Le crépuscule du retargeting ? Fini le temps perdu à cliquer éperdument sur des bandeaux de cookies, à consentir à des formulaires abscons et à être envahi par des fenêtres pop-up. La Cnil a publié jeudi 1er octobre ses « lignes directrices » sur le consentement à la publicité ciblée et l'utilisation des traceurs, plus de deux ans après l'entrée en vigueur du RGPD. Le gendarme français des données personnelles donne six mois aux éditeurs, et aux professionnels du marketing et de la publicité pour se conformer aux nouvelles règles. « Cela va avoir un impact visible dans le quotidien numérique des Français. [...] On attend une évolution des interfaces » de recueil du consentement, a annoncé Gwendal Le Grand, secrétaire général adjoint de l'autorité. Qu'est-ce qui va changer ? La Cnil souhaite que les opérateurs informent clairement les internautes sur la finalité des cookies et leur permettent de « tout refuser », ou de « tout accepter ». Pas d'entre-deux possible. « L'internaute doit pouvoir refuser les cookies aussi facilement qu'il lui est proposé de les accepter, comme l'a récemment jugé le Conseil d'État. La Cnil estime donc que lorsqu'un seul clic est requis pour "accepter les cookies" tandis que plusieurs actions sont nécessaires pour paramétrer un refus, il y a un risque que l'internaute, qui souhaite généralement accéder rapidement au site, soit influencé », indique-t-elle sur son site. L'impact sur le monde publicitaire Le secteur de la publicité en ligne se montre frileux, pour ne pas dire plus, quant aux nouvelles consignes. En effet, celles-ci risquent de pousser un nombre croissant d'internautes à refuser le pistage, entraînant de ce fait une chute de leurs revenus. « La publicité contextuelle rapporte beaucoup moins que la publicité ciblée en fonction des goûts et habitudes des internautes », note Les Échos. Étienne Drouard, l'avocat conseil de dix associations professionnelles du secteur, ne dit pas autre chose : « stocker durablement le refus va changer la donne économique ». La fin des cookies Ces mesures font écho à l'annonce par Google de l'élimination des cookies sur son navigateur Chrome d'ici à deux ans. Une décision annoncée début janvier, qui entraîne la refonte de l'écosystème publicitaire digital, et une réflexion sur l'avenir du retargeting. « Google, Criteo et d'autres acteurs de l'adtech explorent des alternatives respectueuses de la vie privée pour faire évoluer l'écosystème en remplaçant les échanges de cookies par des processus contrôlés par le navigateur ou par des tiers de confiance [gatekeepers] », analyse Hugo Loriot, ancien Sales Operations Project Manager Europe chez Google. | JUNGLE STORIES | Qui est le nouvel acheteur B2B ? Cette semaine, Story Jungle a discuté avec Virginie Charles, directrice communication et marketing d'EPLAN. La société - éditrice de logiciels à destination des bureaux d'étude en ingénierie - vit actuellement un pivot dans son modèle économique, justement parce que les usages des acheteurs B2B ont changé. Retrouvez ici la VOD de notre live sur LinkedIn. | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Instagram Direct et Messenger fusionnent. Cette union va permettre aux utilisateurs d'Instagram de communiquer directement, par le biais de messages privés, avec les internautes de Facebook, sans télécharger l'autre application ou passer par elle. Et vice versa. « Avec le temps, Facebook prévoit d'intégrer WhatsApp dans l'expérience, dans l'optique de consolider davantage son pouvoir de marché », commente TechCrunch. Pourquoi c'est un pavé ? L'objectif affiché de l'initiative est de proposer un écosystème plus sécurisé, vis-à-vis de la protection de la vie privée, mais aussi d'accroître l'engagement des utilisateurs. Le groupe cherche surtout à se doter d'un levier fort pour prendre des parts de marché dans l'e-commerce : « Cet immense service unifié de messageries pourrait ainsi servir de canal de promotion et/ou de diffusion d'offres pour les grandes marques », analyse Les Échos. Par ailleurs, le timing de cette démarche n'est pas anodin. La FTC (Federal Trade Commission) préparerait un dossier antitrust contre Facebook. Or, le fait de regrouper ses applications protège la société des régulateurs. Selon le « New York Times », « plus Facebook rassemble ses applications, plus il est difficile pour un gouvernement de le démanteler ». Pas bête. | UN FORMAT À LA LOUPE | | C'est la première « grande refonte » de LinkedIn en cinq ans. La plateforme professionnelle met les bouchées doubles et lance de nouvelles fonctionnalités, destinées à faciliter l'expérience utilisateur. Le réseau présente une interface plus moderne, avec « un nouveau design plus chaleureux et inclusif », et offre désormais la possibilité d'appeler un contact, de supprimer ou de modifier ses messages et d'utiliser les emojis. Par ailleurs, il sera désormais possible de lancer un appel vidéo sur Teams, BlueJeans ou Zoom directement à partir d'une discussion. Enfin, le lancement des Stories est officiel, au vu du succès rencontré pendant la période d'essai au Brésil, aux Pays-Bas, en Australie et en France. Pour certains, ces changements ne sont que cosmétiques : « On ne s'attaque ni aux bugs, ni aux améliorations de fond réclamées depuis longtemps par les utilisateurs. À quand une messagerie digne de ce nom, avec des dossiers de classement ? », s'interroge un utilisateur. Une réserve que partage Sandrine Matichard, Contents & Insights Director du HUB Institute : « La priorité devrait être l'amélioration du moteur de recherche qui n'est pas très bon. » Nous qui habitons sur LinkedIn – en tant que l'un des dix partenaires de contenus de la plateforme dans le monde (pub et disclosure à la fois) - on aime bien. Et puis qui va piano... | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Quand la qualité de vos vidéos laisse à désirer (crise de la COVID-19 oblige), il faut faire preuve d'imagination. C'est ce qu'a fait Google, avec « The Update », une série de vidéos avec des experts Google. Des dirigeants et des experts du secteur du marketing digital échangent leurs points de vue sur les grands sujets du moment : l'adaptation à la crise, les nouvelles tendances, la stratégie mobile first. Grâce à un habillage très quali, des animations subtiles, des textes vivants, les interviews vidéo facecam tournées avec un smartphone apparaissent sous un nouveau jour. La magie de l'artifice. | LE CONTENU QU'ON A AIMÉ FAIRE | | Comment se construisent les plus belles histoires de la French Tech ? C'est la question à laquelle s'attaque Franck Sebag (EY) dans son podcast « Grow Fast, Now What », réalisé par vos serviteurs. Dans le premier épisode, Franck tend son micro à Nicolas Brusson, CEO et cofondateur de BlaBlaCar, qui évoque la stratégie d'acquisition de la licorne, et sa recette pour réussir les M&A. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | 5 500 salles de fitness en Europe. 60 millions de pratiquants. 27 millions d'euros de chiffre d'affaires. Construire son corps est devenu un impératif, à l'ère du narcissisme exacerbé. C'est cette mode qu'explore avec humour et beaucoup de testostérone « Tous musclés », une série d'Arte en dix épisodes très courts. « Il y a sans doute ce désir dans cette construction musculaire de produire quelque chose comme une érection permanente du corps. Faire de son corps tout entier un pénis en érection », certifie l'anthropologue Jean-Jacques Courtine. D'accord... À côté des interventions d'économistes, historiens et acteurs du monde du bodybuilding, la série dévoile aussi des archives savoureuses : rappelez-vous, l'apparition (inopinée) du jeune Bernard Tapie en justaucorps rouge pétant au milieu d'une foule de « fit girls » admiratives. |
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