Un groupe avait réservé au bar du Bé2M à 19h. Une vingtaine de personnes sont arrivées à pied. Une personne sur quatre au maximum nous a gratifié d’un bonjour. L’espace autour du bar leur avait été réservé. Des clients me font parfois un compliment en me disant qu’ils se sentent chez eux au Bé2M. Là, ce groupe était bien chez lui. Un sous-groupe en terrasse, un autre au bar, un autre au fond du restaurant. Les verres vides étaient abandonnés n’importe où, dans la bibliothèque, sur le piano, sur les tables du restaurant déjà dressées. Non contents d’occuper l’espace physique, ils occupaient aussi l’espace sonore, s’interpelant bruyamment. Dehors, je discute avec une personne du groupe qui a un T-shirt à l’effigie d’un parti politique. Je comprends donc que ce groupe est l’état-major local d’un parti. Et bien cet état-major est maitre dans l’art d’occuper les positions ! Tout au moins certaines positions car la moisson politique du jour a été nulle, pas un seul sénateur à leur actif. Voilà peut-être une raison pour laquelle ils ont oublié d’être polis ! Au bar, les commandes fusent. Une femme s’adresse à moi d’un ton peu amène : « servez-moi une bière ». Je la regarde longuement sans bouger. Elle finit par rajouter « s’il vous plaît ». Ah , ça va mieux avec le mot magique ! La façon de régler est dans la même veine : une autre personne me jette un billet. En circulant, je m’amusais à intercepter quelques bribes de conversation. Les calculs politiques allaient bon train, ils taillaient allègrement des vestes aux concurrents des autres partis. Les faiblesses de ces derniers étaient listées pour mieux les attaquer à l’avenir. Inutile d’ajouter qu’en partant, du bar le groupe a oublié en choeur de dire au revoir. Machiavel, sors de mon restaurant ! Malheureusement, quasiment à chaque fois que le Bé2M a accueilli des rassemblements ou réunions politiques, cela a été grosso modo la même chanson et ce, quelle que soit la couleur politique. C’est d’autant plus notable que je peux faire difficilement de pareille généralisation sur d’autres publics qui fréquentent le restaurant. Ça semble être dans le logiciel des politiques d’être condescendants avec ceux qu’ils considèrent probablement comme du petit personnel. Une exception avec certains élus de la mairie de Nantes qui fréquentent l’établissement qui font preuve, eux, de nettement plus de courtoisie. Toujours est-il que, ce soir-là, ce parti politique m’a beaucoup déçu et il a fait la preuve de l’hypocrisie de certains discours politiques qui prônent de grandes valeurs en oubliant de les appliquer. Mathieu |