| Les possibilités qu’offre le Web 3 constituent un levier de croissance majeur pour les acteurs du secteur technologique. Les cas d’usage se multiplient, du développement des monnaies numériques à celui d’un monde virtuel permettant de proposer des expériences novatrices aux utilisateurs. Et les Gafam n’entendent pas en perdre une miette. On se souvient de la volonté de Meta de lancer sa cryptomonnaie, Libra, en 2019. Dans un écosystème alors émergent, largement tiré par les startups, la tentative s’est révélée infructueuse. Mais certaines innovations ont gagné en maturité, jusqu’à susciter à nouveau l’intérêt des Big Tech, qui disposent de la force de frappe pour les démocratiser. Péril en la demeure Les grandes entreprises technologiques se sentent, surtout, contraintes d’avancer leurs pions pour ne pas être acculées dans quelques années. Des experts, toujours plus nombreux, estiment ainsi que les cryptoactifs constituent pour les Gafam le premier risque de se faire supplanter par de nouveaux acteurs. Pour se positionner sur le créneau, les géants de la tech ont, à ce jour, tendance à nouer des partenariats plutôt qu’à faire cavalier seul. Les spécialistes de la technologie blockchain figurent parmi les cibles qu’ils privilégient, à l’image de l’alliance entre Microsoft et Ankr. La firme de Redmond prévoit d’intégrer les solutions du fournisseur d’infrastructures pour le Web 3 directement dans ses services cloud et sa place de marché Azure. Son objectif : fournir une rapidité d’exécution aux développeurs de solutions, leur permettant d’économiser du temps, de l’argent ainsi que leur énergie. En résumé, ce partenariat permettra aux utilisateurs des services de Microsoft de travailler sur des smart contracts (des programmes informatiques irrévocables, le plus souvent déployés sur une blockchain, qui exécutent un ensemble d’instructions prédéfinies) permettant des transactions de données et d’argent de manière sécurisée, tout en profitant d’une bonne ergonomie. Le financement sera le nerf de la guerre Amazon Web Services (AWS) a, lui, signé en janvier un partenariat majeur avec la blockchain Avalanche. Dans la foulée de cette annonce, le jeton natif de cette dernière avait gagné pas moins de 28% en une seule journée. Les développeurs clients de la division cloud du géant de l’e-commerce peuvent ainsi créer des nœuds dans Avalanche pour installer leurs solutions. Amazon apporte, en contrepartie, un soutien financier à la blockchain et met en avant des applications décentralisées qu’elle propose. Par ailleurs, le média spécialisé The Big Whale rapportait la semaine dernière que la firme de Seattle lancera le 24 avril une place de marché dédiée aux NFT et destinée au grand public. Face à la montée en puissance des Big Tech dans le domaine, des figures historiques de l’écosystème crypto appelent à une réaction rapide pour faire en sorte de conserver leur avance. « Si vous pouvez détrôner Facebook, Google et Twitter en tant que seigneurs de la connexion Internet, cela constitue en soi une énorme opportunité », avait déclaré Vitalik Buterin, co-fondateur de la blockchain Ethereum, dans un entretien à Bankless en décembre. Mais la puissance de feu des Gafam est inégalée. Google est, selon le cabinet Blockdata, l’acteur qui investit le plus dans ces innovations à l’échelle mondiale – la filiale d’Alphabet aurait injecté la bagatelle de 1,5 milliard de dollars entre septembre 2021 et juin 2022. Arthur Le Denn |
