Chers lecteurs et chères lectrices de l'Expresso, Le jour de Noël, un pétrolier traînant son ancre au fond de la mer Baltique a sectionné un câble électrique, Estlink-2, reliant la Finlande et l’Estonie. À l’époque, les responsables européens avaient déclaré que cet incident n’était qu’un nouvel exemple du comportement malveillant de la Russie dans la mer Baltique. Selon eux, la Russie se serait engagée dans une guerre de provocation discrète contre les pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en s'appuyant sur sa flotte fantôme de pétroliers pour endommager des câbles de données et d’électricité. Comme l'expliquent Aurélie Pugnet et Nikolaus J. Kurmayer, il s’avère que ce n’était là qu’une partie de l’histoire. Pour comprendre les véritables intentions de la Russie, il faut remonter à l’ère de l’Union soviétique, où les États baltes et une grande proportion de l’Europe de l’Est dépendaient de Moscou. Cette domination prenait notamment la forme d'une politique connue sous le nom de « synchronisation des pays baltes », qui consistait à rattacher ces territoires au réseau électrique russe via la Pologne. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée le jour de Noël 1991, elle a laissé derrière elle un anneau de câbles à haute tension reliant les centrales nucléaires de Leningrad (Saint-Pétersbourg) à la Biélorussie et aux pays baltes. À ce jour, les réseaux de l’Estonie, de la Lituanie et de la Lettonie restent connectés à la Biélorussie et à la Russie, mais cette page sera définitivement tournée au début du mois de février : les pays baltes couperont le cordon avec le réseau électrique russe. Le processus de découplage devrait coûter environ 1,6 milliard d’euros, dont 75 % seront pris en charge par l’UE. Si le sabotage de gazoducs et de câbles est considéré comme une « attaque hybride », de tels actes sont difficiles à attribuer de manière certaine à un coupable étatique, et les gouvernements occidentaux n’ont que peu d’options pour punir les auteurs. En réponse à la mésaventure de Noël, les dirigeants de l'OTAN ont annoncé hier, un nouveau train de mesures pour faire face à de futures dégradations. Le plan doit permettre d'établir des lignes directrices juridiques et de rationaliser les efforts de réparation des câbles. Merci à tous et à toutes pour votre fidélité, bonne lecture ! Pour nous partager une information, un commentaire ou simplement nous dire bonjour, écrivez-nous sur X ou à [email protected]. Sarah N'tsia Éditrice de l'Expresso |