| Aux États-Unis, les États fédérés sont responsables de l’organisation des élections et chacun le fait à sa manière. Tous procèdent le même jour à l’élection non seulement du président, de la Chambre et du tiers du Sénat, mais aussi à celle des multiples élus locaux actifs dans les domaines les plus divers dans un pays où on n’a jamais renié la notion de la démocratie directe. Le résultat, vous le connaissez : un dépouillement chaotique et interminable. Ce qui n’est que du folklore prend une tout autre importance lorsque le résultat est contesté, comme en 2000 entre Gore et George W. Bush. Mais même si aucun problème majeur ne se pose, l’amateurisme du processus, son extrême décentralisation et le refus très anglo-saxon d’exiger un document d’identité dans certains États ouvrent la voie aux recours juridiques en cas de mauvais perdant. Trump entre évidemment dans cette catégorie : en 2020, ses partisans sont donc allés devant les tribunaux pour être déboutés 60 fois sur 61, et la Cour suprême, elle-même consultée, a refusé d’intervenir. Néanmoins, 70 % des républicains sont encore aujourd’hui convaincus qu’on leur a volé l’élection. En 2024, ce sera bien pire : les républicains ont mobilisé des équipes d’avocats qui ont commencé à assiéger les tribunaux avant même que le scrutin ne commence ; par ailleurs, ils ont pris le contrôle de nombreux comités locaux qui sont supposés valider le résultat du vote ; enfin, Trump répète que seul un trucage pourrait expliquer sa défaite, pendant qu’Elon Musk lui fait écho. Dans ce contexte, il est aisé de prévoir ce qui se passerait si Trump était donné perdant la nuit du 5 au 6 novembre. D’abord, il n’accepterait pas ce verdict et lancerait à ses partisans des appels passionnés incendiaires. Ensuite, il faut prévoir pendant des semaines des manœuvres juridiques et des déferlements de fausses nouvelles répercutées par X/Twitter. Que se passera-t-il ? Les tribunaux, accablés de recours, pourront-ils trancher dans les temps ? Que fera la Cour suprême, qui a déjà manifesté sa partialité en faveur de Trump ? Enfin, et surtout, assisterons-nous à un nouveau 6 janvier, en pire, peut-être dans un pays où tout le monde, en particulier parmi les républicains, est armé ? Craindre le pire n’est pas de l‘alarmisme. |
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