Nvidia voit midi à sa porte. La prise de parole de son directeur de la technologie, Michael Kagan, dans le journal britannique The Guardian ce week-end, a irrité les aficionados de cryptos. Il y déclare que ces dernières « n’apportent rien d’utile à la société »… faisant fi de la fortune qu’a amassée le concepteur de puces électroniques grâce aux commandes des mineurs ces dernières années. En effet, les cartes graphiques Nvidia ont été largement adoptées pour générer la puissance de calcul nécessaire à la validation des transactions sur les blockchains. Brider le minage Un rappel s’impose : l’entreprise a précédemment été accusée par la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés américains, d’avoir dissimulé l’importance de la contribution du minage à ses revenus. Un constat valable pendant plusieurs années, avant un retournement fin 2021. Il faut dire que Nvidia est allée jusqu’à lancer une gamme spécifique à cet usage début 2021 : les Cmp Hx. Ces cartes ont été commercialisées lorsqu’émergeait la pénurie de semi-conducteurs. Elles visaient à fournir des composants moins généralistes – et moins chers – que les cartes graphiques habituelles. Si elles optimisent la consommation du minage, elles offrent cependant moins de puissance de calcul. Les prix des produits Nvidia avaient explosé sous le poids de la demande provenant des mineurs de cryptomonnaies… laissant souvent les gamers, qui ont toujours constitué son cœur de cible, sur le carreau. Pour forcer les professionnels des cryptos à adopter son modèle dédié, Nvidia a choisi de brider les capacités de calcul de sa gamme de puces graphiques phare. « Les pilotes logiciels sont conçus pour détecter des attributs spécifiques de l’algorithme d’extraction de la blockchain Ethereum et limiter le taux de hachage d’environ 50% », expliquait alors l’entreprise. Au-delà des jeux vidéo, c’est maintenant l’intelligence artificielle qui a les faveurs de Nvidia. Microsoft a acheté à l’entreprise des dizaines de milliers de cartes graphiques il y a deux semaines, afin de poursuivre le développement de l’agent conversationnel ChatGPT d’OpenAI. Michael Kagan, qui argue que les cryptos se sont « effondrées » en raison de leur faible valeur ajoutée, avance que l’IA et les chatbots servent davantage l’humanité. Il aurait été de bon goût de rappeler que Nvidia, qui rechigne depuis toujours à mettre ses meilleures technologies à disposition de la communauté crypto, n’a pourtant jamais refusé l’argent que celle-ci était prête à débourser pour mettre la main sur ses puces. Arthur Le Denn |