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Dans ce numéro, nous répondons aux nombreux lecteurs qui se questionnent sur l'utilité du port du masque dans tout l'espace public. Pourquoi porter un masque en extérieur, alors qu'il semble que le risque de contamination y est plus faible ? Quel est le sens de porter un masque lorsqu'on est seul dans une rue de Toulouse ou de Strasbourg ?

Notre journaliste Louis Boy a soumis ces interrogations à des infectiologues et des épidémiologistes, qui nous donnent les clés pour comprendre la complexité du débat.
 
 
Imposer le port du masque dans tout l'espace public est-il vraiment utile ?
 
 
 
 
par Louis Boy
le vendredi 4 septembre
 
Marseille, Paris, Toulouse, Strasbourg... Si vous habitez en ville, il y a de fortes chances que vous ayez expérimenté le port du masque obligatoire à l'extérieur. Pas seulement lors des attroupements ou sur les marchés : dans tout l’espace public. Peut-être faites-vous partie de cette grande majorité de Français qui se disent favorables à sa généralisation partout dans le pays, comme le montre un sondage paru dimanche dernier. Peut-être êtes-vous de ces lecteurs qui nous ont interpellés ou interrogés sur le sujet : porter un masque en permanence, même dans un parc, même seul dans une rue déserte, même quand on ne fait que croiser des passants, est-ce vraiment nécessaire ? Nous avons posé la question à des scientifiques — leur réponse est plus complexe que celle des pouvoirs publics.

"Une des rares choses qu'on sait avec certitude, c'est que les milieux clos sont plus à risque que les milieux ouverts", résume à franceinfo l'infectiologue Anne-Claude Crémieux. Deux travaux sont souvent cités pour étayer cette affirmation : au Japon, l'étude de 111 cas de Covid-19 évalue que le risque de contamination était 18,7 fois supérieur en intérieur ; en Chine, une revue de 318 foyers d'au moins trois contaminations n'en a identifié aucun en extérieur (ces deux articles sont cependant des publications préliminaires, qui n'ont pas été revues par des pairs).

Quelques rassemblements extérieurs ayant provoqué des contaminations viennent bien à l'esprit, comme le carnaval de Gangelt, en Allemagne, mais le fait qu'ils soient une poignée est significatif. Et c'est le port du masque en dehors des regroupements de masse qui constitue le sujet du moment. A ce propos, Anne-Claude Crémieux concède que "ce n'est pas la personne qui passe à côté de vous dans la rue qui va vous infecter".
 
Un risque impossible à évaluer, mais un risque quand même
 
En revanche, les fameux "contacts rapprochés" (à moins d'un ou deux mètres et pendant plus de 10 minutes), particulièrement dangereux, peuvent aussi se produire dehors. C'est là que les points de vue divergent. "Il n'y a pas d'incertitude sur l'existence du risque, ni sur l'efficacité du masque, estime Anne-Claude Crémieux, il y en a une sur le niveau du risque." Yazdan Yazdanpanah, infectiologue et membre du Conseil scientifique, estime qu'il ne faut pas chercher une réponse en noir et blanc. Comme l'illustre une étude récente du British Medical Journal, le risque varie selon un certain nombre de facteurs : "la densité de personnes, le fait que l'endroit soit bien ventilé ou pas – même en extérieur –, que les personnes parlent fort ou chantent..." Être dehors ou dedans n'est qu'un de ces facteurs, même s'il est important, estime-t-il.

L'épidémiologiste Martin Blachier, qui ne cache pas son opposition au masque en extérieur, pense que, même lors d'une longue conversation dehors, une contamination est "quasi impossible", car l'air ne stagne pas comme en intérieur. Surtout, même si ce scénario était plausible, il serait "épisodique" et "négligeable", considère celui qui plaide pour lutter avant tout contre les foyers de contaminations multiples (comme les fêtes privées en appartement ou les réunions de famille), vrais responsables de la dynamique de l'épidémie. Il est par ailleurs, comme ses collègues, favorable au port du masque en entreprise.

Risquez-vous de contaminer votre voisin si vous discutez avec lui quelques minutes dans la rue sans masque, à l'écart de la foule ? Vous l'aurez compris, la question fait débat. Et les connaissances scientifiques manquent, pour l’instant, sur ce sujet. On peut étudier la répartition des clusters (qui se trouvent surtout en intérieur) ou encore tester la capacité des masques à réduire la circulation du virus (qui fait l'unanimité). Mais "les études cliniques, où on suivrait deux groupes, l'un portant le masque et l'autre non, sont peu nombreuses et forcément réalisées en milieu fermé", explique Anne-Claude Crémieux. En milieu ouvert, trop de facteurs extérieurs pourraient paralyser les résultats. "Il faut être humble : personne n'a les moyens de chiffrer le risque en extérieur", conclut l'infectiologue.

Face à ce doute, imposer ou non le port du masque dans tout l’espace public devient un calcul entre les avantages et les inconvénients. Martin Blachier en voit surtout les écueils. S'il pense que l'obligation sera respectée et qu'elle "rassure", il estime aussi que beaucoup de gens – vous en faites peut-être déjà partie – "vont chercher des endroits où ils peuvent l'enlever". C'est-à-dire en intérieur, dans le cercle privé, "là où ils ne risquent pas d'amendes". Mais où le risque de contamination est plus élevé.

 
“Raisonner en principe de précaution”
 
Porter un masque en permanence, c'est être certain de l'avoir au moment où il devient nécessaire, estime Emmanuel Rusch, épidémiologiste lui aussi : "Tout seul à l'extérieur, il n'y a bien sûr aucun risque et pas tellement de raisons de porter le masque. Mais dans une zone densément peuplée, vous n'êtes pas à l'abri de croiser des gens en tournant au coin de la rue."

"Il est plus simple, en termes de pédagogie, de dire : portons le masque partout", ajoute Yazdan Yazdanpanah, pour qui cette contrainte, certes pénible, reste "un moindre mal". C'est aussi l'avis d'Anne-Claude Crémieux, pour qui le contexte impose de "raisonner en principe de précaution" : "Il est légitime de faire tout ce qu'on peut pour arrêter ce virus." Même si, à ses yeux, c'est aux autorités de trancher quand il n'y a pas de réponse scientifique évidente.

Les scientifiques que nous avons consultés s’accordent en tout cas tous sur un point : la contrainte pourrait être mieux expliquée au public. Pourquoi cette obligation et pourquoi maintenant ? "Il persiste toujours des incertitudes et il y a une part d'arbitraire, il faut le dire", juge Yazdan Yazdanpanah. Pour lui, il est aussi plus simple de convaincre s'il y a une "cohérence" des règles dans des villes qui présentent des situations similaires. Ce qui n'est pas toujours le cas, concernant le port du masque pour les cyclistes, par exemple.

Se prononcer pour l'obligation du masque en extérieur ne veut enfin pas dire accepter cette contrainte sans conditions. "Quand on restreint la liberté des gens, ça doit pouvoir être discuté, temporaire et révisable dans le temps", plaide Emmanuel Rusch, qui regrette que les préfectures n'annoncent jamais de date de fin de la mesure, quitte à la repousser, comme ce fut le cas pour le confinement. Celui qui préside le Comité de contrôle et de liaison Covid-19, chargé d'impliquer les citoyens dans la prise en charge de l'épidémie, espère surtout que le contrôle se fera avec "discernement", et "qu'on ne viendra pas embêter quelqu'un qui n'aurait pas son masque dans un lieu où il n'y a personne". Une recommandation qui devrait faire l'unanimité chez les lecteurs qui nous ont interrogés.
 
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