C'est un prorusse assumé, qui a fait campagne sur TikTok en promettant l'arrêt de l'aide à l'Ukraine… L'arrivée en tête du candidat d'extrême droite Calin Georgescu au premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie, dimanche soir, a sonné comme un coup de tonnerre dans les chancelleries occidentales. Le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu est renvoyé dans les cordes, en troisième position. Et alors que le deuxième tour doit avoir lieu le 8 décembre, un scénario jusqu'alors « impensable » prend forme, raconte notre correspondant à Bruxelles Emmanuel Berretta : « La Roumanie, membre de l'Union européenne (UE) depuis 2007 et pilier du flanc oriental de l'Otan, pourrait basculer dans le camp prorusse. » Pour comprendre les implications d'un tel bouleversement, il suffit de consulter une carte. Au sud de l'Ukraine, la Roumanie abrite la base de Deveselu et le bouclier antimissile de l'Otan, que Georgescu a qualifiés de « honte diplomatique ». C'est aussi par ses routes que transitent les céréales ukrainiennes et le matériel militaire occidental. Et à Bruxelles, « la perspective d'un nouvel » Orban « fait trembler les institutions », souligne notre journaliste : « Siégeant au Conseil européen, le président roumain disposerait d'un droit de veto sur les décisions majeures. » Notamment… Les sanctions infligées par l'UE contre la Russie. Avec la Hongrie d'Orban, un axe prorusse va-t-il se dessiner au sein même de l'Union ? ► MENACES. La perspective doit enchanter Vladimir Poutine, qui souffle sur les braises en agitant le spectre d'une troisième guerre mondiale, et menace de frapper les alliés de Kiev. Faut-il le croire ?, interroge le chef du service Monde du Point, dans un éditorial percutant. Non ! Cette stratégie d'intimidation, analyse Luc de Barochez, masque mal les difficultés de l'ours russe : économie fragile, lourdes pertes militaires et recours aux mercenaires étrangers. Moscou intensifie sa guerre hybride contre l'Otan via des sabotages en Europe, mais pour notre éditorialiste, la réponse est claire : face au chantage russe, « aussi odieux qu'extravagant », l'Europe doit maintenir son soutien à l'Ukraine. |