Patreon et la seconde Renaissance | | Patreon serait-elle la petite plateforme qui monte ? La plateforme de financement participatif des créateurs via des pourboires, cofondée en 2013 par Sam Yam et le musicien Jack Conte, vient d'annoncer une levée de fonds de 155 millions de dollars et est désormais valorisée 4 milliards de dollars. Selon son communiqué, Patreon compte désormais plus de 200 000 créateurs qui se partagent 100 millions de dollars par mois, grâce au soutien des 7 millions de mécènes, ou patrons, que compte la plateforme. « La pandémie a été un catalyseur pour la croissance de l'économie des créateurs », explique la société. Cependant, la plateforme, qui prélève une part de 5 à 12 % des revenus mensuels reversés aux créateurs, plus des frais de traitement des paiements, n'est aujourd'hui pas rentable, selon le Wall Street Journal. Voilà pour les chiffres. Et pour sa vision sur l'avenir de l'économie des créateurs, Jack Conte est très clair (et optimiste) : d'ici cinq à dix ans, l'expression d'« artiste affamé », qui vit d'amour et d'eau fraîche, sera complètement désuète. Les gens feront carrière en tant que créateurs de la même manière qu'ils deviennent médecins, avocats, ou enseignants. « Aujourd'hui, nous nous proposons de construire l'infrastructure des créateurs qui soutiendra une seconde Renaissance. Il va y avoir une explosion de la créativité », explique-t-il, exalté, dans une vidéo. Et de mentionner une étude vieille de quelques années, sans la sourcer : 75 % des enfants de 6 à 17 ans souhaiteraient être un créateur vidéo en ligne. Pour lui, les voyants sont au vert. Il estime qu'il est beaucoup plus facile d'être un créateur aujourd'hui qu'il y a dix ans. Aussi bien les grandes plateformes que les start-up s'alignent pour créer des infrastructures dédiées aux créateurs qui souhaitent vivre de leur art. Il estime que 300 start-up sont déjà sur le coup. « De la même manière que les plateformes de distribution sont en concurrence les unes avec les autres pour être les meilleures dans le domaine de la vidéo courte durée, elles sont maintenant en concurrence pour être les meilleures dans le domaine des paiements des créateurs », souligne-t-il en faisant référence à plusieurs actualités : l'achat de Tidal par Square ou encore les « Super Follows » de Twitter. En attendant, le journaliste Brent Knepper tempère : « Patreon semble savoir que la plupart de ses créateurs gagnent en réalité un salaire de misère. En 2016, la société s'est vantée que 7 960 utilisateurs gagnaient désormais plus de 100 dollars par mois, ce qui m'a semblé être un revenu mensuel extrêmement insignifiant pour se vanter »... Alors, seconde Renaissance ou amour et eau fraîche ? | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | À l'heure où chaque grande entreprise tech œuvre à la fabrication d'un petit clone Clubhouse, l'original lance sa première fonctionnalité de monétisation. Depuis le lundi 5 avril, les utilisateurs peuvent payer certains créateurs en quête de rentabilité. Clubhouse a annoncé ne prélever aucune part sur les paiements. Une commission de traitement sera versée à Stripe, le partenaire de Clubhouse pour le traitement des paiements. « Notre objectif est d'aider les créateurs à construire leur communauté et leur audience », précise la start-up californienne. Pourquoi c'est un pavé ? « Il est important pour nous d'aligner notre modèle économique sur celui des créateurs », explique la plateforme, en plein boom de la passion economy. Cet ajout permettra non seulement de fidéliser les créateurs, mais « aussi d'attirer d'autres grands noms », souligne Les Echos. Une annonce qui intervient peu après le lancement du « Clubhouse Creator First », programme qui accueille 20 créateurs pour les aider à développer leur audience et monétiser leurs « shows ». Ces arguments pourraient inciter les utilisateurs à rester sur Clubhouse, plutôt que de se tourner vers le tout nouveau Hotline de Facebook, un service de conférences audio en direct, ou les futurs services de LinkedIn, Spotify ou Twitter (dont on apprend qu'il aurait tenté de mettre la main sur l'appli, malgré la création de Spaces !). | UN FORMAT À LA LOUPE | | Trois ans que le projet était dans la boîte. Altice (RMC), Lagardère (Europe 1...) Les Indés Radios (groupement de 130 radios), M6 (RTL...), NRJ et Radio France (France Inter, etc.) lancent une application commune, Radioplayer France, pour s'adapter aux usages. « C'est la naissance véritable de la radio digitale », commente Arthur Dreyfuss, directeur général d'Altice Médias. Cette application, surnommée le « Salto de la radio » par Le Parisien, regroupe, via un moteur de recherche, 200 radios, 600 webradios et 100 000 podcasts. Soit une vaste bibliothèque. Sur Radioplayer, « les publicités sont implantées par les radios, sans bandeaux supplémentaires », précise Les Echos. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | La culture s'ambiance. En attendant de pouvoir arpenter les couloirs des musées, le site « Culturez-vous » donne vie à des personnages de tableaux célèbres grâce à l'intelligence artificielle. Denis Diderot, peint sous l'œil de Louis-Michel Van Loo, dodeline de la tête et chante « You're my hear, you're my soul », de Modern Talking, tandis qu'Eugène Delacroix, lui, interprète « Can't take my eyes off you » de Morten Harket. Un petit chef-d'œuvre d'animation musicale. | LE CONTENU QU'ON A AIMÉ FAIRE | Que dit l'essor des newsletters, souvent payantes, du monde du journalisme ? C'est à cette question que nous nous sommes frottés avec Marion Wyss, cofondatrice et CEO d'Underlines, Julie Joly, directrice du CFJ et de l'école W, Harold Grand, journaliste chez Quotidien, François d'Estais, chef éditorial chez Havas Paris, Philippe Couve, directeur de Samsa.fr et Benoit Raphaël, fondateur de Flint, lors d'une de nos rooms sur Clubhouse. On vous a préparé une petite session de rattrapage, à lire sur notre compte LinkedIn ! | | | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Il est facile de considérer son travail comme le pilier central de sa vie, sa famille, son centre de gravité. C'est ce qui est arrivé à Emi Nietfeld, qui a travaillé chez Google de 2015 à 2019. Cette software engineer raconte dans le New York Times « son histoire d'amour avec son ex-employeur, Google », qui a vite tourné au cauchemar. « J'avais structuré ma vie autour du travail – exactement ce qu'ils voulaient que je fasse –, mais cela n'a fait qu'aggraver les retombées lorsque j'ai appris que le lieu de travail que je chérissais me considérait comme un simple employé, un parmi tant d'autres et jetable », analyse-t-elle après avoir révélé à ses supérieurs être victime d'harcèlement au sein de la firme. La jeune femme, en souffrance et vulnérable, se retrouve alors placardisée, et ne peut accéder à aucune promotion tangible. Et n'a plus d'autre choix que de démissionner. « Je me suis promis de ne plus jamais aimer un travail de cette façon, avec dévotion. Aucune société cotée en Bourse n'est une famille », écrit-elle. Dès qu'il y a un babyfoot, faut se méfier... (il n'y en a pas à Story Jungle, ndlr). |
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