Présidentielle et nouveaux médias | | C'est une tradition, à l'approche de la présidentielle, de nouveaux médias naissent. 2022 ne fera pas exception. Story Jungle dresse un inventaire (non définitif) : Mi-novembre, c'est Franc-Tireur, un « manifeste » hebdomadaire contre l'obscurantisme, soutenu par le milliardaire tchèque Kretinsky, dirigeant de Czech Media Invest, qui sortira le mercredi dans les kiosques. « Ce ne sera pas un magazine sur papier glacé, indique Christophe Barbier, aux manettes du nouveau média, mais un imprimé sur 8 pages de papier journal ». Selon le magazine Challenges, « ce format et le jour de sortie choisi devraient pousser le nouveau média à empiéter sur les plates-bandes de l'historique Canard Enchaîné ». Se présentant sur sa page de crowfunding Kiss Kiss Bank Bank comme « un journal de combat, au service de la Raison, une alternative aux extrémistes, aux populistes, aux démagogues, aux propagateurs de fausses informations », le média entend donner « un armement intellectuel journalistique pour lutter contre la progression de l'obscurantisme ». Il comptera des enquêtes au long cours et des tribunes à charge, orchestrées par une armée de freelances et des figures reconnues : le philosophe Raphaël Enthoven, l'ancien secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly, l'économiste Philippe Aghion, l'actrice et juriste Rachel Khan. Pour l'heure, le média a récolté 4 689 préventes et 2 482 contributions. L'abonnement pour un an sera de 89 euros. À côté de ce bimédia, on trouve Bastille, un mensuel dont la promesse est de rendre compte « du monde dans lequel on vit ». Le média, « humaniste » et « bienveillant », lancé par deux ex-journalistes de l'agence Reuters, William Emmanuel et François Thomazeau, devrait voir le jour le 1er décembre. Son approche rappelle celle du magazine XXI : les formats longs et les articles d'écrivains seront à l'honneur, « comme ceux des Londres, Saint-Exupéry, Kessel, Malraux », explique François Thomazeau au Monde. On peut également citer la nouvelle revue En mutation, éditée par Rue de l'échiquier et L'Obs, dont le premier numéro est sorti le 1er octobre, qui « explore les bouleversements à l'œuvre et rencontre celles et ceux qui pensent et créent le monde de demain ». La revue présente deux grandes parties, une première intitulée « En questions », une seconde appelée « En actions ». Le premier numéro s'interroge : peut-on être un carnivore éthique ? Petit dernier passé plutôt inaperçu, NOWU, le média numérique dédié à l'écologie, lancé par France.tv qui s'adresse aux jeunes Européens. Le site dispose d'un site web accessible en France et en Allemagne, et de deux comptes Instagram, @nowu_fr (côté français) et @nowu_de (côté allemand). | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Nouveau nom pour une nouvelle vie ? Facebook prévoit d'embaucher 10 000 personnes en Europe pour travailler sur son metaverse, afin de lancer une « plateforme informatique du futur », d'ici cinq ans. Le metaverse pourrait devenir le « successeur de l'Internet mobile », selon Mark Zuckerberg. C'est dans cette optique que Facebook prévoit un nouveau nom pour Facebook, qu'il révèlera le 28 octobre, à l'occasion d'une conférence annuelle de l'entreprise : « Facebook prévoit de changer son nom la semaine prochaine pour refléter la place centrale qu'il accorde au développement du metavers », explique The Verge. Pourquoi c'est un pavé ? C'est un changement d'image drastique que veut opérer Mark Zuckerberg, à l'heure où la société est visée par la lanceuse d'alerte Frances Haugen. En juillet, il déclarait à The Verge qu'au cours des prochaines années, « nous allons effectivement passer de l'image d'une société de médias sociaux à celle d'une société de métaverse ». | UN FORMAT À LA LOUPE | | Alors que PayPal lorgnerait sur Pinterest pour un rachat à 45 milliards de dollars, selon les infos de Bloomberg, le réseau social a organisé en ligne ce mercredi 20 octobre son Creators Festival. Elle y a présenté une série de nouvelles fonctionnalités. Ce « moteur de découverte visuelle », pour reprendre l'appellation d'Adrien Boyer, Country Manager de Pinterest France, présente ainsi une nouvelle expérience de veille, avec un flux redessiné : les utilisateurs pourront choisir entre « Parcourir » ou « Regarder ». Dans le premier onglet cité, il s'agit de la page d'accueil de Pinterest améliorée. Avec « Regarder », ils pourront interagir avec des Épingles Idées de créateurs affichées en plein d'écran. L'accent est également mis sur la réalité augmentée. Les créateurs pourront intégrer « Try On », qui permettra d'utiliser Pinterest Lens pour essayer un produit (décidément le nouveau territoire de concurrence Instagram et Snapchat). À côté de ces nouveautés, Pinterest investit 20 millions de dollars pour Creators Rewards, son programme de monétisation intégré à la plateforme. Le réseau social propose aussi Creator Originals, une nouvelle série de contenus mettant en valeur plus de 100 créateurs. « Cette année sera celle des créateurs », a affirmé Adrien Boyer. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | « Pour savoir comment vont les Français, il y a mieux que les réseaux sociaux, les sondages, les chaînes d'opinion, il y a à aller à leur contact directement. » Ce constat (logique mais souvent oublié), on le doit à Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, qui vient de réaliser une « démonstration de force » (L'Instant M sur France Inter) dans les pages et le site web du Monde : la diffusion de 100 portraits « en pointillé », des fragments, de la France d'aujourd'hui. À six mois de l'élection présidentielle, 100 journalistes (sur les 500 de la rédac), accompagnés chacun d'un photographe (!), ont parcouru le pays pour faire un « énorme arrêt sur images sur les Français », – un tour géographique complet où chaque région a été scrutée. On s'invite ainsi dans la solitude d'une grand-mère, veuve, qui vient se faire pouponner tous les vendredis dans un salon de coiffure, à Arpajon dans l'Essonne. « Le salon de coiffure est le 2e commerce de proximité. C'est un secteur qui recrute beaucoup. J'ai eu envie de passer du temps dans mes salons », explique la journaliste Zineb Dryef. Là, les personnes se livrent par petites touches : « On ressent une vulnérabilité. Après la crise, beaucoup nous disent qu'ils ne savent pas ce qui peut arriver dans le futur. » Au-delà de la richesse des reportages, la mise en page des textes, des photos et des vidéos reste sobre mais efficace. La page de présentation, pensée comme un générique que l'on scrolle, donne le ton. L'opération a déjà rassemblé 2,4 millions de visites. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | « Même quand il perd, il gagne, parce qu'il a réussi à vous faire perdre du temps, de l'argent, et surtout, il peut dissuader d'autres personnes d'enquêter sur lui. » Un état des lieux que dresse Tristan Waleckx, présentateur de Complément d'enquête sur France, dans un court documentaire à charge de 16 minutes produit par Reporters sans frontières et publié en fin de semaine dernière. L'auteur de Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien, prix Albert-Londres 2017, qui témoigne au côté de 10 autres journalistes, dit comptabiliser cinq procès face au milliardaire, détenteur d'un immense empire médiatique (Canal +, CNews, C8, Europe 1, tous les magazines de Prisma Média, Hachette Livre...). |
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