Quelle année ! On voudrait penser que 2021 ne peut être que meilleure. Ce ne sera pas le cas sans votre action et votre soutien !
Une crise sanitaire crée une crise économique, qui peut dégénérer en crise financière – le lobby financier n'allait pas laisser passer une si belle histoire ! Les banquiers se sont présentés à la fois comme des héros (« nous allons sauver l'économie ») et des victimes (« pauvres de nous, nous avons besoin de soutien »). Et ça a marché :
la Banque centrale européenne a fourni aux banques de la liquidité à taux négatif (un cadeau qui vaut des dizaines de milliards d'euros) tout en affaiblissant sa condition de prêt aux ménages et à l'économie ;
les gouvernements ont émis des garanties de crédit afin que les banques puissent prêter quasiment sans risque tout en pratiquant les taux d'intérêt qu'elles souhaitent, parfois sans plafond ;
plus inquiétant encore, le lobby financier a réussi à reformuler fallacieusement ses demandes habituelles de déréglementation au nom de la relance COVID-19. Des « quick fix » - ajustements rapides à la réglementation existante - se sont mis à pleuvoir sur Bruxelles ; les « mesures de relance par les marchés des capitaux » ont été votées (avec notamment la titrisations synthétique au secours des PME - il fallait oser) et un plan d’aide aux banques leur permettra de se décharger de leurs créances douteuses et d'être recapitalisées par l'État, comme en 2007-2008.
Comme de nombreuses grandes entreprises, les banques font aussi la queue pour bénéficier de la manne financière de la Facilité pour la reprise et la résilience, qui offre entre autres de profitables opportunités de partenariats public-privé (PPP) et promet des subventions à diverses activités commerciales.
Pendant ce temps, les petites entreprises et les ménages fragiles sont confrontés au risque de surendettement, beaucoup d'entre eux étant déjà plongés dans la détresse psychologique et la précarité.
Nous pouvons changer le cours des choses ! Dressons-nous ensemble, citoyens et société civile, contre le modèle économique des quatre dernières décennies qui a une énorme responsabilité dans la création des conditions de cette pandémie.
Il est temps de changer la finance pour mieux reconstruire nos sociétés. Utiliser la relance pour transformer notre système économique et financier pourrait être notre meilleure (et dernière ?) chance d'éviter un changement climatique catastrophique, de construire une société juste et d’en finir avec la domination d'un secteur financier surdimensionné.
Avec votre engagement et votre soutien, en 2021, nous pouvons :
modifier les règles budgétaires de l'UE pour empêcher le retour de l'austérité et “reconstruire en transformant”
soutenir les travailleurs et protéger les ménages contre le stress et la peur du surendettement - quoi qu’il en coûte
empêcher la poursuite de la "déréglementation COVID" et s'élever contre les cadeaux indûs au secteur financier
rendre les banques et les assurances entièrement responsables de leurs risques lorsqu'elles soutiennent les énergies fossiles.
Au milieu des souffrances, la crise du Covid-19 nous offre également une opportunité. Les plans de relance pourraient être un outil puissant pour définir une direction nouvelle et plus durable pour l'Europe.
C'est d'autant plus important que cela semble être l'une de nos dernières chances de lutter contre la crise climatique.
Le rapport sur les écarts d'émissions de l'ONU 2020 a conclu qu'une relance économique à faible émission de carbone pourrait réduire de 25% les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 et placer le monde près d'une trajectoire de 2 ° C – mais seulement si les pays mettent la décarbonisation au centre de leurs politiques économiques.
Dans cet esprit, les experts de Finance Watch ont examiné de près le dispositif phare de l'UE à savoir le plan de relance Next Generation EU (NGEU) de 750 milliards d’euros – et plus particulièrement son noyau dur, la Facilité pour la Reprise et la Résilience (FRR). Comme vous vous en doutez, la FRR a pour but de promouvoir l'emploi et la croissance, mais ne se préoccupe guère de savoir si les emplois et la croissance seront liés ou pas à des activités économiques durables.
Cela aboutit à ce que nous appelons un paradoxe reprise-résilience : un retour à la normale ne sera pas résilient.
Les dirigeants de l'UE viennent de conclure un accord sur le paquet de relance, et les plans de relance nationaux sont en cours de finalisation. Il est essentiel que les gouvernements visent à transformer l'économie dans le cadre de leurs plans. Nous appelons les gouvernements à suivre nos « 10 principes pour une relance durable ». Consultez le rapport complet (30 pages) ou la synthèse de 2 pages en français, anglais, allemand ou italien.
Naviguer dans le nouveau monde : crypto-actifs, stablecoins et CBDC
Le marché des crypto-actifs n'est plus une niche et a connu une croissance phénoménale : lorsque le premier Bitcoin a été émis en janvier 2009, il a déclenché une avalanche de nouvelles émissions. À ce jour, il y a plus de 7700 crypto-actifs en circulation, pour une valeur totale déclarée d'environ 525 milliards de dollars américains.
Notamment depuis que Facebook a annoncé des plans pour sa propre ‘monnaie numérique’ en 2019, les politiciens ont réalisé qu'ils devaient agir rapidement pour mettre à jour les cadres juridiques pour les « jetons de valeur stable » (« stablecoins ») et autres types d'actifs cryptographiques.
En septembre de cette année, la Commission européenne a présenté une proposition de règlement sur les marchés de crypto-actifs (MiCA) afin de mettre fin au ’Far West‘ non réglementé pour les stablecoins et autres crypto-monnaies.
C'est, à notre avis, une initiative très bienvenue, mais la proposition ne parvient pas à fournir une cohérence juridique et réglementaire ainsi qu'une protection solide pour les investisseurs et les clients. Les régulateurs sont trop concentrés sur le maintien de la flexibilité et de l'ouverture à de nouvelles innovations technologiques et commerciales.
De leur côté, les banques centrales avancent leurs propres plans pour les monnaies numériques des banques centrales (CBDCs). La Riksbank suédoise a lancé un projet pilote pour une CBDC, la ‘e‑Krona’, tandis que la BCE se trouve dans une phase de pré-enquête en vue du lancement éventuel d’un euro numérique.
Le 25 novembre 2020, nous avons organisé une conférence en ligne avec une poignée d'experts pour discuter de ces initiatives et des opportunités et risques liés à la transition numérique du secteur financier de l'UE. Vous pouvez visionner l’enregistrement vidéo de la conférence (en anglais) et télécharger notre note d'information (en anglais).