Les nouvelles préconisations du 4ème Programme National Nutrition Santé (PNNS) rappellent l’intérêt de manger quotidiennement des fruits et légumes, en précisant « de préférence des produits locaux, de saison et si possible bio ». Qu’en est-il pour les personnes dont le budget contraint leurs choix alimentaires ? Les recommandations Le PNNS 4 précise que pour les adultes en situation de pauvreté, l’objectif est que : - 100% des adultes consomment au moins une portion de fruit ou légume par jour ; - 50% des adultes consomment au moins 3,5 portions de fruits et légumes par jour. Etat des lieux Les données (issues de l’étude Esteban) visant à mesurer l’adéquation aux nouvelles recommandations du PNNS montrent que : - les apports en fibres (20 g/j en moyenne chez les adultes) apparaissent trop faibles par rapport aux recommandations (25 g/j) ; - moins de 3 adultes sur 10 déclaraient consommer 5 fruits et légumes par jour ; - 45 % des adultes déclaraient consommer des fruits, légumes et/ou produits céréaliers issus de l’agriculture biologique au moins une fois par mois. Parallèlement, le baromètre du Secours Populaire met en évidence qu’un quart des personnes interrogées répondent « oui » à la question "rencontrez-vous des difficultés financières pour consommer des fruits et légumes frais tous les jours ?". Et cette proportion monte à 31% pour les femmes, notamment celles qui sont cheffe de famille monoparentale. Lire les recommandations Le coût des fruits et légumes D’après le baromètre annuel sur le prix des fruits et légumes de l’association Famille Rurales, pour pouvoir manger 5 fruits et légumes par jour, un couple avec deux enfants devra consacrer un budget entre 117 et 222 euros par mois. Quant au panier bio, Familles Rurales souligne que les prix des fruits et légumes restent trop élevés pour des familles à budget limité. Dans les magasins hard discount, le prix du panier peut avoisiner les 40 euros, contre un peu plus de 51 euros en supermarché et jusqu’à plus de 90 euros dans les enseignes bio. De plus, 78% des produits biologiques vendus en hard-discount et 57% de ceux vendus en supermarchés sont victimes de "suremballage", notamment en plastique. Et si l’on tient compte de l’origine géographique de ces produits bio, le plus souvent, ils ne viennent pas de France, donc de circuits locaux, et peuvent ne pas être de saison. La valeur "coûts-sacrifices" de la consommation des fruits et légumes Au-delà des coûts financiers, les études qui ont cherché à comprendre ce qui se joue en défaveur de la consommation des fruits et légumes (F&L) retiennent les facteurs suivants : - Le prix d’achat : la sensibilité au prix pouvant être atténuée par des facteurs hédoniques et sociaux ; - La commodité, qui apparaît comme le facteur le plus influent chez les jeunes adultes, avant même le prix. Si les légumes surtout sont associés à une préparation longue, l'épluchage de certains fruits est déjà un frein à leur consommation ; - Le coût en temps, qui s’exprime à deux niveaux : celui nécessaire à la préparation des produits, notamment pour les légumes cuits, et la durée de conservation du produit; - L’accessibilité pour des consommateurs qui ne peuvent pas trouver dans leur environnement proche des F&L variés. Actuellement l’alimentation est abordée sous deux angles : nutritionnel et durable. Or, il apparaît que la « connaissance » des règles et des principes n’est pas suffisante pour permettre un changement de comportement. Les liens entre alimentation, revenus, santé et vie sociale sont complexes et leurs interactions nombreuses. Avant tout, tenons compte des fortes contraintes budgétaires et des nombreux arbitrages auxquels font face les personnes en situation d’insécurité alimentaire. Par conséquent, adaptons nos propos et les conseils (alimentation, consommation…) à la singularité et aux possibilités de chacun, en restant positifs sur les changements mis en œuvre au jour le jour qui constituent déjà un début. Lire le baromètre |