« Noël était la grande fête de l'année, celle qui devait marquer les mémoires. Les bas de laine au pied du lit. Le petit-déjeuner quand chacun avait sa chaise surchargée de cadeaux. Puis la sortie de l'église à toute allure, et le retour précipité pour continuer l'ouverture des paquets. À 14 heures, le repas de Noël, volets baissés, avec décorations scintillantes et lumières, mais pas trop -, du turbot, de la dinde bouillie et de la dinde rôtie, puis un gros rosbif de contre-filet. Suivaient un pudding, des tartelettes de Noël et un diplomate truffé de menus objets cachés : pièces de six pence, petits cochons en argent, bagues, boutons de col, et tout le reste. Après cela, un nombre incalculable de desserts. [...] Enfin, tout au long de l'après-midi, on sortait du magasin des poignées de papillotes de chocolat selon les préférences de chacun. Ai-je le souvenir d'avoir jamais été malade le lendemain ? Eu de crise de foie ? Absolument pas. [...] Après un après-midi de délicieuse inactivité - pour les adultes, s'entend : les jeunes, eux, lisaient des livres, regardaient leurs cadeaux, mangeaient encore des chocolats -, on servait un thé extraordinaire, avec un grand gâteau de Noël glacé au sucre en plus de tout le reste. Vers 21 heures, c'était le sapin, avec encore davantage de cadeaux suspendus aux branches. C'était un jour merveilleux, vraiment, un jour dont on se souviendrait jusqu'à ce que Noël revienne, l'année suivante. »
🎄 Extrait de Noël à Abney Hall, tiré du recueil Sous la glace d'Agatha Christie |