La petite maison Ă©tait perdue dans les champs, Ă dix kilomĂštres au sud de Clanton, le long dâune route de campagne qui serpentait dans lâarriĂšre-pays sans mener rĂ©ellement quelque part. Invisible depuis la chaussĂ©e, la bĂątisse se trouvait au bout dâune allĂ©e de gravillons sinueuse. Quand Stuart Kofer, le maĂźtre des lieux, rentrait chez lui, les phares de sa voiture, Ă cause des virages, des pentes et des montĂ©es, Ă©clairaient par intermittence les fenĂȘtres et les portes, comme un avertissement, une sourde menace pour ceux qui se trouvaient Ă lâintĂ©rieur. Il nây avait aucun voisin alentour, et lâattente nâen Ă©tait que plus terrifiante. Il Ă©tait trĂšs tard, dans la nuit du samedi au dimanche, lorsque les feux apparurent enfin. Les faisceaux projetĂšrent des ombres inquiĂ©tantes dans les piĂšces, puis lâobscuritĂ© revint au moment oĂč le vĂ©hicule vira pour amorcer la derniĂšre descente. Les occupants auraient dĂ» ĂȘtre couchĂ©s, mais comment trouver le sommeil quand le cauchemar Ă©tait imminent ? Assise sur le canapĂ© du salon, Josie prit une grande inspiration, prononça une brĂšve priĂšre, et se dirigea vers la fenĂȘtre pour observer la voiture. Est-ce quâelle roulait droit ? Zigzaguait ? Le soĂ»lard avait-il limitĂ© sa consommation ce soir-lĂ ? Josie avait enfilĂ© une nuisette sexy pour attirer son attention. Il oublierait peut-ĂȘtre ses accĂšs de violence. Elle lâavait portĂ©e une fois et cela lui avait plu. Le vĂ©hicule sâarrĂȘta Ă cĂŽtĂ© de la maison. Elle lâobserva. Il titubait ! Elle tressaillit, se prĂ©parant au pire. Elle alla lâattendre dans la cuisine oĂč les lumiĂšres Ă©taient allumĂ©es. Une demi-heure plus tĂŽt, elle avait placĂ© la batte de baseball de son fils dans un coin, Ă lâabri des regards. Par sĂ©curitĂ©. Au cas oĂč il voudrait sâen prendre Ă ses enfants. Elle avait implorĂ© le ciel de lui donner le courage de sâen servir, ce nâĂ©tait pourtant pas gagnĂ©. En arrivant, il trĂ©bucha sur le seuil et se mit Ă secouer rageusement la poignĂ©e de la porte, comme si elle Ă©tait verrouillĂ©e â ce qui nâĂ©tait pas le cas. Finalement, il parvint Ă lâouvrir dâun coup de pied, envoyant le battant cogner violemment contre le rĂ©frigĂ©rateur... |