La lettre politique de L’Express, 15 mai 2024 | |
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le Parti pris | Nouvelle-Calédonie : ce que Macron veut faire | | par Eric Mandonnet Rédacteur en chef du service politique @ericmandonnet L’échange est resté fameux. Le 28 avril 1988, la Nouvelle-Calédonie s’invite dans le débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle entre François Mitterrand, président sortant, et son Premier ministre Jacques Chirac, au bout de seulement une demi-heure. Le premier appelle au "dialogue" et reproche au gouvernement "la brutalité". Le chef du gouvernement contre-attaque : "J'y suis allé onze fois." Le ton monte violemment, jusqu'à cette réplique restée fameuse de Mitterrand : "La façon dont vous disiez 'L'ordre règne' me faisait penser à une phrase fameuse, il s'agissait de Varsovie, je m'arrête là." Cette année-là déjà, des gendarmes, ils étaient quatre, avaient trouvé la mort dans une prise d’otages. Mercredi, un gendarme a succombé à ses blessures quelques minutes après qu’Emmanuel Macron a décrété l’état d’urgence sur l’archipel. Quatre décès en quelques heures, le retour à l’ordre, donc, d’abord, au moment où l’autorité de l’Etat, ici comme là-bas, est chaque jour défiée de plus en plus ouvertement. L’état d’urgence permet des mesures dérogatoires au droit commun, comme l’assignation à résidence, il fait aussi de l’infraction au couvre-feu une infraction pénale, c’est pourquoi le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de le décréter. L’Elysée considère que la violence qui s’est répandue ces derniers jours n’appelle pas d’abord une réponse politique, dans la mesure où elle aurait "une dimension désinhibée et crapuleuse". Même le FLNKS n’a pas vraiment de prise sur les agissements du CCAT (cellule de coordination des actions de terrain), estime l’exécutif, pour qui ce mouvement n’est pas l’expression d’une revendication d’indépendance. "La violence qui s'exprime n'a rien à voir avec la politique", a insisté Gérard Darmanin devant les sénateurs mercredi après-midi. C’est ensuite que la politique pourrait reprendre ses droits. Avec un défi quasi existentiel, qu’avait résumé Emmanuel Macron en 2023, lorsqu’il avait évoqué la nécessité de "trouver des chemins d’avenir (…) de façon consensuelle". Autrement dit, ni l’indépendance, ni le statut quo. Ce qui suppose que les indépendantistes acceptent de tourner la page de ce combat qui fut leur raison d’être. Les trois derniers référendums furent autant de défaites pour eux – s’ils ont boycotté le dernier, c’est parce qu’ils savaient qu’ils allaient le perdre. Comment réussir dans le climat actuel, électrisé par les déclarations tonitruantes dans l’Hexagone, à remettre tout le monde autour de la table ? Maintenant que le projet de loi constitutionnel sur le dégel du corps électoral a été adopté aussi bien par l’Assemblée nationale que par le Sénat, l’Elysée veut se servir du calendrier comme d’un moyen de pression, tout en sachant que le temps est compté et que les prochaines élections provinciales ne peuvent être indéfiniment repoussées. Là se situe la quadrature du cercle. Avant son premier déplacement en Nouvelle- Calédonie comme président, Emmanuel Macron avait été surpris de constater qu’il ne pouvait pas faire d’annonces dans de nombreux domaines, parce qu’ils relevaient de la compétence du territoire et non de l’Etat. Cette fois, le gouvernement a proposé, en vain, un pacte nickel. Sa marge de manoeuvre est étroite. Trouver les gestes pour ramener la concorde est donc un exercice périlleux. Gabriel Attal, qui s’était tenu jusqu’à présent éloigné du dossier, devrait recevoir l’ensemble des responsables calédoniens s’ils acceptent de venir ensemble prochainement à Paris. Dans la foulée serait organisée une rencontre avec Emmanuel Macron. Mais à une condition, déjà fixée par l’Elysée : qu’il s’agisse d’ "un aboutissement" et non d’une simple "chorégraphie". | |
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La mue de Borne Un brin plus connue pour sa rigidité que pour sa rondeur et son sens aigu du collectif, l’ancienne Première ministre n’en finit plus d’étonner ses anciens ministres. L’un d’eux qui a quitté le gouvernement lors du dernier remaniement note qu’Elisabeth Borne est “très demandée par les militants et les cadres locaux” lors de cette campagne des européennes. Lors du meeting de la Mutualité le 7 mai, elle aurait, selon le même, “prononcé le discours le plus malin car le plus collectif tandis que les autres ont parlé d’eux”. De là à l’imaginer briguer la direction du parti, comme le racontait Libération début mai ? “J’ai quand même un peu de mal à l’imaginer… modère cette source. Je ne la vois pas complètement se poser, écouter les états d’âmes, discuter avec les uns et les autres - sans les insulter !” Certains, avant Elisabeth Borne, ont été capables de jurer “j’ai changé”, pourquoi pas elle ? | > Retrouvez les indiscrets politiques de L'Express | |
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La politique dans le rétro |
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