Florilège de printemps - Voici QWERTZ #156

Marc Pautrel, Un merveilleux souvenir, ed. Gallimard, 88 p.

Le merveilleux souvenir en question, c’est celui d’une famille aujourd’hui atomisée par un conflit indicible. Comme en creux d’un manuscrit refusé, trop sujet à procès, Marc Pautrel rassemble en un bref roman tout ce qu’il est en droit de dire sur ces proches qui lui ont été soustraits. Par l’écriture, sa sœur cadette, ses nièces et ses grands-parents lui sont restitués dans le souvenir d’un temps heureux. Un cri du cœur à la pudeur admirable. NJ

Pierre Escot et Hubert Renard, Dimensions Variables, ed. Art & Fiction, 310 p.

Que voilà une satire réaliste jubilatoire, un regard désopilant posé sur le monde de l’art. Dans cette jungle parisienne, que les auteurs fréquentent assidûment et connaissent par cœur, nous apparaît une faune bigarrée de spécimens encombrés d’un ego démesuré à la recherche, qui de la reconnaissance, qui de l’œuvre ultime, qui du droit à disparaître. Ce livre protéiforme où se télescopent délicieusement fragments de journal intime, poèmes, descriptions d’œuvres parfois saugrenues, scènes de vernissages foireux et autres réflexions sérieuses sur l’art, ne vise qu’à répondre à cette question : qu’est-ce qu’une œuvre réussie ? Sans hésitation, ce roman ! PC

POÉSIE

Violaine Bérot, Nuits de noces, ed. La Contre Allée, 96 p.

Romancière aguerrie dans l’art d’emprunter la voix de personnages très divers, Violaine Bérot choisit ici le vers libre pour donner la parole à… sa propre mère. Dans un chant vif et fiévreux, la narratrice célèbre la puissance d’un amour plus fort que tout, capable de défroquer le prêtre dont elle s’éprend, capable de transcender la vieillesse, la maladie et le deuil. Simple et bouleversant. NJ

ROMAN

Naomi Krupitsky, La famille, trad. Jessica Shapiro, ed. Gallimard, 400 p.

Dans le New York des années 30, Antonia et Sofia, toutes deux nées de pères mafieux, partagent une indéfectible amitié et des rêves d’indépendance. Mais s’émanciper de leur famille, et de la Famille, n’est pas chose aisée et implique de douloureux sacrifices. Avec ce premier roman, la romancière américaine Naomi Krupitsky brosse une large fresque familiale et historique sur fond de guerre mondiale, de petits trafics et de violence. Le destin tourmenté de ses attachantes héroïnes rappelle si besoin est que le territoire des femmes était alors terriblement limité. MH