Il avait dit qu’il ne quitterait pas la France. Dès le 23 septembre, Bruno Le Maire viendra tout de même régulièrement sur les rives du lac Léman. L’ancien ministre français de l’Economie et des Finances a été recruté comme professeur invité par Enterprise for Society (E4S), un centre commun à l’IMD, l’EPFL et l’Université de Lausanne. Mais l’agrégé de lettres et énarque restera domicilié en France, a-t-il précisé. Pas d’exil fiscal, donc, mais qu’apportera à ses étudiants celui qui fut aussi ministre de l’Agriculture et secrétaire d’Etat aux affaires européennes? E4S compte sur «son expertise dans la gestion de dossiers liés à la décarbonation et aux énergies propres». S’agit-il vraiment du champ d’expertise de celui qui avait déployé un “bouclier tarifaire”, afin que les Français continue de brûler des énergies fossiles sans devoir s’adapter à la hausse des prix qui frappait le reste de l’Europe? Une politique qui a aussi contribué à la dérive des finances publiques. Sur ce sujet, Bruno Le Maire s’est souvent présenté en économiste responsable, prêchant la rigueur. En réalité, le locataire de Bercy de 2017 à 2024 laisse les comptes de l’Hexagone dans un état catastrophique. Le déficit budgétaire reste hors de contrôle, à 5,6% du produit intérieur brut (PIB) cette année. La dette risque quant à elle de dépasser les 115% du PIB en 2029, deux fois le taux de l’Allemagne. A propos de dérive, les primes d’assurance maladie de 2025 seront bientôt connues. Publiées fin septembre, elles progresseront à coup sûr à nouveau, de peut-être 7% en moyenne selon les dernières prévisions. Est-ce inéluctable? Une intéressante discussion reprend au sujet des franchises, comme le raconte ma collègue Nathalie Praz. Augmenter le montant de la franchise minimale, soit la faire passer de 300 à 500 francs, permettrait d’économiser 1,2 milliard de francs, ce qui soulagerait – un peu – les primes. La Fédération romande des consommateurs s’est empressée de dire que cette économie serait en fait réalisée sur le dos des assurés forcés de payer davantage avant de prétendre à un remboursement. Et que les ménages les plus modestes seraient les plus touchés parce qu’ils ont davantage recours aux franchises basses. Cependant, une étude d’Helsana sur le comportement des assurés démonte ces arguments. Vous me direz que cette étude est biaisée. Ce n’est pas si simple. Lisez donc l’article pour vous faire votre opinion. Une dernière dérive ? Cela ne vous surprendra guère, le nombre de logements vacants continue de reculer. A Genève, cancre de la Suisse romande et troisième plus mauvais élève du pays, le taux de vacance atteint 0,46%. Les spécialistes estiment que le marché est à l’équilibre lorsque ce taux se situe à 1,5%. Alors que faire ? «L’Agefi» a lancé cette année une série d’articles qui explorent des solutions, car elles existent. Cette semaine, le quatrième volet de notre dossier explique comment la Suisse pourrait s’inspirer du Japon. Non, il ne s’agit de construire des cubicules... mais de mettre en place un système de zonage flexible, facilitant la conversion de bureaux en logements. Avant de se quitter, un coup de chapeau et un encouragement. Un coup de chapeau à l’industrie des dispositifs médicaux (medtech). Dans son dernier rapport, le secteur montre comment il a surmonté les obstacles mis sur son chemin pour accéder au marché européen. Rappelez-vous que depuis mai 2021, Bruxelles contraint tous les exportateurs suisses à faire certifier leurs produits dans l’UE et non plus sur sol helvétique. Ce qui occasionne un surcoût devisé à 13%, tout de même. Victimes de la décision du Conseil fédéral de mettre un terme abrupt aux négociations de l’accord-cadre, les medtech continuent néanmoins de développer leurs activités. Il faut dire qu’elles ont aussi trouvé de nouveaux débouchés. A découvrir ici. Et enfin un encouragement à voter en faveur de la réforme LPP, si vous n’avez pas déjà posté votre bulletin. En tête dans les sondages, les opposants justifient leur position en évoquant une «arnaque». Dans un éditorial, je démonte leurs arguments et donne deux bonnes raisons de soutenir cette réforme de la prévoyance professionnelle, même si elle reste imparfaite, comme l’est tout compromis. |