« Le jour où j'ai compris que quelque chose clochait...» Dans Pilule Miracle, Johann Hari raconte le moment où il a compris que quelque chose avait changé. Lors d'une fête post-pandémie, il arrive avec quelques kilos en trop, persuadé que c'était le cas de tout le monde. Mais ce qui le frappe, c'est le contraste avec les autres convives : des visages creusés, des corps affinés, comme retouchés par Photoshop. Pas seulement les stars. Tout le monde semblait transformé. "Tu sais bien que ce n’est pas l’effet du Pilates, n’est-ce pas ?" lui glisse son amie en riant. "Tu ne vois vraiment pas de quoi je parle ?" Elle a dégainé son téléphone. Sur l’écran : un tube en plastique bleu clair, surmonté d'une minuscule aiguille. Ozempic. Wegovy. Mounjaro. Les "pilules miracles" (ou plutôt, injections miracles) venaient d'envahir la société. La promesse : perdre entre 5 et 24 % de son poids corporel sans effort. L'Ozempic et ses successeurs sont en passe de devenir l'un des médicaments emblématiques de notre époque, à l'instar de la pilule contraceptive ou du Prozac. Une "solution" qui aggrave le problème ? Comment fonctionnent ces médicaments ? Le principe est simple : ces traitements imitent une hormone naturelle, le GLP-1, sécrétée par notre intestin après un repas. Celle qui dit à votre cerveau : "Tu as assez mangé." Cette hormone joue plusieurs rôles essentiels : Elle ralentit la vidange de l'estomac, Stimule la libération d'insuline, Et envoie au cerveau un puissant signal de satiété En amplifiant artificiellement ce mécanisme, ces médicaments réduisent l'appétit, prolongent la sensation de satiété, et entraînent une réduction spontanée de l'apport calorique, sans effort conscient majeur. Résultat : une perte de poids souvent spectaculaire. Mais attention : en manipulant artificiellement le GLP-1, ces médicaments dérèglent des mécanismes complexes, où faim et satiété sont intimement liés à nos émotions, nos habitudes et notre équilibre mental. Mais que cachent réellement ces traitements ? Derrière leur efficacité apparente, une vérité dérangeante : ces médicaments ne traitent pas la racine du problème. Ils masquent les symptômes. Oui, Ozempic®, Wegovy® ou Mounjaro® réduisent l’appétit. Mais ils n’agissent ni sur l’environnement qui nous rend dépendants à la malbouffe, ni sur les mécanismes industriels qui manipulent nos choix alimentaires. Une dérive inquiétante : la banalisation du traitement Conçus à l'origine pour les personnes obèses ou diabétiques, ces traitements sont aujourd'hui massivement utilisés hors indications médicales, notamment par des individus non-obèses en quête d'une perte de poids esthétique. Cette médicalisation de la minceur soulève des questions éthiques profondes, ainsi que des risques sanitaires à long terme, encore largement méconnus. Alors, est-ce la fin de l'obésité ou le début d'un nouveau risque ? |