À partir de ce lundi, le passe sanitaire devient obligatoire pour environ 1,8 millions de salariés, travaillant notamment dans les lieux où le précieux sésame est déjà demandé aux clients. Un véritable casse-tête pour certains employeurs, angoissés à l’idée de contrôler quotidiennement leurs salariés ou de suspendre les collaborateurs récalcitrants. Témoignages. Léa Salamé nous a donné rendez-vous dans un petit troquet parisien où elle a visiblement ses habitudes. Elle s'installe, commande un allongé, croise les bras. "Pourquoi un portrait sur moi ? Je ne suis quand même pas un perdreau de l'année." On baragouine un début de réponse, elle répète gentiment : "Encore un article ? Pour quoi faire ?" Difficile de la contredire. Depuis son irruption dans le paysage audiovisuel, moult articles ont été écrits sur la journaliste, déroulant une mythologie personnelle qui revient comme une ritournelle. Dans ces "marronniers-Salamé", qu'elle développe avec la mécanique de l'habitude, on compte : la fuite de sa famille du Liban en 1984, avant de s'installer dans le XVIe arrondissement de Paris ; les attentats de 2001 à New York, où elle voit, alors étudiante, "les gens tomber" ; celui auquel son père échappe deux ans plus tard, au siège de l'ONU à Bagdad. "Evacuez-les vite", conseille-t-elle. Soit, mais une fois les figures imposées passées, le mystère Salamé reste entier. Dans une tribune parue dans L'Express, le sociologue Michel Wieviorka juge que "la France n'est pas envahie par le 'wokisme' !". Selon lui, les comparaisons entre les Etats-Unis et notre pays ne tiennent pas, et la menace "woke" serait grandement exagérée par des militants conservateurs. "La pensée conservatrice est digne d'intérêt quand elle est cohérente, qu'elle envisage de grands problèmes avec hauteur de vue, qu'elle est exigeante, avec elle-même comme avec ses adversaires. Quand elle mobilise des connaissances solides, une conceptualisation rigoureuse. Et qu'elle évite les métaphores médicales qui pathologisent les questions sociales plutôt que de les aborder sur le fond. L'offensive de l'"anti-wokisme" est loin de répondre à de tels critères", écrit-il notamment. Bonne lecture, merci de votre fidélité, et n'hésitez pas à faire connaître notre lettre quotidienne autour de vous. |