Samedi 19 juillet 2025

En toute liberté

Chaque samedi, l'actualité vue par le rédacteur en chef

Frédéric Lelièvre
CEO et rédacteur en chef de L’Agefi

Libérer l’innovation financière

Le bitcoin a atteint un record, mais ce sont les multiples utilisations de la blockchain qui ne cessent de surprendre. En bien.

Une cryptomonnaie à vous faire peur. Le frankencoin, en clin d’œil à Frankenstein, a franchi cette semaine une étape potentiellement importante pour son développement. Ce stablecoin est désormais accessible sur le portail neuchâtelois Mt Pelerin, comme l’explique Johannes Kern, le directeur de l’association éponyme qui a développé cette monnaie virtuelle, dans une interview avec ma collègue Sophie Marenne. 

Les investisseurs étrangers en quête de valeur refuge ou de diversification pourraient être intéressés par cette devise virtuelle naissante adossée au franc. Même s’il n’y est pas relié comme le tether peut l’être au dollar, pour une raison réglementaire. Le franc reste en effet sous le contrôle complet de la Banque nationale suisse (BNS). Cette annonce constitue cependant le dernier exemple d’une longue série qui atteste de l’intérêt pour ce nouveau type de devise, directement échangeable en marge des circuits monétaires traditionnels. 

  

Les stablecoins ont bénéficié d’un tournant réglementaire majeur. Jusqu’ici très prudent, le Congrès américain a adopté deux lois qui en faciliteront le développement. Un troisième texte allant dans ce sens a été voté à la Chambre des représentants et doit à présent être examiné par le Sénat. Ces changements tiennent à la dynamique insufflée par Donald Trump. Les voix critiques retiendront, avec raison, que le président américain instrumentalise le législatif puisqu’il a lancé sa propre devise numérique lui permettant de lever des centaines de millions de dollar. Cependant, le marché des crypto adossées à de «vraies» devises connaît un essor impressionnant, que nous avons raconté en mai dernier. Les nouvelles conditions cadre des Etats-Unis leur permettront de conserver leur avance (l’énorme majorité des stablecoins s’appuient sur le billet vert). Et alors que l’Union européenne met en œuvre sa réglementation (appelée MiCA), la Confédération prend du retard… 


Pourtant, l’intérêt s’observe aussi en Suisse, et pas forcément là où on l’attend. Ma collègue Laure Wagner détaille ainsi plusieurs utilisations étonnantes de la blockchain, la technologie sous-jacente à ces innovations financières. Médecins sans frontières (MSF), le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) ou encore l’Unicef (le fonds de l’ONU pour l’enfance) s’y essaient afin de récolter de nouvelles ressources. Une manne bienvenue à l’heure où tous les pays, et en particulier les Etats-Unis, réduisent leur budget en faveur de l’aide internationale. Il est donc temps pour Berne de libérer l’innovation financière afin que la Suisse bénéficie de tout son potentiel. 

  

Coïncidence ou pas, ces nouveaux outils monétaires prennent de l’ampleur alors que le locataire de la Maison-Blanche s’emploie à affaiblir le dollar. Par sa politique commerciale, sa politique budgétaire et par ses attaques contre la Réserve fédérale (Fed). Rien d’étonnant que le bitcoin, devise numérique de référence – adossée à aucun autre actif – ait vu son cours franchir un nouveau record, lundi à plus de 123.00 dollars. Comme le souligne mon collègue Alain Bucher, la reine des cryptomonnaies s’est appréciée de 25% par rapport au billet vert depuis le début de l’année (mais de moins de 10% face au franc). L’instabilité créée par Donald Trump place de plus en plus le bitcoin parmi les actifs de réserve, et ce de manière assez inattendue si l’on considère la genèse de cette devise électronique. 


La fin de l’indépendance de la Fed – un scénario qu’on ne peut plus écarter, tant Donald Trump paraît en étudier sérieusement la faisabilité – accélérerait encore la chute du dollar. J’ai expliqué pourquoi, si ce projet aboutit, le président américain commettrait une erreur historique, dont les conséquences ébranleraient toute la planète finance. «Oncle Sam, you’re fired», préfère en rire Pécub, notre dessinateur. 

  

Enfin, découvrez le premier volet de notre série consacrée à dix entrepreneurs qui ont su convaincre les investisseurs en levant d’importants capitaux ces derniers mois. Ils nous racontent l’importance de leur réseau. Premier épisode avec Riad Sherif, CEO de la biotech vaudoise Oculis. 


«En toute liberté» reprendra le 22 août, bel été à toutes et tous, et merci pour votre lecture fidèle. Vous pouvez continuer de m’écrire à [email protected]. 

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D’autres grands noms de la cote publieront leurs chiffres, à l’image de Givaudan mardi, Nestlé jeudi ou encore SGS vendredi. Nous verrons dans quelle mesure la guerre commerciale menée par les Etats-Unis pèsera sur leurs activités. 

Enfin, l’Union européenne et la Chine tiendront jeudi un sommet qui marquera les 50 ans de leurs relations diplomatiques. Une réunion qui s’annonce tendue, sur fond de différends commerciaux et politiques, en raison du soutien de Pékin à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.