La Poste a lancé ce lundi la vente de son premier timbre NFT, en association avec l’entreprise Wagmi Studio. Il en coûtera 8 euros aux acheteurs (les bitcoins ne sont pas acceptés), mais ce n’est toutefois pas la valeur exacte du timbre pour l’affranchissement : il faudra ajouter quelques centimes selon le poids de la lettre ou du colis. Le tirage est limité à 100.000 unités et il en restait un peu plus de 80.000, à l’heure de l’écriture de cet article.
Les NFTs (Non-Fungible Tokens) sont des jetons qui ont la particularité de posséder un identifiant unique. Ils sont ainsi « non-fongibles », c’est-à-dire qu’on ne peut pas en remplacer un par un autre, contrairement aux pièces d’un euro qui valent toujours la même chose (sauf cas particuliers). Les NFTs sont transférables d’un portefeuille détenu en propre (auto-hébergé) à un autre, comme les cryptomonnaies. « A chaque fois qu’on crée un compte La Poste pour acheter le timbre NFT, un portefeuille est automatiquement créée sur le site, explique Maxence Guyot, cofondateur de Wagmi. Mais on peut transférer gratuitement le jeton sur un autre portefeuille. » Il faut toutefois qu’il fonctionne avec la blockchain du NFT : Tezos, en l’occurrence.
Les NFTs trouvent toute leur utilité dans le monde de l’art pour servir de certificats d’authenticité. Seulement les faux ne représentent pas un grand problème en philatélie, particulièrement pour les timbres émis récemment et en France. Alors à quoi va donc bien pouvoir servir ce NFT ?
Favoriser l’adoption de son portefeuille aussi
« L’idée est d’initier massivement le public de philatélistes aux NFTs et de lancer de nouvelles collections plus tard, précise Maxence Guyot. Nous réfléchissons à ce qu’ils ouvrent le droit à des avantages. » Actuellement, il est possible d’envoyer le timbre physique, mais de conserver le jeton associé (ce qui n’a pas vraiment de sens). Mais peut-être sera-t-il bientôt possible de transférer le NFT avec l’envoi de l’imprimé. Le destinataire recevrait ainsi directement dans son portefeuille le jeton en même temps que l’enveloppe.
Est-ce l’annonce d’un déploiement à plus grande échelle d’une technologie de lettre suivie fondée sur la blockchain ? C’est trop tôt pour le dire, mais c’est un cas d’usage qui saurait sans nul doute trouver une utilité, particulièrement pour les correspondances à l’international. La Poste se positionne en plus comme un hébergeur de portefeuilles susceptibles d'accueillir demain, peut-être, aussi des euros numériques. Beaucoup de « si », mais qui pourraient bien porter leurs fruits.
Rémy Demichelis