La lettre des pouvoirs de L’Express, 20 mars 2025 | |
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le Parti pris | L'art de la réforme selon Edouard Philippe | |  par Paul Chaulet Journaliste politique "Etre prêt à des compromis, être prêt à des radicalités." Depuis sa mairie du Havre, Edouard Philippe dévoile au printemps 2024 sa conception de l’exercice du pouvoir. Elle serait un mélange d’audace et de tempérance. Contradiction de celui qui souhaite embrasser toutes les qualités ? Subtilité de celui qui mesure la complexité de la charge élyséenne ?
Par petites touches, le maire du Havre esquisse les contours de sa méthode d’action pour 2027. Il y a cette promesse de "transformations massives", à rebours d’une Assemblée enkystée. "Je suis candidat à la présidence de la République pour redonner vie à la puissance française", lançait-il ce dimanche 16 mars lors d’un meeting à Lille. L’édile se pose en miroir inversé de François Bayrou, incarnation supposée de l’immobilisme. Et tant pis si le Premier ministre raille en privé sa volonté de "brutaliser la société". "Il n’y a pas de majorité pour cela. C’est le contraire de ce que je pense", lâche-t-il.
L’ambition législative se veut dense. Elle cohabite avec une stratégie prudente, où le compromis est roi. Edouard Philippe souhaite le bâtir avec l’ensemble des forces politiques du bloc central. Le présidentiable mesure la solidité de la tripartition de la vie politique, issue de l’irruption du macronisme. Alors, il plaide pour une coalition allant de la "gauche mitterrandienne à la droite conservatrice". "Aujourd’hui on a un bloc Nupes et un bloc RN, il faut donc organiser le bloc central", confiait-il, clinique, en 2023. "Il trace ce chemin pour être rassembleur, car il sera difficile d’obtenir des majorités absolues dans les années à venir", soutient un fidèle. Ses partisans louent le réaliste Philippe, qui appréhende une scène politique réelle et non fantasmée. Bruno Retailleau, apôtre du clivage gauche-droite, déplore plutôt son fatalisme.
Edouard Philippe a la réputation de se placer volontiers du côté des sachants. Il compte pourtant construire un compromis avec le peuple. Si le Normand entre à l’Elysée, il organisera trois référendums en même temps que des élections législatives anticipées, consécutives de la dissolution de l’Assemblée nationale. Ces consultations porteront sur les retraites, "l’organisation administrative" du pays et autoriseront le gouvernement à légiférer par voie d’ordonnances en matière d’éducation, de justice ou de santé. L’idée peut sembler incongrue. L’élection présidentielle ne sert-elle pas justement à purger les grands dossiers du pays ? Nicolas Sarkozy théorisait ainsi son hostilité au référendum lors de la campagne présidentielle de 2007. "Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : 'Excusez-moi, j’ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet ?"
Sauf que la France a changé. Edouard Philippe juge que l’élection suprême n’enduit plus son vainqueur de la même légitimité politique qu’avant. L’émergence du Rassemblement national, conjugué à une méfiance croissante envers la classe politique, a changé la nature du scrutin. "Le président est élu au deuxième tour par des Français qui ont parfois voté plus contre son adversaire que pour lui", a-t-il noté à Lille, mettant en garde contre un "mensonge intéressé". Non, ces électeurs ne valident pas à cette occasion le programme du premier tour. D’où la nécessité de donner au chef de l’Etat une seconde couche de légitimité. Le compromis avec le peuple est ici le préalable à toute réforme d’ampleur. Il en est même la condition. Encore faut-il remporter le vote, au risque de mettre un terme prématuré au quinquennat. "Cette proposition responsabilisera les Français. Il y a moins de risque à perdre ce référendum que d’être bloqué dans votre ambition de réformes", défend le secrétaire général d’Horizons Pierre-Yves Bournazel. L’idée résume l’ambivalence de la méthode Philippe. Ici, un projet d’ordonnances - symbole de verticalité et de rapidité - pour transformer le pays. Là, sa validation populaire en amont - emblème d’horizontalité - pour se prémunir de tout blocage. Radicalités et compromis. Un cadre Renaissance sourit de cette feuille de route : "Comme dans toute l'histoire de la droite, cela risque de finir à l'inverse. Radicalité dans la méthode, compromis sur le fond." Charge à Edouard Philippe de tenir sa ligne d'horizon. | |
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Notre-Dame: Dati insiste Rachida Dati a voulu revoir Monseigneur Laurent Ulrich, l’archevêque de Paris. La ministre de la Culture n’a pas renoncé à le convaincre de faire payer aux touristes la visite de Notre-Dame, une idée qu’elle avait émise à l’automne mais qui avait heurté le diocèse de Paris, attaché au principe de « gratuité du droit d’entrée dans les églises et les cathédrales ». La cathédrale accueille, depuis sa réouverture, environ un million de visiteurs par mois. | > Retrouvez les indiscrets de L'Express |
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