Malgré sa soudaine chute de 5%, mardi, le bitcoin gagne toujours 138% sur un an et s’affiche à plus de 66.200 dollars, ce mercredi. L’ether, jeton de la blockchain Ethereum, a connu une baisse légèrement plus forte hier et il ne progresse « que » de 82% depuis avril 2023. La deuxième capitalisation du marché (16% avec 397 milliards de dollars) est en retrait depuis la relance du secteur. L’ether n’a d’ailleurs pas dépassé son record de 2021 (4.868 dollars) durant le rally que nous connaissons, alors que le bitcoin l’a franchi (69.000 dollars) à plusieurs reprises.
Etonnant pour une blockchain que beaucoup voyaient comme une alternative plus écologique à son aînée. Ethereum fonctionne en effet par « preuve d’enjeu », c’est-à-dire que les validateurs mettent sous séquestre une certaine somme (32 ETH) pour avoir le droit d’inscrire les nouvelles transactions dans le registre. Tandis que Bitcoin fonctionne par « preuve de travail » : les validateurs doivent résoudre un concours de calcul pour obtenir ce privilège.
Une nouvelle mise à jour qui laisse de marbre
Conséquence : la consommation électrique d’Ethereum représente une part infinitésimale de celle de Bitcoin. Cette innovation a été rendu possible par une mise à jour en 2022, mais plusieurs problèmes persistaient néanmoins, notamment les frais de transaction. Ils répondent principalement à la loi de l’offre et de la demande et dépendent de la taille des règles liés à l’opération. Ils sont régulièrement dénoncés pour leur coût important, qui peut s’élever à quelques dizaines de dollars. Cependant, « sauf pic d’activité, ce qui coûte cher n’est pas de transférer un ether d’un portefeuille A à un B, mais de convertir l’actif numérique ou de transférer des jetons conçus sur l’infrastructure Ethereum, notamment des stablecoins », explique Daniel Villa Monteiro, directeur pédagogique d’Alyra, l’école blockchain et auteur d’Alice au pays des cryptos. Car sur le protocole se sont créés de nombreux actifs numériques et programmes dits de « deuxième couche » [layer 2].
Des mises à jour sont prévues et une a déjà eu lieu le 13 mars 2024 : « Un deuxième marché a été créé pour les frais de layer 2 et on observe déjà une forte baisse des frais, sur Arbitrum par exemple », explique Stanislas Barthelemi, senior manager crypto et web 3 chez KPMG. Autrement dit, les frais de transaction des cryptomonnaies construites sur la structure Ethereum doivent maintenant être distincts, mais restent néanmoins corrélés.
Cette mise à jour, dite « Dencun », n’a cependant pas suscité un fort enthousiasme. Au contraire, les investisseurs semblent avoir vendu la nouvelle : l’ether étant retombé depuis largement en-dessous du seuil symbolique des 4.000 dollars. Nul doute aussi que le reflux du côté bitcoin pèse sur le cours. Enfin, la commercialisation d’ETF ether spot aux Etats-Unis se fait attendre, ce qui ne joue pas en faveur de cette cryptomonnaie. Elle a cependant prouvé qu’elle était capable d’évoluer rapidement sur le plan technique. La question est maintenant de savoir si elle va rattraper son retard, mais ce n’est peut-être qu’une question de perspective : sur 5 ans, il gagne 1.800%, contre 1.200% pour le bitcoin.
Rémy Demichelis