La conquête spectaculaire d'Alep par les rebelles soutenus par la Turquie menace tout le « croissant chiite » qui va de Téhéran à Beyrouth, fait vaciller le régime de Damas et place l'axe russo-iranien sur la défensive. La Syrie est la mauvaise conscience de l'Occident, le pays où le si mal nommé « Printemps arabe » de 2011 a le plus mal tourné. La guerre civile y a fait au bas mot 350 000 morts (certains disent 500 000) et a suscité une vague de réfugiés dont l'afflux en Europe n'est pas étranger à l'essor récent de l'extrême droite. L'indifférence de Barack Obama – suivi par David Cameron et François Hollande –, qui renia ses promesses et refusa d'intervenir en 2013 contre le régime qui massacrait son peuple au gaz sarin, a laissé le champ libre aux djihadistes. Le fiasco syrien a marqué une étape décisive dans la fin du « moment américain » qui avait suivi la chute de l'Union soviétique. Tirant les leçons de l'inaction de Washington, Vladimir Poutine s'est senti encouragé non seulement à intervenir en Syrie aux côtés d'Assad, mais aussi à agresser son voisin ukrainien en 2014, ouvrant la voie au conflit qui ravage l'Ukraine aujourd'hui. Luc de Barochez |
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