Chers lecteurs et chères lectrices de L’Expresso, Alors que l’examen par les députés des deux motions de censure déposées par les partis de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et par le Rassemblement national (RN) est prévu aujourd'hui à 16 h, le gouvernement de Michel Barnier ne tient plus qu’à un fil, et la stratégie de Marine Le Pen est scrutée avec attention. Tous les détails à lire dans l'article de Laurent Geslin. « Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif qui de surcroît aggrave les déficits déjà monstrueux de sept ans de macronisme », a publié hier Marine Le Pen sur X. Fort de 140 élus sur 577 députés, en comptant ses alliés de l’Union des droites pour la République (UDR), le parti d’extrême droite avait dès septembre expliqué mettre le gouvernement « sous surveillance ». Et les concessions de Michel Barnier — durcissement du volet migratoire, abandon de la hausse des taxes sur l’électricité prévue dans le projet de budget 2025, renoncement au déremboursement de médicaments — ne devraient pas suffire à empêcher Marine Le Pen de renverser la table. Car la censure du gouvernement pose plus largement la question de la tactique politique du parti d’extrême droite. Satisfaire ses électeurs, oui, mais à quel prix ? Selon le politologue Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, le RN s'expose « à fragiliser sa stratégie de “notabilisation”, et cela pourrait inquiéter les chefs d’entreprises et les cadres qui avaient rejoint le mouvement aux dernières législatives. Ce petit jeu est donc très dangereux. » Alors que le président du RN Jordan Bardella capitalise sur sa popularité acquise depuis les élections européennes de juin, Marine Le Pen sait qu'elle doit jouer son va-tout si elle veut continuer à peser au sein du parti à l'avenir. Elle risque en effet cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire dans le cadre de l'affaire des assistants du Parlement européen. « La possible condamnation de Marine Le Pen et sa décision de faire tomber le gouvernement sont entièrement liées », affirme pour Euractiv le sociologue Erwann Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite. Merci à tous et à toutes pour votre fidélité, bonne lecture ! Pour nous partager une information, un commentaire ou simplement nous dire bonjour, écrivez-nous sur X ou à [email protected]. Sarah N'tsia Éditrice de l'Expresso |