Hollywood en feu, des quartiers entiers de Los Angeles comme s'ils avaient subi une attaque thermonucléaire, plus de 5000 villas et bâtiments rasés, une atmosphère irrespirable, une ville meurtrie, quatre ans avant les prochains Jeux olympiques... Certains ont même comparé la photo de l'établissement historique de McDonald ravagé par les flammes à l'incendie de Notre-Dame-de-Paris (Il ne faut quand même pas exagérer...).
A une semaine de la cérémonie d'investiture de Donald Trump, les climato-sceptiques américains au pouvoir ont été rattrapés par la réalité du changement climatique, responsable à n'en pas douter de ces incendies dramatiques qui ont fait déjà 10 victimes, traumatisé les habitants de la « ville des anges », parmi les plus riches de la planète et allumé une polémique qui n'est pas près de s'éteindre. Joe Biden a, à quelques jours de son départ de la Maison Blanche, affirmé que ces feux gigantesques sont la conséquence du réchauffement climatique, à l'image de ceux qui dévastent désormais régulièrement l'Australie, le sud de la Méditerranée.
Donald Trump accuse le gouverneur démocrate de l'Etat de Californie d'impréparation notamment pour reconstituer les réserves en eau douce et la maire de L.A. d'avoir coupé les crédits des pompiers. La Californie en flamme, c'est devenu un symbole de l'urgence de l'adaptation de nos modes de vie aux dérèglements du climat. Les assureurs ont fait les comptes et on parle déjà de 16 à 20 milliards de dollars d'indemnisation. De ce point de vue, les habitants de Pacific Palisades sont bien mieux lotis que les Mahorais, pour la plupart non assurés, après le passage du cyclone Chido.
Les optimistes se rassureront en espérant que le drame de Los Angeles réveillera les consciences et inversera le climato-scepticisme de l'administration Trump. Mais rien n'est moins sûr. Juste avant de céder le pouvoir, le président Biden vient de signer un décret pour empêcher les forages pétroliers au large des côtes américaines. Cela ne fera sans doute que freiner l'appétit de Donald Trump dont l'un des mots préférés est « drilling » (forer). Son intérêt renouvelé pour le Groenland, terre (danoise) riche en ressources naturelles, pétrole, uranium, terres rares le montre. Le président des Etats-Unis n'a pas exclu de recourir à des moyens de coercition économiques voire militaires pour que l'Amérique prenne possession de l'Arctique.
Pour calmer le jeu, le Danemark, s'est dit ouvert au dialogue avec les Etats-Unis tout en excluant toute cession de ce territoire qui dispose d'un statut d'autonomie. Donald Trump a aussi réaffirmé l'importance stratégique des routes maritimes en revendiquant le canal de Panama, cédé dans les années 70 par Jimmy Carter, l'ancien président américain démocrate mort à 100 ans en décembre 2024. Cette pression géopolitique de la part de Donald Trump à l'aube de son second mandat donne le ton d'une présidence qui va faire entrer le monde dans une nouvelle ère plus brutale sur le plan diplomatique comme économique. Les entreprises françaises se préparent à l'augmentation des tarifs douaniers, tout en espérant qu'elle soit plus modérée qu'annoncé.
Dernier épisode en date qui mérite de nous inquiéter, le ralliement cette semaine du patron de Meta, Mark Zuckerberg, qui dans un discours hallucinant de mauvaise foi, a remis en question l'efficacité de la modération des réseaux sociaux et s'est aligné sur les pratiques de son concurrent X, possédé par Donald Trump. Faut-il s'étonner de voir les GAFA se rallier au nouveau pouvoir ? Pas vraiment. Les mêmes étaient démocrates sous les Démocrates et il n'est pas surprenant de les voir devenir MAGA sous Donald Trump. Non, ce qui est vraiment inquiétant en revanche, c'est l'absence de réaction de l'Europe face à cette agression contre les principes de notre droit. A part l'ancien commissaire européen Thierry Breton, qui avait mené la bataille contre les provocations d'Elon Musk, de plus en plus débridé, le silence radio d'Ursula Von der Leyen en dit long sur la soumission de l'Europe aux intérêts des Big Tech américaines. En 1940, l'historien français Marc Bloch avait publié un livre intitulé « L'étrange défaite » pour expliquer la victoire éclair de l'Allemagne nazie par l'absence de lucidité de la classe politique française de la 3ème République finissante.
Au vu des ingérences répétées du patron de X, qui est allé jusqu'à diffuser un débat entre lui-même et la dirigeante de l'AfD, l'extrême-droite allemande, et appelé à la victoire de ce parti aux élections de février, il est évident que le réseau social X a franchi toutes les limites fixées par le Digital Services Act. Si l'Europe ne lance aucune procédure contre Musk, comme le demande le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot, ancien ministre du numérique, ce sera une abdication et un encouragement à ce que l'offensive de Musk se poursuive. A méditer, cette phrase attribuée au philosophe britannique Bertrand Russell : « le principal problème du monde, c'est que les fous et les fanatiques sont si sûrs d'eux, et que les gens sages sont remplis de doutes »... |