Bulletin d'information aux Amis de Finance Watch
Décembre 2019

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Comment des banques plus sûres peuvent-elles nuire à l'économie réelle ?

Le lobby bancaire fait actuellement tout son possible pour mettre à mal les regulations mises en place à la suite de la crise financière. Dernier exemple en date : la fédération bancaire européenne est passée à l'offensive en s'opposant à la mise en place des standards internationaux de Bâle III concernant les réserves obligatoires en capital - sur lesquels s'étaient déjà mis d'accord les états en 2017.

Rappelons que ces règles visent à rendre le système financier mondial mieux à même d'encaisser d'éventuelles pertes et, de fait, concourent à éviter que ne survienne une nouvelle crise majeure. Il n'est pas nécessaire d'être un expert en finances pour comprendre que la prévention d'une nouvelle crise financière présente d'énormes avantages pour la société et pour l'économie

Le fait que le lobby bancaire argue du contraire est pour le moins stupéfiant - ses représentants affirment que des montants de capitaux propres plus importants (donc des banques plus sûres) auraient nécessairement un impact négatif sur l'économie réelle.

Cet argument n'en est qu'un parmi d'autres dont nous nous devons de démontrer l'absence de fondements. Nous avons publié la semaine dernière l'analyse critique d'une étude commissionnée par le lobby bancaire européen :

De la sorte, nous espérons contribuer au rééquilibrage du débat public autour de ces questions de reserves en capital pour que les régulations européennes puissent bénéficier aux sociétés européennes et à leur économie. Sans cette contre-expertise, le lobbying des responsables politiques serait un véritable parcours de santé pour les représentants de l'industrie financière.

D'ailleurs, l'offensive n’est pas seulement européenne. La Fédération bancaire française (FBF) a accueilli les chiffres produits par Copenhagen Economics et publié un mémo "Les accords de Bâle et leurs conséquences sur l'économie" le même jour. Un groupe de 70 parlementaires français soutient cette argumentation et a proposé une résolution visant à empêcher la mise en œuvre intégrale de Bâle III. Elle sera probablement au menu de l'Assemblée nationale le 7 janvier !
 

La recette d'une bonne crise financière

Mais sans surprise, le lobby bancaire possède plusieurs cordes à son arc : l'autorité bancaire européenne envisage actuellement de  créer un cadre législatif qui autoriserait la titrisation de produits synthétiques et qui permettrait de contourner - devinez quoi - les réglementations en matière de fonds propres !

Les règles européennes qui encouragent la titrisation, adoptées en décembre 2017, excluent actuellement la titrisation de ces produits synthétiques. Mais, sous la pression du lobby bancaire, une réserve avait été introduite qui laissait ouverte la porte à une future introduction de ce type de titrisation.  Et aujourd'hui nous y sommes rendus, il est probable que la Commission Européenne présente une proposition de régulation dans ce sens l'année prochaine.

De notre point de vue, une titrisation synthétique "simple, transparente et standardisée" est un pur oxymore car ces produits financiers sont systématiquement complexes et ne sont jamais standardisés. Contrairement à la titrisation ordinaire, les actifs qui y sont packagés ne sont pas des prêts mais des contrats dérivés. Ils offrent des assurances contre le défaut de crédit et sont aussi  complexes sur le plan légal qu'ils le sont sur le plan financier. Il est absolument impossible de superviser les risques liés à ces  produits synthétiques titrisés en temps réel et, de plus, ils accélèrent et aggravent les crises financières et mettent en péril la stabilité financière.
 
Si les responsables politiques venaient à encourager l'usage de produits synthétiques titrisés, ils endosseraient en même temps une lourde responsabilité : celles de restaurer les conditions qui ont rendu la dernière crise financière possible.

En savoir plus avec notre communiqué de presse (en anglais).

Climate Finance Day

A l’occasion du « Climate Finance Day » 2019, Finance Watch a pointé du doigt les travaux législatifs à réaliser de façon urgente pour faire de la finance durable un outil permettant d’orienter effectivement le capital vers une économie durable.

« L’investissement socialement responsable, ou la longue marche de l’extra-financier vers le financier » de Thierry Philipponnat, Directeur de la Recherche et du Plaidoyer de Finance Watch.

Ensemble contre le Libra !

Vous vous souvenez sûrement que nous avons lancé en juillet une campagne visant à stopper la monnaie digitale de Facebook #Libra. Nous considérons ce projet monétaire comme extrêmement dangereux du fait qu'il puisse affecter la protection de nos données personnelles, la sécurité de notre monnaie ainsi que la stabilité de notre économie. L'établissement d'un monopole privé offrirait à Facebook l'opportunité de générer des profits colossaux via une entreprise dont les risques incommensurables seraient supportés par le reste des citoyens. 

Début décembre, le Conseil Européen et la Commission ont finalement publié un communiqué commun sur les "monnaies digitales stables" semblables au Libra. Mais les communiqués ne suffisent pas, la situation requière des régulations fortes, et ce très rapidement. 

Avec notre derniére vidéo nous voulons encore amplifier la pression de la société civile sur les décideurs politiques, les banquiers centraux et les superviseurs financiers : Stoppons la monnaie privée Libra avant qu'elle ne soit introduite sur le marché ! Opposez-vous à Facebook et limitez ses pouvoirs !

Plus de 83 000 citoyens se sont déjà joints à notre appel. Apportez votre voix et signez notre pétition aujourd'hui !
Lettre à Lagarde



Comme beaucoup d'autres, nous sommes convaincus que la Banque Centrale Européenne doit agir contre le changement climatique en lieu et place des financements qu'elle fournit actuellement aux multinationales polluantes à travers sa stratégie de rachat d'actifs.

Pour conforter la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, dans son ambition de mettre au cœur de sa mission la protection de l'environnement, nous avons signé cette lettre ouverte, avec plus de 160 ONGs et universitaires d'Europe : Financial TimesBloomberg, Tagesspiegel, Les Echos, La Republicca, El Pais.

Et quelques jours plus tard, nous avons remis à Bruxelles et en mains propres la lettre à Christine Lagarde !

Les portes tournantes

De bonnes nouvelles sont arrivées la semaine dernière en provenance du parlement européen : les responsables politiques se sont enengagés à lutter contre les portes tournantes entre l'autorité bancaire (ABE) et le lobby du même secteur.

La Commission des affaires économiques et monétaires du parlement a adopté à l'unanimité une motion au sujet du cas d'Adam Farkas, un ponte de l'autorité bancaire qui a été débauché par l'un des plus importants lobbys financiers européens. Les parlementaires appellent l'ABE à revenir sur l'autorisation qu'elle a donné à ce pantouflage et suggèrent à toutes les institutions européennes de s'abstenir de tous contacts avec M. Farkas pendant 2 ans. Les membres de cette commission ont même demandé au parlement de lui refuser l'entrée dans ses locaux !

Finance Watch et de nombreuses autres ONG de la coalition pour changer la finance ont pu aider à rendre cette résolution possible !

Nous sommes heureux de finir sur ces résultats positives cette année 2019 si riche en évènements. Cela nous permet de rassembler sereinement nos forces pour mener à bien notre bataille l'année prochaine et mettre enfin la finance au service de la société ! 

Merci du précieux soutien que vous nous témoignez ! Nous comptons sur vous pour continuer à relayer nos messages et être les artisans du rééquilibrage du débat public en faveur de la société civile. 

Dans l'éventualité où vous le pourriez, nous apprécierons à leur juste valeur les dons que vous nous ferez parvenir, car même les plus modestes contributions font une énorme différence. 

De la part de toute l'équipe de Finance Watch, je vous souhaite de bonnes vacances et une merveilleuse nouvelle année !


Benoît Lallemand
Secrétaire Général de Finance Watch

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