Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 25 juin 2025. | |
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L'EDITO | Fessenheim : l’illusion du redémarrage | |  par Sébastien Julian Rédacteur en chef adjoint Climat-Transitions Jean-Philippe Tanguy n’en démord pas. Pour le député RN, un redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim reste possible. Son parti fait même de cette résurrection un impératif national, espérant l’inscrire dans la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) qui fixe les objectifs énergétiques du pays pour les dix prochaines années. Les experts de l’atome sont pourtant unanimes : il est trop tard. Invoquer les spectres du passé ne rime à rien. Emmanuel Macron pouvait encore agir lors de son premier quinquennat afin d’éviter la fermeture du site. Moyennant des investissements conséquents, les réacteurs auraient pu être préservés.
Malheureusement, la France a laissé passer le train et privé le pays de 1,8 gigawatt de puissance électrique décarbonée. Ironie du sort, aux Etats-Unis, la centrale de Three Miles Island s’apprête à reprendre du service. Comme toujours, l’Amérique fait preuve de pragmatisme. Du côté de Fessenheim, en revanche, les opérations de démantèlement ont commencé. La turbine a été enlevée. Mais c’est surtout le lessivage chimique du circuit primaire qui rend tout espoir de redémarrage impossible. Cette opération de nettoyage, destinée à rendre l’installation moins radioactive, a généré des dégâts. Résultat, il faudrait passer au crible des milliers de kilomètres de tuyaux afin de répertorier et réparer les failles. Une tâche herculéenne.
Qu’importe pour les cadres du RN, qui doutent toujours autant de la parole des experts. Le plus inquiétant dans cette affaire ? Le camp présidentiel n’écoute pas non plus la voix de la raison sur les questions énergétiques. La fermeture de Fessenheim était une erreur manifeste. L’amateurisme continue : un document récent émis par la Direction générale de l’énergie et du climat, et censé faire de la pédagogie sur la future PPE, omet plusieurs des alertes majeures formulées par les institutions scientifiques. Il passe sous silence les risques de surcapacité ou encore les fragilités croissantes du réseau électrique.
"Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien entre la science et l’Etat", déplore Henri Wallard, l’ancien directeur général de l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, et auteur de Mensonge d’Etat : imposture écologique (Fayard, 2025). Pauvre France. Ce pays a depuis longtemps les atouts pour devenir un champion mondial du nucléaire. Or son avenir énergétique n’est toujours pas assuré. | |
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