Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 13 novembre 2024 | |
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L'EDITO | Le tournant de la Silicon Valley | |  par Maxime Recoquillé Journaliste Tech A priori, rien n'a changé : la Californie, et sa célèbre Silicon Valley, le berceau de la tech américaine, restent démocrates. Bleus, comme depuis une trentaine d’années. Du moins, si l'on en croit le seul dépouillement des bulletins de vote sur place. Car une partie de l’échec de Kamala Harris face à Donald Trump dans la récente élection présidentielle peut être attribuée à un revirement au sein de cette même "Vallée". Celle de ses élites, qui, elles, ont viré au rouge vif.
Elon Musk, bien sûr, le PDG de SpaceX, Tesla ou encore du réseau social X, qui a investi plus de 130 millions de dollars sur le républicain. Mais il n’était pas seul en mission : ses anciens collègues de PayPal - Thiel, Rabois, Sacks -, aiguillés par J.D. Vance, le colistier de Trump, ont aussi beaucoup pesé dans l’élection. Puis, à la différence de 2016 ou 2020, ces personnalités ont su en convaincre d’autres - qui contrairement à eux, sont d’ordinaire plutôt démocrates - qu’ils avaient tout à y gagner, à l’image du puissant duo d’investisseurs Andreessen-Horowitz. Dans les secteurs de l'intelligence artificielle et des crypto-actifs en particulier, qui ne devraient pas subir de régulation sous Trump. Pour ces mêmes raisons, la "Big Tech", et notamment Apple, Microsoft, Meta, OpenAI, ont tous approuvé le retour au pouvoir de l’homme à la crinière blonde.
Des opportunistes ? Oui et non. Pour Andreessen-Horowitz et les jeunes magnats de la crypto, les conséquences sont plus profondes : ces derniers sont désormais convaincus que le lobbying ne se limite plus à influer sur des lois. Il permet, plus ouvertement encore, de choisir ses candidats, ses politiques, leurs agendas précis pour plusieurs années à venir. Ou de se placer soi-même, à l'exemple d'Elon Musk, futur ministre de l'admnistration Trump. Au sein des grands groupes technologiques en revanche, les sourires apparents ont du mal à dissimuler la crainte à l’égard d’un leader qui a soufflé le chaud et le froid sur leurs activités. Google, menacé de démantèlement, est dans le viseur du républicain de longue date, tout comme Meta, qui avait fait le choix de bannir Trump de ses réseaux sociaux à l’issue des évènements survenus au Capitole, le 6 janvier 2021. Sur le plan des valeurs, tout oppose toujours ces multinationales et leurs employés au Trumpisme. C’est ce que confirment les votes, donc. La question est de savoir : pour combien de temps encore ? Après tout, comme le rappelle le sociologue Olivier Alexandre, la Silicon Valley a souvent été républicaine au cours de son siècle et demi d’histoire. A trop jouer auprès du feu... Ce scrutin sera peut-être vu, d’ici quelques années, comme le tournant avant une nouvelle bascule. | |
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