L'édito du taulier Le recrutement du chef Je savais que le recrutement du chef n’allait pas être qu’une partie de plaisir étant donné le manque de main d’oeuvre dans le secteur, eh bien, je n’ai pas été déçu ! J’ai d’abord passé des coups de fil et des mails à mes amis et mon réseau ayant une attache plus ou moins proche avec le milieu de la restauration. Je leur ai demandé d’activer leurs connaissances pour m’envoyer des candidats. J’ai déposé une annonce dans le journal « L’hôtellerie restauration ». J’ai reçu une quantité assez importante de candidatures, enfin, le mot « candidatures » n’était pas toujours très approprié. Il y a ce chef qui vante le mérite de mon restaurant et commence sa lettre de motivation par « Madame » alors que de toute évidence, je n’ai pas encore changé de sexe. Ça sent le copier-coller à plein nez. Il y a ces candidats qui envoient leur candidature en doublon ou en triplon, ne se souvenant pas à quelle annonce ils postulent. Il y a ce candidat qui balance comme tant d’autres son CV sans aucun texte dans le mail, pas même un bonjour. Comme la candidature semblait de qualité, je lui laisse une chance et un message sur son répondeur, pas de réponse le lendemain, j’envoie un mail, il me dit qu’il pourra m’appeler au mieux dans quelques jours. Je lui renvoie un message : « M. X, appelez-moi alors lundi sur mon portable, je serai en congé mais prendrai néanmoins votre appel dans la mesure de mes disponibilités. Appelez-moi à partir du moment où votre motivation pour postuler au poste est forte, ce que nos premiers échanges ne me montrent pas. Cordialement. » Sa réponse est alors expéditive : « Bonsoir. N'attendez pas mon appel. X » Il y a cet autre candidat à qui je fais passer d’abord un rapide entretien téléphonique. Sa candidature me semble intéressante à approfondir. Je lui propose de se présenter le lendemain au chef, il accepte, il ne s’est jamais présenté. Il y a enfin ce candidat qui m’envoie une réponse étrange à l’annonce que j’avais déposée dans l’Hôtellerie-Restauration. Je la reprends mot pour mot (sauf les x, y z) : « Je me présente je suis Mr X, jeune Chef cuisinier de 24ans Mon apprentissage au saint de l'équipe Paul BOCUSE à collonge est unedes révélations de ma créativité de ma passion de ma motivation mes surtout de mon amour des bonne chose. J’ai donc fait mes Classe au saint du Restaurant JOËL Robuchon Paris chef de partie puis sous chef et chef en remplaçant. J’ai quitté les cuisine de Joël Robuchon par choix d'avenir professionnels et par objectif. Le restaurant Y en hommage au grand Z ma offert cette place de chef ou j'ai pue évoluer et crée mon identité culinaire Se qui m'a permis d'être élue meuilleur jeune talent culinaire de moin de 25ans février 2015. Je suis actuellement en recherche d'un nouvel objectif. Je doit vous informé que je me présente au concours de mof 2018 ». J’espère pour lui qu’il n’y aura pas d’épreuve d’orthographe au concours du meilleur ouvrier de France (mof)… Dans ce message, pas de « bonjour », pas d’ « au revoir », pas d’objet surtout. C’est un bel exemple de l’égocentrisme de beaucoup de chefs. Je me renseigne sur Internet sur le restaurant Y qui lui a offert sa place de chef et qui lui a permis de forger son identité culinaire. C’est lui-même (X) qui a créé ce restaurant, et je tombe rapidement sur une annonce légale mentionnant la liquidation en cours de cet établissement de moins d’un an. Le chef Nicolas part dans un mois et je n’ai pas encore de pistes sérieuses. Pourtant, à force d’abnégation, mes efforts paieront. Suite et fin au prochain épisode ! |