délivrer des charges thérapeutiques ». Ces chercheurs ont ensuite constaté que ces NBP étaient absorbés par différents types de cellule s malignes (Voir Nature). Mais surtout, ces scientifiques ont montré, chez l’animal, que leurs NBP bloquaient de manière significative la croissance des cellules cancéreuses du côlon, en libérant dans la tumeur le facteur de nécrose tumorale-α (TNF-α) sécrété par les macrophages et les lymphocytes, deux acteurs essentiels de notre système immunitaire. « En optimisant les propriétés des nanoparticules et en les associant à des médicaments anticancéreux, nous espérons concevoir des médicaments sûrs et efficaces contre de nombreux cancers », souligne le professeur Nishikawa. On sait depuis longtemps que l'acide lactique, ou lactate, est produit en grande quantité par les cellules cancéreuses et que cet acide lactique perturbe notre défense contre les tumeurs. Mais le fonctionnement précis de ce mécanisme restait mal compris. Une étude menée par les Professeur Jo Van Ginderachter (Vrije Universiteit Brussel), Sarah-Maria Fendt (VIB-KU Leuven) et Jan Van den Bossche de l'Université d'Amsterdam, vient de montrer que les macrophages, un type spécifique de cellules immunitaires, utilisent l'acide lactique comme source d'énergie (Voir VUB Press). Ces travaux montrent que les macrophages sont leurrés par la tumeur afin de l'aider à se développer. Selon cette étude, le rôle perturbateur de l’acide lactique pourrait expliquer pourquoi certaines immunothérapies (contre les cancers de la peau et du poumon notamment), fonctionnent très bien chez certains patients, et pas du tout chez d’autres. L’hypothèse de ces chercheurs est que les macrophages se nourrissent de l'acide lactique dans la tumeur, ce qui a pour effet d’affaiblir les "cellules immunitaires tueuses" qui devraient être stimulées par l'immunothérapie. Cette équipe va à présent essayer de supprimer les cellules perturbatrices du système immunitaire (les macrophages) pour améliorer l’efficacité des immunothérapies pour tous les patients. En décembre dernier, des travaux associant l'institut Curie et des chercheurs australiens du Peter MacCallum Cancer Centre de l’Université de Melbourne ont permis de découvrir une nouvelle molécule, l’ironomycine, qui permet d’induire la mort des cellules cancéreuses dans les leucémies myéloïdes aigües grâce à un mécanisme de mort cellulaire inédit, dépendant du fer. Cette molécule provoque en effet une accumulation de fer dans les lysosomes (organite cellulaire située dans le cytoplasme, contenant des enzymes qui dégradent la plupart des macromolécules biologiques), ce qui entraîne une mort cellulaire dans certains cancers résistant aux traitements classiques…. Il y a quelques semaines, une autre avancée majeure contre le cancer a été réalisée par une équipe de recherche française, de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS : CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier). Ces chercheurs, dirigés par Jean-Philippe Girard, ont réussi à montrer, au terme de huit ans de recherches, que les vaisseaux sanguins HEV (High Endothelial Venule), découverts en 2011, constituent la porte d’entrée principale des lymphocytes dans la tumeur. Leur étude, saluée par la communauté scientifique internationale, a été publiée dans la prestigieuse revue Cancer Cell, le plus grand journal au monde de recherche en cancérologie (Voir Inserm). Après avoir identifiée quelle route ces globules blancs « tueurs » empruntaient, ces chercheurs ont voulu comprendre quel était leur rôle dans l’efficacité du traitement par immunothérapie. Ils ont donc mené une étude clinique auprès d’une centaine de patients atteints d’un mélanome et suivis par la professeure Caroline Robert, chef du service de dermatologie au centre de traitement contre le cancer Gustave-Roussy, à Villejuif. Ils ont découvert que la présence d'un grand nombre de vaisseaux HEV dans les tumeurs est associée à une meilleure réponse à l'immunothérapie anti-PD-1 plus anti-CTLA-4. Cette découverte majeure est d’autant plus riche d’espoirs que l’équipe de Jean-Philippe Girard a également mis au point un traitement à base d’anticorps qui permet d’augmenter le nombre de vaisseaux HEV, et de démultiplier ainsi les portes d’entrées pour que les lymphocytes T aillent plus facilement détruire les tumeurs. « Nous avons augmenté de 50 % le nombre de vaisseaux et cela a suffi à augmenter l’efficacité de l’immunothérapie et cela a fait régresser les tumeurs qui normalement ne régressaient pas », indique Jean-Philippe Girard, qui a testé ce traitement sur des cancers du sein et du côlon et précise que cette approche est potentiellement applicable à tous les cancers. En matière de progrès thérapeutiques, il faut aussi évoquer une nouvelle forme d’immunothérapie, dévoilée il y seulement quelques jours par l’excellente équipe américaine du Docteur Shana O. Kelley, pionnière de "biotechnologie translationnelle", à la Northwestern University (Illinois). Il s’agit d’un nouveau traitement "sur mesure", qui utilise une technique dont vous n’avez pas fini d’entendre parler, "le ciblage par affinité microfluidique des cellules infiltrantes" (microfluidic affinity targeting of infiltrating cells ou MATIC). Cette approche permet d’identifier les cellules les plus actives – les lymphocytes infiltrant la tumeur (tumor-infiltrating lymphocytes ou TILs). Elle a déjà donné des résultats remarquables sur des patients atteints de mélanome avancé qui ont pu être trait&eac ute;s et guéris avec leurs propres cellules immunitaires. Ce nouveau type d’immunothérapie permet une réponse à la fois plus étendue, plus puissante et plus longue que toutes les immunothérapies actuelles. Et surtout, selon le Docteur Shana O. Kelley, ce traitement MATIC est à présent suffisamment maîtrisé pour être utilisé rapidement et plus largement au stade clinique. Mais la lutte contre le cancer passe également, on le sait, par une détection précoce de la maladie, qui augmente sensiblement les chances de guérison. Des chercheurs de l’excellent centre de cancérologie MD Anderson de l'Université du Texas, dirigés par Sam Hanash, ont développé un test sanguin incorporant des biomarqueurs identifiés comme prédictifs du risque de cancer du poumon. En analysant plus de 10 000 échantillons biologiques, dont 1 299 prélevés sur 552 personnes ayant développé un cancer du poumon et 8 709 échantillons prélevés sur 2 193 personnes n'ayant pas développé de cancer du poumon, ces scientifiques ont pu montrer que leur test était plus sensible (88,4 % contre 78,5 %) que le meilleur protocole de dépistage actuel (Voir Medical Xpress). « Ce test sanguin permettrait d'identifier les personnes qui pourraient bénéficier d'un dépistage du cancer du poumon mais ne sont pas éligibles aujourd'hui, ce qui pourrait sauver des centaines de milliers de vie dans le monde, sachant que ce cancer est le plus meurtrier, avec 1,8 million de décès par an dans le monde », souligne Sam Hanash. Il est vrai que d’autres travaux montrent que, pour les patients dépistés à un stade précoce, la durée médiane de survie était de 57 mois, soit presque cinq ans, contre seulement sept mois chez les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules diagnostiqués à un stade avancé. En France, le Centre Gustave Roussy de Villejuif vient de présenter sa nouvelle stratégie ambitieuse, visant à proposer à tous les malades, à l'horizon 2030, un traitement "sur mesure", entièrement personnalisé contre chaque cancer. Pour atteindre ce but, les chercheurs et médecins vont généraliser les tests cliniques de dizaine de molécules différentes sur des "organoïdes, c'est à dire des avatars biologiques issus des tumeurs des patients, ce qui va leur permettre de composer, en s'appuyant sur de puissants outils d'IA, pour chaque patient, les multithérapies les plus efficaces, et de faire évoluer ces traitements combinés en temps réel, en tenant compte des réactions du malade et de l'évolution de sa maladie. De manière complémentaire à cette nouvelle stratégie thérapeutique personnalisée, les médicaments anti-cancéreux seront également progressivement fabriqués et combinés sur mesure, de plus en plus par impression 3D, avec des pilules qui associeront de multiples molécules thérapeutiques. On voit donc à quel point l'informatique, la robotique et la puissance de calcul partagée vont devenir absolument essentiels dans la cancérologie de demain, pour aller vers des prises en charge personnalisées et modulables, qui visent à transformer tous les cancers en maladies chroniques contrôlables... Je termine cet état des lieux des avancées contre le cancer en évoquant brièvement le poids considérable, mais encore trop souvent ignoré, de nos modes de vie pour prévenir cette maladie tant redoutée. Une vaste étude épidémiologique a été menée pendant vingt ans sur 642 participants (56 % de femmes) âgés de plus de 65 ans, pour évaluer les bénéfices sur la santé du régime méditerranéen. Ces recherches dirigées par la professeure Cristina Andrés-Lacueva, de l’Université de Barcelone, ont permis d’établir des corrélations entre la présence dans le sang de certaines biomarqueurs alimentaires spécifiques au régime méditerranéen et la réduction de la mortalité toutes causes (Voir Science Daily). L’analyse des données a montré que, plus la présence dans le sang des biomarqueurs alimentaires liés au régime méditerranéen était forte (polyphénols, resvératrol, vitamine D, omega-3), plus les risques de mortalité globale diminuaient… Cette étude confirme donc les effets protecteurs contre le cancer du régime méditerranéen. Je rappelle enfin le rôle-clé de l’activité physique, même modérée, pour prévenir le cancer, et ses récidives. Plusieurs études ont déjà montré que le fait de marcher au moins 30 minutes par jour permettait de réduire de 20 % les risques de différents cancers (sein et côlon notamment). Cette fois, des scientifiques américains et canadiens ont recueilli les données liées à l’activité de 1.535 patients, âgés de plus de 40 ans, qui ont survécu à un cancer entre 2007 et 2014 (Voir JAMA Oncology). L’étude montre de manière saisissante que les survivants du cancer qui ne respectaient pas les recommandations en matière d'activité physique pour les Américains (150 minutes par semaine d'activité physique d'intensité modérée à intense) et qui restaient assis plus de huit heures par jour avaient un risque de décès multiplié par plus de cinq, toutes causes confondues…. En matière de cancer, je sais qu’il faut toujours faire preuve de prudence dans les prévisions et ne pas donner de faux espoirs aux malades et à leur famille. Pourtant, je dois vous dire que toutes ces découvertes et avancées remarquables, intervenues en seulement quelques mois, ont de quoi nous rendre vraiment optimistes pour l’avenir. Nous assistons à une véritable accélération des progrès en matière de cancer et j’ai la conviction, que, si nous savons maintenir, et même encore accroître notre effort de recherche, tant au niveau national qu’européen, avec la mise en place annoncée par Ursula Van der Leyen le 3 février dernier d’une ambitieuse stratégie européenne contre le cancer, dotée de 4 milliards d’euros (Voir Commission Européenne), nous pouvons espérer guérir ou contrôler trois cancers sur quatre en 2030 et proposer une prise en charge thérapeutique efficace pour tous les cancers, à l’horizon 2040. Presque 20 ans après le premier plan cancer, lancé en 2003 par le Président Chirac, et qui a créé une dynamique tout à fait nouvelle dans la mobilisation contre cette maladie, le président Macron a dévoilé, il y a un an, un nouveau plan cancer, pour la période 2021-2025. Ce plan, qui sera doté d’un financement spécifique de 1,74 milliard d’euros (dont la moitié sera consacrée à la recherche scientifique et médicale), se fixe, comme objectif principal, de faire baisser d'un tiers le nombre de décès, qui serait ainsi ramené de 150 000 à 100 000 par an. Cet effort spécifique s’ajoute à la loi de programmation de la recherche (LPR) de décembre 2020, qui prévoit un investissement massif dans la recherche publique, de 25 milliards d’ici 2030. Enfin, notons que le plan "Innovation et santé", présenté en juin 2021 par le Chef de l’Etat, et doté de 7 milliards d’euros, comprend également un important volet "cancer". Souhaitons, comme l’a préconisé récemment le Sénat, que l’ensemble de ces engagements financiers, qui sont nécessaires pour permettre de nouvelles avancées décisives contre le cancer, soient tenus et "sanctuarisés", malgré la situation très difficile de nos finances publiques (récemment confirmée par la Cour des Comptes) et l’effort sans précédent de désendettement que le pays va devoir accomplir, à prés ent que la pandémie mondiale de Covid-19 semble enfin refluer… René TRÉGOUËT Sénateur honoraire Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat e-mail : [email protected] | |
| | Information et Communication | |
| | | Des chercheurs de l'Université de Melbourne, de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud et de l'Institut royal de technologie de Melbourne en Australie, associés à leurs collègues du Helmholtz-Zentrum Dresden-Rossendorf et de l'Institut Leibniz d'ingénierie des surfaces en Allemagne, ont accompli un nouveau pas vers l'ordinateur quantique, en parvenant à intégrer avec précision des atomes uniques, un par un, dans des tranches de silicium. Selon les chercheurs, la technique, qui a été publiée dans un article dans “Advanced Materials", tire parti de la précision du microscope atomique, qui possède un cantilever pointu qui "touche" la surface d'une puce avec une précision de positionnement de seulement un demi-nanomètre, ce qui correspond à peu près à l'espace entre les atomes dans un cristal de silicium. Les chercheurs décrivent comment un minuscule trou a été percé dans le cantilever, de sorte que, lorsqu'il est arrosé d'atomes de phosphore, l'un d'entre eux tombe parfois à travers le trou et s'incruste dans le substrat de silicium. L'un des aspects essentiels est de savoir précisément quand un atome s'enfonce dans le substrat, afin que le cantilever puisse se déplacer vers la position précise suivante sur le réseau. Or, jusqu'à présent, l'implantation d'atomes dans le silicium était un processus aléatoire. En effet, lorsqu'une puce de silicium était arrosée de phosphore, un atome tombait de manière aléatoire, comme des gouttes de pluie sur une fenêtre. Cependant, l'équipe a découvert qu'elle pouvait identifier la précision grâce à un "clic" sonore qui se produit lorsqu'un atome tombe dans le cristal de silicium. « Un atome qui entre en collision avec un morceau de silicium produit un clic très faible, mais nous avons inventé une électronique très sensible utilisée pour détecter le clic : il est très amplifié et donne un signal fort et fiable », explique David Jamieson, professeur à l'Université de Melbourne et auteur principal. « Cela nous permet d'être très confiants dans notre méthode. Nous pouvons dire : oh, il y a eu un déclic. Un atome vient d'arriver. Maintenant, nous pouvons déplacer le cantilever vers le prochain endroit et attendre le prochain atome ». Pour mettre au point cette technique, les chercheurs ont utilisé des équipements comprenant des détecteurs de rayons X sensibles, un microscope à force atomique initialement développé pour la mission spatiale Rosetta, ainsi qu'un modèle informatique de la trajectoire des ions implantés dans le silicium. Andrea Morello, l'un des coauteurs, ajoute qu'en utilisant cette précision et cette nouvelle technique, il serait possible de créer une "puce" de qubit, qui pourrait ensuite être utilisée dans des expériences pour tester les conceptions de dispositifs à grande échelle. « Cela nous permettra de concevoir les opérations de logique quantique entre de grands réseaux d'atomes individuels, en conservant des opérations très précises dans l'ensemble du processeur », dit-il. « Au lieu d'implanter de nombreux atomes & agrave; des endroits aléatoires et de sélectionner ceux qui fonctionnent le mieux, ils seront désormais placés dans un réseau ordonné, semblable aux transistors des puces d'ordinateur à semi-conducteurs classiques ». David Jamieson cite en outre la cryptographie inviolable et la conception informatique de médicaments, comme le développement rapide de vaccins, parmi les dispositifs quantiques à grande échelle qui pourraient être développés à l'aide de ce concept. « Nous pensons qu'en fin de compte, nous pourrions fabriquer des machines à grande échelle basées sur des bits quantiques à un seul atome en utilisant notre méthode et en tirant parti des techniques de fabrication que l'industrie des semi-conducteurs a perfectionnées », explique-t-il. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Advanced Materials | | ^ Haut | |
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| | | Les pérovskites sont des composés hybrides à base d’halogénures métalliques et de constituants organiques. Elles offrent un vaste potentiel dans de multiples applications, par exemple les éclairages à LED, les lasers et les photodétecteurs. Leur contribution majeure réside toutefois dans les cellules photovoltaïques, où elles sont sur le point de conquérir le marché et de concurrencer leurs homologues à base de silicium. L’un des obstacles à la commercialisation des cellules photovoltaïques à pérovskites est la diminution de leur rendement de conversion de puissance et de leur stabilité opérationnelle lorsqu’elles sont déployées à grande échelle, ce qui rend difficile le maintien de performances élevées dans une cellule photovoltaïque. Le problème vient en partie de la couche de transport d’électrons de la cellule. Celle-ci garantit que les électrons produits lorsque la cellule absorbe la lumière seront transférés efficacement vers l’électrode du dispositif. Dans les cellules photovoltaïques à pérovskites, la couche de transport d’électrons est constituée de dioxyde de titane mésoporeux, qui présente une faible mobilité des électrons et est également susceptible de su bir des phénomènes photocatalytiques indésirables sous la lumière ultraviolette. Dans un article récemment publié dans la revue Science, des scientifiques, dirigés par le professeur Michael Grätzel de l’EPFL et le docteur Dong Suk Kim de l’Institut coréen de recherche sur l’énergie, ont trouvé un moyen innovant d’augmenter les performances des cellules photovoltaïques à pérovskites et diminuer leur baisse notoire d’efficacité lors de l’agrandissement de leur taille. L’idée novatrice consiste à remplacer la couche de transport d’électrons par une fine couche de points quantiques. Les points quantiques sont des particules de taille nanométrique qui agissent comme des semi-conducteurs. Ils émettent de la lumière à des longueurs d’onde (couleurs) spécifiques lorsqu’ils sont éclairés. Leurs propriétés optiques uniques font que les points quantiques conviennent parfaitement à une utilisation dans de multiples applications optiques, y compris les dispositifs photovoltaïques. Les scientifiques ont remplacé la couche de transport d’électrons en dioxyde de titane de leurs cellules à pérovskites par une fine couche de points quantiques d’oxyde d’étain (IV) stabilisés par de l’acide polyacrylique. Ils ont constaté que cette couche améliorait la capacité de capture de la lumière des dispositifs et qu’elle supprimait la recombinaison non radiative, un phénomène de perte d’efficacité qui se produit parfois à l’interface entre la couche de transport d’électrons et la couche à pérovskites. En utilisant la couche de points quantiques, les chercheuses et les chercheurs ont découvert que des cellules photovoltaïques à pérovskites de 0,08 centimètre carré atteignaient un rendement de conversion de puissance record de 25,7 % (certifié 25,4 %) et une grande stabilité opérationnelle, tout en facilitant leur déploiement à grande échelle. En augmentant la surface des cellules photovoltaïques à 1, 20 et 64 centimètres carrés, le rendement de conversion de puissance a atteint 23,3, 21,7 et 20,6 % respectivement. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash EPFL | | | |
| La tension de fonctionnement des types courants de diodes électroluminescentes organiques reste très élevée ; celle d’une diode électroluminescente organique émettant une lumière d’environ 600 nm à une luminance de 100 cd/m2, qui est une condition d’affichage générale, peut atteindre 4,5 V. Le groupe du professeur adjoint Seiichiro Izawa et du professeur Masahiro Hiramoto de l’Institute for Molecular Science au Japon, ainsi que du professeur associé Masahiro Morimoto et du professeur Shigeki Naka de l’Université de Toyama au Japon, a montré qu’une OLED efficace, fonctionnant avec une batterie de 1,5 V, produit une émission lumineuse équivalente à la luminance d’un écran typique. La tension d’allumage de l’OLED, à 0,97 V, est inférieure à l’énergie optique des photons émis, à 2,04 eV (608 nm), car l’OLED repose sur la transition de conversion ascendante (UC) associée à l’annihilation triplet-triplet qui double l’énergie des états excités. Ils révèlent que les caractéristiques de l’état de transfert de charge (CT) à l’interface sont la clé d’une UC efficace, et que le pourcentage d’états excités désactivés par des processus de perte parasite pendant la transition UC est considérablement réduit de plus de 90 % à environ 10 %, en introduisant un matériau accepteur hautement cristallin et un dopant émissif. En conséquence, la UC-OLED atteint 100 cd/m2 à une tension et une longueur d’onde d’émission de 1,33 V et 608 nm (2,04 eV), respectivement. Il s’agit de la plus basse tension de fonctionnement rapportée pour une OLED qui atteint une luminance de 100 cd/m2. Il a également été démontré que l’UC-OLED peut fonctionner avec une batterie de 1,5 V pour atteindre une luminance de 177 cd/m2. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Physical Chemistry | | | |
| Comment mieux lutter contre les phénomènes de corrosion qui fragilisent les structures en béton armé immergées ? Une équipe toulousaine vient de déposer un brevet sur un procédé innovant particulièrement prometteur, développé à partir d’eau de mer et de bactéries naturellement présentes dans les sédiments marins ! Le résultat de travaux de recherche en bioélectrochimie conduits depuis plusieurs années au sein du Laboratoire de Génie Chimique (LGC), une unité de recherche CNRS- INP de Toulouse - Université Toulouse 3. Le fruit aussi d'un travail collaboratif engagé avec le Laboratoire matériaux et durabilité des constructions (LMDC) de l'INSA Toulouse et l’entreprise Corrohm, dans le cadre du projet de recherche Biogalva. « Il s'agit de valoriser l'énergie biologique issue du cycle de vie naturel des bactéries », résume Benjamin Erable, chercheur CNRS au LGC. L'idée est de transposer les travaux conduits par le laboratoire toulousain sur les piles microbiennes dans le domaine de la protection des bétons armés immergés. De quoi dépasser les deux techniques anti-corrosion qui se sont imposées sur ce marché : la protection cathodique par anodes “sacrificielles”, principalement du zinc, et la protection cathodique par courant imposé, où des anodes auxiliaires sont positionnées et connectées à un générateur de courant continu. Avec Biogalva, plus besoin de courant imposé ou de plongeurs pour remplacer le zinc, dont la dégradation contribue à polluer l'environnement marin. « Il s'agit d'ouvrir une troisième voie, naturelle et respectueuse de l'environnement, qui devrait s'avérer aussi plus économique et plus efficace sur le long terme », insiste de son côté David Garcia, directeur général et co-fondateur de Corrohm (pour Corrosion et OHM, l'unité de mesure de la résistance électrique). Créée en 2020 par 7 associés, tous issus du LMDC, cette start-up, basée à Ramonville-Saint-Agne (Haute-Garonne), est une spécialiste de l'anticorrosion et de la durabilité des structures en béton armé. Elle développe des concepts, méthodes et outils de calculs numériques, qui permettent d’intervenir à tous les stades de la vie d’un ouvrage (diagnostic, contrôle, réparation...). « Dans Biogalva, nous apportons notre expertise en modélisation de la corrosion et des processus de protection. Nous participerons au design du futur système pour en faire un dispositif industriel. Les retombées économiques attendues sont énormes, avec pour cibles les ouvrages portuaires, les ouvrages d'art côtiers et certaines infrastructures offshore », précise le chef d'entreprise. Dans une première phase, les trois partenaires ont réussi la preuve de concept. Après quelques essais sur paillasse, une poutrelle métallique de 6 mètres, positionnée à l'horizontale, a été mise en contact avec des bacs contenant à la fois une couche de sédiments et de l'eau de mer. À l’intérieur, des électrodes standards en carbone ont été immergées dans la couche sédimentaire. En quelques semaines, le dispositif a permis la croissance de biofilms microbiens à la surface de certaines électrodes. En exprimant une « électroactivité », ces biofilms confèrent aux électrodes un rôle de protection cathodique contre la corrosion. Une nouvelle démonstration en laboratoire va être conduite avec cette fois une poutrelle disposée à l'échelle verticale dans un bac de 60 0 litres. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Industrie & Technologies | | ^ Haut | |
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| | | Une équipe internationale associant des chercheurs du laboratoire de Géosciences Paris-Saclay (GEOPS – CNRS / Univ. Paris-Saclay) vient de livrer de nouveaux résultats qui accréditeraient l’hypothèse d’un climat froid et humide il y a environ trois milliards d’années. La présence d’eau liquide dans un lointain passé de Mars est désormais admise, notamment parce qu’elle permet d’expliquer l’existence de vallées ramifiées. En revanche, la présence d’un océan et sa temporalité restent encore un mystère. Aucune modélisation climatique n’avait jusqu’à présent permis de corroborer l’existence de grandes étendues d’eau, même en remontant jusqu’à 3,5 ou 4 milliards d’années dans le passé. Les modèles semblaient indiquer que toute l’eau s’accumulait sur les montagnes sous forme de neige. Les résultats de cette nouvelle étude pourraient bien contredire cette théorie. Les chercheurs ont en effet réalisé de nouvelles simulations en intégrant deux nouveaux ingrédients qui se sont révélés essentiels : la circulation océanique et l’évolution des glaciers. En ajoutant ces deux processus, leur étude révèle que la présence dans l’hémisphère Nord d’un océan circumpolaire peut être envisagée il y a trois milliards d’années, même pour des températures moyennes de Mars inférieures au point de congélation (0°C pour de l’eau pure), en raison de la circulation océanique qui a pu réchauffer localement la surface jusqu’à 4,5°C. Les simulations prédisent la présence de glaciers qui ramènent la glace des hauts plateaux vers l’océan, en accord avec les interprétations géologiques des images. Le climat était vraisemblablement froid sur les continents équatoriaux mais l’océan circumpolaire a pu rester liquide, en accord avec un certain nombre d’indices géologiques comme les paléo-rivages ou les dépôts de méga-tsunamis qui indiquent indirectement la présence d’un océan. Si le scénario proposé par les chercheurs est avéré, notre planète sœur aurait aussi pu être largement propice au développement de la vie avant de devenir la Planète Rouge. A la même période sur Terre, la vie s’est en effet développée pour conquérir un grand nombre d’écosystèmes. Ces résultats devraient être consolidés grâce à de nouvelles analyses, notamment celles fournies par le rover chinois Zhurong posé sur Mars à l’endroit d’une zone autrefois recouverte d’eau… Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash CNRS | | ^ Haut | |
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| Santé, Médecine et Sciences du Vivant | |
| | | Une vaste étude internationale a passé en revue les résultats sur 10 ans d'un programme scolaire international de sensibilisation à une vie saine, qui comprenait plus de 3 800 enfants, âgés de 3 à 5 ans, de 50 écoles à travers la Colombie, l'Espagne et les États-Unis. Les enfants ont été évalués sur la façon dont leurs connaissances et habitudes les ont orientés vers un mode de vie sain. Résultat : ceux qui ont bénéficié de ce programme de quatre mois ont modifié de manière sensible leurs habitudes et leur mode de vie et ont réduit leurs risques de pathologies cardiovasculaires. L'étude montre que, comparativement aux enfants qui n'ont pas suivi ce programme, les enfants qui ont reçu plus de 75 % de ce programme présentaient un changement significatif par rapport au niveau de référence dans les connaissances, les attitudes et les habitudes générales. L'originalité de ce programme est qu'il ne se focalise pas seulement sur l'activité physique et l'alimentation. Il intègre également la problématique du stress, de l'angoisse et de la gestion des émotions, et le fonctionnement global du corps humain. « Ce programme global et ludique permet aux enfants de mieux comprendre comment le corps humain fonctionne et comment il est affecté par leur comportement et leurs choix, en matière de mode de vie », souligne Gloria Santos-Beneit, PhD, auteure principale de l'étude. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash JACC | | | |
| Des chercheurs de l'Université de Médecine de la Charité, à Berlin, ont réussi, à partir de l'analyse des niveaux de 321 protéines dans des échantillons de sang prélevés à 349 moments sur 50 patients COVID-19 gravement malades traités dans deux centres de soins de santé indépendants en Allemagne et en Autriche, à développer un nouvel outil d'apprentissage automatique, capable de repérer des associations entre les protéines mesurées et la survie des patients. Quinze des patients de la cohorte sont décédés ; le délai moyen entre l'admission et le décès était de 28 jours. Pour les patients qui ont survécu, la durée médiane d'hospitalisation était de 63 jours. Les chercheurs ont identifié 14 protéines qui, au fil du temps, ont changé dans des directions opposées pour les patients qui survivent par rapport aux patients qui ne survivent pas aux soins intensifs. L'équipe a ensuite développé un modèle d'apprentissage automatique pour prédire la survie sur la base d'une seule mesure ponctuelle des protéines pertinentes et a testé le modèle sur une cohorte de validation indépendante de 24 patients COVID-19 gravement malades. Le modèle a démontré un pouvoir prédictif élevé sur cette cohorte, prédisant correctement le résultat pour 18 des 19 patients qui ont survécu et 5 des 5 patients qui sont décédés. Selon ces chercheurs, ce nouvel outil informatique d'analyse comparative de protéines sanguines, sous réserve d'être validé dans des cohortes plus importantes de patients, pourrait être très utile, à la fois pour identifier les patients présentant le risque de mortalité le plus élevé, ainsi que pour évaluer de manière fiable et rapide si le traitement choisi modifie favorablement le pronostic médical des patients Covid les plus graves. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash News Medical | | | |
| Il est important que la sclérose en plaques (SEP) soit diagnostiquée et traitée le plus tôt possible afin de retarder la progression de la maladie. La technique d'imagerie par résonance magnétique (IRM) joue un rôle clé dans ce processus. Dans la recherche de méthodes toujours meilleures, une nouvelle technique d'IRM, la spectroscopie par résonance magnétique du proton (SRMP) a été utilisée par l'Université de Vienne, dans le cadre d'un projet de recherche visant à permettre une évaluation plus rapide de l'activité de la SEP. La sclérose en plaques est une maladie du système nerveux central qui se manifeste par des changements (lésions) principalement dans le cerveau. Pour l'instant, on ne sait pas guérir cette maladie, mais elle peut être traitée efficacement. Un diagnostic précoce est essentiel au pronostic, les techniques d'imagerie très détaillées jouant un rôle majeur. Bien que l'IRM conventionnelle puisse détecter des lésions cérébrales, les scientifiques recherchent des méthodes pour détecter les changements à un stade microscopique ou biochimique plus précoce. Ces chercheurs ont développé un nouvel outil qui utilise la spectroscopie par résonance magnétique, avec un aimant de 7 tesla, ce qui leur a permis de comparer les changements neurochimiques dans le cerveau de 65 patients atteints de SEP avec ceux de 20 témoins sains. « Cela nous a permis de visualiser les changements cérébraux dans les régions qui semblent normales sur les IRM conventionnelles », explique le co-responsable de l'étude Wolfgang Bogner. Pour Eva Niess, l'autre co-responsable de ces travaux, « Cet outil va jouer un rôle important dans la prise en charge des patients atteints de sclérose en plaques à l'avenir, car certains changements neurochimiques que nous avons pu visualiser avec la nouvelle technique se produisent tôt au cours de la maladie et pourraient non seulement être corrélés avec le handicap, mais é ;galement prédire la progression de la maladie ». « Si les résultats sont confirmés dans d'autres études, cette nouvelle technique de neuroimagerie pourrait devenir un outil d'imagerie standard pour établir le diagnostic initial, mais aussi pour surveiller l'évolution et le traitement de la maladie chez les patients atteints de SEP », ajoute Wolfgang Bogner. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Radiology | | | |
| Des chercheurs chinois et leurs collègues Américains du Collège Baylor de Houston ont montré que l'horloge circadienne jouait un rôle clé dans l'insuffisance cardiaque. Ces recherches ont révélé le rôle spécifique d’une protéine de l’horloge, Rev-erbα/β, sur le développement de la maladie cardiaque. Rev-erbα/β assure ainsi, dans les cardiomyocytes, la médiation du rythme métabolique normal qui permet aux cellules de préférer les lipides comme source d'énergie pendant le temps de repos. L'élimination de la protéine Rev-erbα/β perturbe ce rythme, réduit la capacité des cardiomyocytes à utiliser les lipides pendant ces temps de repos et conduit à une cardiomyopathie dilatée progressive et à une insuffisance cardiaque mortelle. Pour préciser l’effet de médiation de la protéine dans le métabolisme des cardiomyocytes, l'équipe a analysé l'expression des gènes et des protéines sur tout un panel de métabolites et de lipides, pendant les périodes d'éveil et de sommeil. L’équipe a constaté que le gène Rev-erbα/β n'est fortement exprimé que pendant les heures de sommeil et que son activité est associée au métabolisme des graisses et des sucres. En pratique, le cœur réagit différemment aux différentes sources d'énergie, selon l'heure de la journée : pendant la phase de repos, qui pour les humains est la nuit et pour les souris le jour, le cœur utilise les acides gras qui sont libérés des graisses comme principale source d'énergie. Ces travaux montrent que, sans Rev-erbα/β, les cœurs développent des anomalies métaboliques qui limitent l'utilisation des acides gras au repos, et induisent a contrario une surutilisation du sucre dans la phase active. Lorsque la protéine d’horloge Rev-erbα / β est knock-out chez la souris, son cœur ne peut pas brûler efficacement les acides gras pendant la phase de repos et n’a plus assez d'énergie pour battre. Cette carence énergétique entraîne probablement des anomalies cardiaques qui se traduisent par une cardiomyopathie dilatée progressive. Ces résultats confirment que le défaut métabolique qui empêche les cellules cardiaques d'utiliser les acides gras comme carburant est à l'origine de la majorité des dysfonctionnements cardiaques. De plus, la correction du défaut métabolique permet de réduire la condition cardiaque. Cette étude montre à quel point il est important d'administrer les médicaments alignés sur le rythme circadien interne des voies métaboliques ciblées. En d’autres termes, lorsque les médicaments sont administrés en décalage avec la voie qu'ils sont censés restaurer, le traitement n'améliore pas l'état cardiaque : des résultats qui mettent en évidence l'importance de la chronothérapie, la programmation des médicaments en fonction du rythme circadien, non seulement dans cette situation clinique, mais pour de nombreux autres traitements. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Circulation | | | |
| Une étude conduite par le Docteur André Veillette et de son équipe de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a montré que deux molécules situées à la surface des cellules macrophages permettent « de réveiller l’instinct de destruction du cancer par le système immunitaire ». Les macrophages sont des cellules du système immunitaire qui sont formées en réponse à une infection ou à l'accumulation des cellules endommagées ou mortes. Le Docteur Veillette, qui étudie depuis 30 ans les mécanismes régissant le fonctionnement du système immunitaire, affirme que les cellules macrophages sont particulièrement aptes à détruire certains types de cellules cancéreuses. Ces travaux montrent que deux molécules (CD11a et CD11c) peuvent être activées pour augmenter la capacité de destruction des cellules macrophages contre les cellules malignes. Dans des modèles animaux et dans des cultures de cellules humaines en laboratoire, les macrophages ainsi stimulés se transforment en superdévoreurs de cellules cancéreuses. Parmi les défenses immunitaires du corps humain figurent aussi les macrophages, dont le rôle central est d’éliminer les agents néfastes en les dévorant. L’équipe québécoise a découvert que ces macrophages étaient particulièrement aptes à détruire certains types de cellules cancéreuses et qu’il est possible de stimuler grandement leur appétit. Le fait de pouvoir déclencher le pouvoir de destruction des macrophages est une découverte importante qui ouvre la porte à de nouvelles possibilités vraiment intéressantes pour la médecine personnalisée. En fait, on aide le corps à mieux se protéger, soulignent dans le communiqué Zhenghai Tang et Dominique Davidson, premiers auteurs de l’article. En 2017, la même équipe avait mis en lumière la molécule SLAMF7 qui agit aussi sur la capacité de destruction des macrophages. Plus nous en saurons sur le fonctionnement du système immunitaire, plus nous serons en mesure de trouver des solutions thérapeutiques efficaces et moins toxiques pour combattre les maladies, estime André Veillette. Les chercheurs veulent maintenant établir dans quelle mesure les molécules CD11a et CD11c peuvent être utilisées comme biomarqueurs afin de désigner les patients susceptibles de répondre à des thérapies personnalisées. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Science Direct | | | |
| Très commune, la bactérie Escherichia coli (E. coli) est heureusement le plus souvent inoffensive. Mais il arrive que certaines souches provoquent des infections des voies urinaires, des pneumonies et des gastro-entérites. C’est notamment le cas d’une souche multirésistante appelée E. coli ST131, qui peut se transmettre du tube digestif à l'appareil urinaire féminin par l'urètre, et infecter la vessie. Des chercheurs de l’Université du Queensland (Australie) ont découvert la présence chez E. coli ST131 d’un gène qui la rend hautement résistante aux antibiotiques couramment prescrits. Selon le Professeur Mark Schembri, de l'école de chimie et de biosciences moléculaires de l'UQ, ce "gène de résistance" peut de surcroît se propager incroyablement rapidement. « Contrairement au transfert de gènes chez l'humain, où le sexe est nécessaire pour transférer les gènes, les bactéries ont des structures génétiques dans leurs cellules - appelées plasmides - qui sont échangées rapidement et facilement entre elles ». Les antibiotiques habituellement prescrits contre une infection à E. coli sont des fluoroquinolones à large spectre, utilisés notamment contre les infections des voies urinaires, les infections sanguines et les pneumonies. Or, le gène de E. coli ST131 « fonctionne avec d'autres gènes de résistance pour obtenir une résistance à un niveau supérieur aux concentrations d'antibiotiques les plus élevées que nous pouvons atteindre pendant le traitement ». Cette découverte signifie, selon les chercheurs, qu’il va leur falloir « créer des antibiotiques capables de lutter contre ces infections malgré ce mécanisme de résistance aux antibiotiques ». Comme le souligne le Professeur Schembri, « Nous avons perdu une partie essentielle de notre arsenal pour traiter l'infection urinaire et la septicémie, mais il y a encore de l'espoir. Maintenant que nous comprenons l'impact de ce gène de résistance aux antibiotiques médié par un plasmide, nous pouvons élaborer des stratégies de traitement plus adaptées. Celles-ci pourraient inclure de nouvelles combinaisons d'antibiotiques, voire des médicaments alternatifs non antibiotiques qui bloquent l'infection par E. coli ST131 ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash AAC | | | |
| La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire chronique évolutive définie par une obstruction permanente des voies aériennes. Elle touche, dans la population française, 5 à 10 % des plus de 45 ans selon Santé publique France. Toux chronique, expectorations et essoufflement s’aggravent au fil des ans et deviennent invalidants. Des études génétiques précédemment menées chez l’Homme ont associé, dans un premier temps, cette pathologie à des gènes situés sur le chromosome 15, qui codent pour des sous-unités du récepteur nicotinique de l’acétylcholine (nAChR). Dans une nouvelle étude, des scientifiques de l’Institut Pasteur, d’Université de Paris, du CNRS, de l’Inserm, de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, du CHU de Reims et de l’Institut Pasteur de Lille, ont concentré leur recherche sur la variabilité d’un seul nucléotide (une base Adénine au lieu d’une base Guanine), dans le gène appelé CHRNA5, qui code pour la sous-unité alpha5 du récepteur nAChR, sur le chromosome 15. Cette version du gène est retrouvée dans le génome de 37 % de la population européen ne. Les scientifiques ont étudié l’effet de cette variation sur les cellules des voies aériennes. Chez le modèle animal porteur de cette version du gène, l’étude a notamment mis en évidence l’apparition d’un emphysème, c’est-à-dire la destruction de la paroi des alvéoles pulmonaires, un phénomène retrouvé chez les patients atteints de BPCO. « Nous mettons en évidence les conséquences biologiques d’une mutation dans un gène associé à la BPCO » indique Valérian Dormoy, enseignant-chercheur au laboratoire Inserm Pathologies Pulmonaires et Plasticité Cellulaire à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, et co-dernier auteur de l’étude. Les scientifiques ont associé l’expression de cette version du gène avec une inflammation et un remodelage de l’épithélium des voies aériennes. En effet, les cellules progénitrices basales des voies respiratoires, situées sur la couche profonde de l’épithélium et responsables de son renouvellement, ont un fonctionnement altéré. Ce dysfonctionnement a notamment été observé par les chercheuses et chercheurs au cours du processus de cicatrisation de l’épithélium bronchique. En effet, l’analyse histologique de cellules issues de polypes nasaux prélevés chez 123 patients non-fumeurs du CHU de Reims a également montré une association entre le remodelage de l’épithélium et cette mutation du gène. « Cette version du gène constituerait un facteur de prédisposition génétique à la maladie, indépendamment du tabagisme. La BPCO survenant à la suite de lésions répétées des tissus des voies aériennes, provoquées par d’autres molécules tels que des polluants atmosphériques », commente Philippe Birembaut, (ancien) chef de service au CHU de Reims (Université de Reims Champagne-Ardenne, Inserm), et co-dernier auteur de l’étude. Par ailleurs, l’analyse in vitro des cellules animales exprimant la version modifiée du récepteur nicotinique a permis d’identifier les voies de signalisation impliquées. Cette identification pourrait constituer une cible pharmacologique pour le développement d’un futur traitement. « L’un de nos objectifs est de définir les caractéristiques des patients atteints de BPCO et porteurs de cette mutation afin de développer une médecine personnalisée », conclut Uwe Maskos, directeur de l’unité de Neurobiologie intégrative des systèmes cholinergiques à l’Institut Pasteur (Université de Paris, CNRS) et co-dernier auteur de l’étude. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Inserm | | | |
| Des chercheurs américains et japonais, de l'Université d'Etat de l'Oregon et de l'Université Fujita (Aichi), travaillent sur la mise au point d'un vaccin-ARN qui pourrait réduire le stress oxydatif de la peau, lié à l'exposition aux rayons ultraviolets, et prévenir ainsi certains cancers de la peau, dont le mélanome. Cette piste de vaccin a été testée sur des modèles de souris pour étudier le rôle de la protéine "TR1" dans l'organisme et la stabilité des cellules de la peau. L'étude rappelle que les vaccins à ARN messager agissaient en ordonnant aux cellules de fabriquer une protéine particulière. Dans le cas des vaccins contre le mélanome, il s'agirait donc de la protéine "TR1". « Après l'absorption de l'ARNm dans la cellule et la mise en route de la machinerie cellulaire, la cellule devrait avoir un niveau élevé d'antioxydants et être capable de prendre en charge le stress oxydatif et les dommages à l'ADN causés par les rayons ultraviolets », a expliqué Arup Indra, professeur de sciences pharmaceutiques à l'OSU et auteur principal de l'étude. D'après l'équipe de chercheurs, un vaccin contre le mélanome pourrait être mis en place uniquement grâce à l'action de la protéine "TR1". Les chercheurs n'ont toutefois pas exclu le rôle clé que pourraient jouer d'autres enzymes antioxydants, tels que le glutathion peroxydase ou le superoxyde dismutase. « Nous devons générer un vaccin à ARNm, l'administrer localement ou systématiquement, puis surveiller comment il renforce les défenses de l'organisme. Les nouvelles possibilités ouvertes par l'ARN sont passionnantes pour prévenir différents types de progression des maladies, y compris le cancer, en modulant le système antioxydant de l'organisme », précise le Professeur Indra. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Science Direct | | | |
| En 1990, des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego font un constat : la criminalité est plus faible dans les régions où l’eau est riche en lithium. Ils ont collecté les données de 27 comtés du Texas entre 1978 et 1987. Dans ceux où le taux de lithium par litre d’eau du robinet est compris entre 70 et 170 microgrammes, les taux de suicide, d’homicide et de viol sont plus bas, en comparaison aux comtés où le lithium est présent dans de plus faibles quantités. « Ces résultats suggèrent que le lithium a des effets modérateurs sur les suicides et les comportements violents », soulignaient les auteurs. En 2010, une autre équipe de recherche a confirmé les effets bénéfiques du lithium sur le risque de suicide. Ces scientifiques ont montré que les régions avec une forte concentration de lithium dans l’eau du robinet enregistraient des taux de suicides plus faibles. « Les niveaux de lithium dans l'eau potable sont bien inférieurs à ceux recommandés lorsque le lithium est utilisé comme médicament », rappelle Allan Young, l’un des auteurs de cette recherche, « mais la durée d'exposition peut être beaucoup plus longue, commençant potentiellement dès la gestation ». En résumé, boire de faibles quantités de lithium, via l’eau du robinet, de manière régulière, pourrait réduire le risque de souffrir de troubles mentaux. Il y a quelques semaines, de nouveaux travaux ont confirmé les bienfaits de l’eau riche en lithium sur la santé mentale. Des scientifiques lituaniens ont effectué des analyses sur la concentration en lithium de l’eau du robinet dans plusieurs communes du pays, puis ils ont croisé ces données avec les cas enregistrés de troubles affectifs. Ils constatent que les taux de mortalité par suicide sont plus faibles dans les régions où l’eau est riche en lithium et où la population est davantage concernée par les troubles affectifs. Ces différentes études semblent donc indiquer que l’eau du robinet, riche en lithium, pourrait être un moyen de prévention face aux troubles mentaux. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash NIH KCL Science Direct | | ^ Haut | |
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| Recherche & Innovation, Technologies, Transports | |
| | | Les poids lourds sont responsables du quart des émissions de CO2 liées au transport routier, bien qu'ils ne représentent qu’un peu plus de 1 % du nombre des véhicules immatriculés en France. Ce chiffre grimpe même à 40 % sur les autoroutes très fréquentées, celles qui voient circuler plus de 8 000 poids lourds par jour, alors qu’en proportion, ils ne représentent que 10 à 15 % du trafic. Plusieurs alternatives pour décarboner ces véhicules existent déjà ou sont en cours de développement, comme l’utilisation de biocarburants, l’électrique sur batterie, ou l’hydrogène, mais toutes ont leurs limites. Une autre solution, complémentaire à ces dernières, pourrait venir des systèmes de routes électriques, encore appelés ERS pour Electric Road System. En octobre dernier, la France a lancé un appel d’offres dans le cadre du quatrième PIA (Programme d’investissement d’avenir) afin de débuter l’expérimentation de technologies ERS. Il fait suite à la rédaction de trois rapports remis au ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, Jean-Baptiste Djebbari, et publiés sur le site de son ministère. « Un an auparavant, en octobre 2020, une réunion nationale s’était tenue à l’invitation du Ministère et avait rassemblé l’ensemble des parties prenantes concernées par cette thématique, parmi lesquelles des organismes scientifiques et techniques, des énergéticiens, des transporteurs, des constructeurs de camions, des gestionnaires routiers, des fournisseurs de solutions ERS… », ajoute Bern ard Jacob, professeur à l’Université Gustave Eiffel. En France, les autoroutes à grande circulation qu’il serait pertinent d’électrifier représentent entre 8 000 et 9 000 km, et concernent surtout celles concédées à des sociétés d’autoroutes. Le déploiement d’une technologie ERS permettrait de limiter l’emport de batterie sur les véhicules électriques, avec la possibilité de les recharger en roulant. Actuellement, les poids lourds électriques sur batterie ne dépassent pas 16 tonnes et ne peuvent parcourir que de courtes distances. Au-delà, le poids des batteries devient rédhibitoire. Par exemple, si l’on voulait faire fonctionner à l’électricité un poids lourd de 40 tonnes avec la même autonomie qu’en diesel, c’est-à-dire 1 000 km, il faudrait l’équiper de batterie lithium-ion dont le poids avo isinerait les 10 tonnes. « En électrifiant les autoroutes à fort trafic, nous n’aurions aucun point géographique en France à plus de 150 km d’une autoroute électrique, ce qui permettrait de réduire la taille et donc le poids des batteries », explique Bernard Jacob. Avant d’envisager le déploiement d’une telle solution, il sera nécessaire de choisir une technologie, parmi les trois familles proposées, chacune avec des avantages et des inconvénients. La première fonctionne avec des caténaires, selon le principe rencontré dans le domaine ferroviaire, à la différence qu’il est nécessaire d’installer deux câbles au-dessus de la voie de circulation équipée, car le retour du courant électrique ne se fait pas par l’intermédiaire des rails au sol. Cette contrainte oblige aussi l’installation de deux pantographes (dispositif articulé permettant au véhicule de capter le courant par frottement sur la caténaire) sur chaque véhicule. « Ce procédé bénéficie d’un bon degré de maturité technologique, mais devrait faire face à de nombreuses contraintes d’exploitation », analyse Bernard Jacob. « Il n’est pas compatible avec les voitures, ni avec les véhicules utilitaires légers, car les caténaires sont positionnées trop haut, à cinq mètres au-dessus de la chaussée. Cela limite donc la rentabilité de cette technologie ». Autre difficulté : en cas d’accident grave de la route, les hélicoptères ne peuvent pas accéder aux voies de circulation à cause des câbles électriques, même en coupant l’alimentation. La nécessité d’installer des poteaux tous les 50 mètres le long de la route, pour les soutenir, pose également un problème de s&eacu te;curité routière en cas de sortie de route. Ce procédé ERS développé par le constructeur allemand Siemens fait malgré tout l’objet de plusieurs expérimentations en Allemagne. La conduction par rail au sol constitue la deuxième famille technologique. Ce procédé, baptisé APS (Alimentation par le sol), fonctionne déjà à Bordeaux pour faire circuler son tramway en centre-ville. Dans le domaine routier, deux rails doivent être installés au sol, l’un pour amener le courant et l’autre pour le retour, et sont intégrés dans une structure d’environ 50 cm de large et une dizaine de cm d’épaisseur. Sous les véhicules, un patin de captation muni de deux plots conducteurs s’abaisse automatiquement pour se positionner sur le rail lorsqu’il le détecte et se relève lorsque le véhicule quitte la voie de circulation. Comparé aux caténaires, l’avantage de cette technologie est qu’elle s’adapte à tous les véhicules et qu’elle est quasi invisible, ce qui évite tout p roblème d’acceptabilité visuelle. De plus, ce procédé n’a pas de limite de puissance contraignante, car il peut facilement délivrer 3 à 4 MW par km contre 1 seul pour le précédent système. Pour des raisons de sécurité, les rails sont segmentés en tronçons et alimentés en électricité uniquement lors du passage d’un véhicule au-dessus. Afin de limiter les coûts d’investissement lors de la pose de ces rails, chaque tronçon devrait mesurer une vingtaine de mètres et donc dépasser la longueur des véhicules. « Pour éliminer tout risque d’électrocution de piétons, l’alimentation électrique ne serait activée que pour des vitesses au-delà de 50 ou 60 km/h », précise Bernard Jacob. Cette technologie est développée par le constructeur français Alstom qui pourrait répondre à l’appel à projets du PIA pour mener des essais prochainement en France. Le dernier système repose sur l’induction, avec un transfert de la puissance électrique sans contact à partir de boucles noyées dans la chaussée entre 6 et 8 cm de profondeur, vers une boucle réceptrice fixée sous le plancher des véhicules. Ce procédé peut délivrer une puissance électrique suffisante pour les voitures de 25 kWh. Par contre, les poids lourds exigent une alimentation de l’ordre de 300 kWh, et cette technologie n’y parvient pas pour l’instant. Cette difficulté s’explique par la plus grande hauteur entre le plancher du camion et la route, comparée aux véhicules légers. De plus, la surface de la boucle réceptrice sous les poids lourds sera comparable à celle des voitures. En effet, elle pourra uniquement être positionnée sous les tracteurs routiers, car les semi-remorques sont interchange ables d’un poids lourd à l’autre. La Suède a déjà testé ces trois technologies. Avec l’Allemagne, ce sont les deux seuls pays européens à avoir mené des expérimentations d’ERS sur route ouverte. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Techniques de l'Ingénieur | | ^ Haut | |
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