Fils spirituel de la place de marché Amazon et de la livraison à domicile façon Uber, le quick commerce (commerce rapide) comptait bien s’imposer rapidement dans notre quotidien. Après l’achat de livres, d’électroménager, puis de repas en ligne, faire ses courses quotidiennes en ligne aurait dû naturellement basculer à son tour vers la sphère virtuelle.
Techniquement, tout était prêt. L’écrasante majorité des citoyens possède une connexion internet à domicile, au travail et même dans la poche grâce à son smartphone. L’acte d’achat en ligne s’est banalisé. Grâce à la livraison de repas, les grandes villes regorgent de livreurs capables d’assurer, en moins de 30 minutes, une livraison point à point.
Mieux encore, si acheter un livre, un ordinateur, ou s’offrir un restaurant, restent pour la plupart des consommateurs des actes ponctuels, les produits de première nécessité sont utilisés au quotidien – et par l’ensemble de la population. Le marché potentiel du quick commerce est donc, virtuellement, l’ensemble de la population urbaine : 53 millions de personnes en France, 550 millions en Europe et plus de 4 milliards sur l’ensemble de la planète.
Mais, depuis quelque temps, les vents contraires s’accumulent. Presque tous les acteurs sont au bord du gouffre financier. Après avoir allègrement brûlé l’argent des investisseurs, ils risquent de se retrouver à court de liquidités. La France pourrait même donner le coup de grâce à ce secteur naissant avec une nouvelle régulation qui va rendre plus difficile l’inauguration de nouveaux locaux et menacer les implantations existantes.
Un modèle idéal… sur papier
Le quick commerce a rapidement aiguisé l’appétit des investisseurs. Petites et grandes structures ont réussi à valoriser auprès des banques et des actionnaires leurs modèles d’affaires en faisant miroiter une croissance insolente et une profondeur de marché inédite dans l’histoire de la vente de détail.
Pour maximiser la rentabilité de l’activité, les acteurs du quick commerce ont parié sur un modèle semi-centralisé dans lequel des points de dépôt situés dans les zones les plus densément peuplées stockent les marchandises les plus populaires. Après une commande en ligne sur ordinateur ou smartphone, les clients peuvent retirer leurs colis sur place selon le mode du click and collect popularisé durant le COVID-19, ou se faire livrer par coursier.
Ce modèle permet d’optimiser les coûts logistiques et de ne pas faire des lieux de stockage des établissements recevant du public. Ainsi, la masse salariale est réduite aux activités logistiques (pas d’encaissement, d’accompagnement des clients, de gestion des vols et des accidents), et les contraintes règlementaires sont allégées.
La France vient toutefois de condamner ce modèle idéal. De leur côté, les grandes banques ne semblent plus y croire. Et les clients peu enclins à l’adoption du service… La digitalisation massive de nos achats du quotidien n’est certainement pas pour tout de suite. Je vous explique pourquoi ici…