Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 12 décembre 2024. | |
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L'EDITO | Les Etats-Unis face à un mur énergétique | |  par Tatiana Serova Journaliste au service économie C’était il y a tout juste un an. L’hiver à peine démarré, la compagnie d’électricité de l’Etat américain de Géorgie multipliait par 17 ses projections de consommation à horizon 2030 ! Submergée par une "demande extraordinaire", liée à l’implantation d’usines, de data centers et d’autres activités énergivores, l’EDF local imaginait même des pénuries d’électricité dès l’hiver 2025-2026. Comment ce fournisseur, l’un des plus gros des Etats-Unis, a-t-il pu se tromper à ce point dans ses prévisions ?
La réponse tient en un graphique, présenté début décembre à l’occasion d’un congrès organisé par l’Agence internationale de l’énergie. Après des années de stagnation, la consommation électrique américaine s’emballe. D’ici à 2030, elle devrait augmenter de 12,5 %, selon les estimations du cabinet Rystad Energy. Ce brusque dérapage a pris de court l’ensemble des spécialistes. Certains facteurs étaient pourtant connus. Plus de 30 millions de véhicules électriques devraient sillonner les routes américaines d’ici la fin de la décennie, nécessitant un robuste réseau de recharge. A cela s’ajoutent les usines électro-intensives - dédiées par exemple à la fabrication de batteries - qui se multiplient grâce au plan de soutien mis en place par l’administration Biden, l’Inflation Reduction Act (IRA). Mais le vrai coupable, celui qui explique pourquoi tant d’analystes se sont trompés, c’est le boom de l’intelligence artificielle (IA).
Les capacités de calcul nécessaires pour faire tourner les modèles de traitement de langage requièrent d’immenses quantités d’électrons, ving-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. A eux seuls, les centres de données pourraient bientôt consommer jusqu’à 9 % de l’électricité produite aux Etats-Unis d’ici à 2030, soit plus du double des niveaux actuels. "Il n’y a pas si longtemps, pour répondre à des questions simples, on pouvait faire tourner des modèles très efficaces sans cloud, sur un simple ordinateur. Désormais, on utilise l’IA dite générative pour tout. Or celle-ci fonctionne avec des systèmes comprenant des centaines de milliards de paramètres et s’avère trente fois plus gourmande en énergie. D’où ce décalage, mal anticipé, entre les besoins en électricité et les ressources disponibles", explique Sacha Luccioni, chercheuse spécialisée en intelligence artificielle.
A défaut de moderniser leurs infrastructures, les Etats-Unis pourraient se heurter rapidement à un mur énergétique. | |
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