Fidèles adeptes, La sagesse populaire dit qu’au bout de trois fois, on peut considérer que les choses existent, donc voilà, c’est officiel, la newsletter est revenue. Elle est ressuscitée. Ce sera l’occasion de vous donner des nouvelles de mes névroses, de nos merveilleux podcasts et de notre joyeuse vie de bureau. Alors voilà, c’est parti : Quand je suis devenue mère, ça a été la totale : flot d’amour blablabla, force du lien blablabla, terreur, baby blues (en vrai le mot exact c’est dépression) et fin de l’insouciance. Mais dans le lot il y avait aussi le sentiment de toute puissance. Je ne parle pas de la puissance de la Femme avec un grand F qui communie avec Gaïa, et le grand ventre cosmique, parce que la vie est en elle, parce qu’elle est la vie, non, je parle du sentiment bien dégueulasse de la toute-puissance qu’on a du jour au lendemain sur un petit être effroyablement dépendant et vulnérable. C’est d’autant plus flippant qu’au fur et à mesure l’enfant se met à vous adorer. Vous êtes la septième merveille du monde, quelque chose entre Dieu et HAL 9000. Vous êtes la beauté, vous avez la meilleure odeur, le savoir universel, le pouvoir de guérir les blessures, d’apaiser la peur, de consoler les chagrins…Vous êtes Madonna et Beyoncé, le pape et Dark Vador. Et c’est justement le côté obscur du truc qui est intéressant. C’est la tentation qu’on peut avoir d’exercer cette toute puissance, de tester l’effet de la grosse voix, des gros yeux, du chantage et parfois de la violence. Le plaisir de faire s’abattre la colère divine. Une fois, j’ai donné une claque à mon fils. Je m’en souviens parfaitement, presque physiquement. L’énervement, l’impatience, la colère, la décision, le geste, l’impact, la sensation de pouvoir, de satisfaction et de défaite (puis la culpa colossale et la honte éternelle). Ce sont un peu ces questions que les autrices de ce mois-ci ont voulu se poser. Qu’est-ce qui se passe quand I’ve got the power, comme disait Snap en 1990 ? |