C'est sans doute LA photo symbole de ce début d'année 2025. L'explosion d'un pick-up « Cybertruck », une espèce de gros tank électrique moche conçu par Tesla, juste devant un hôtel de Donald Trump à Las Vegas... Le pire du pire du délire consumériste américain avec les 3 tonnes de masse de ce bolide qui passe de 0 à 100 en 2,6 secondes, une bête d'acier à l'esthétique et l'utilité discutable, remplie d'essence et de mortiers d'artifice par un dingue qui s'est suicidé d'une balle dans la tête avant de déclencher son engin infernal, sans faire d'autres victimes heureusement. A trois semaines du discours d'investiture de Donald Trump à Washington pour son retour à la Maison Blanche, et quelles que soient les motivations de l'inconnu de Las Vegas, dont l'acte désespéré semble sans lien avec l'attentat terroriste qui a frappé la Nouvelle-Orléans, ce feu d'artifice donne le ton d'une nouvelle année dont les augures sont bien sombres. Quel meilleur cygne noir pour un monde à la dérive. Stagnation, voire récession en Europe dont plusieurs démocraties majeures, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France traversent une instabilité politique chronique, avec des élections à venir au moins dans les deux premiers pays et peut-être les trois si Emmanuel Macron en décide ainsi... Arrivée au pouvoir d'un président américain ultra-nationaliste qui donnera le « la » au reste du monde à partir de son intronisation le 20 janvier, avec une nouvelle poussée protectionniste. Une Chine au ralenti qui freine la croissance mondiale et se prépare à contre-attaquer aux tarifs douaniers américains par une politique commerciale encore plus agressive en Europe... L'horizon n'est pas rose. Plus encore qu'en 2024, la géopolitique et la technologie seront en 2025 les deux moteurs pour un monde bien malade. Donald Trump a dit qu'il arrêtera la guerre en Ukraine « en un jour », mais il n'a pas dit lequel... Pour l'heure, en Europe, il faut se préparer à une nouvelle hausse des prix du gaz cet hiver en raison de l'arrêt total du transit en provenance de Russie via l'Ukraine. Et Trump, qui n'est pas philanthrope, compte bien profiter de cet avantage pour proposer plus de gaz naturel liquéfié à l'Europe, en échange du maintien du bouclier sécuritaire américain. Deal ? Devenu un des plus proches de Donald Trump, le fantasque patron de Tesla, Elon Musk démarre lui aussi l'année en fanfare, au son de l'explosion de son cybertruck. Dans une série de tweets sur son réseau social X, il soutient ouvertement une victoire de l'AfD, l'extrême-droite allemande, aux élections législatives de février et le « brexiter » Nigel Farage contre Keir Starmer, le Premier ministre travailliste britannique. Le tout au nom de la défense d'un Occident qu'il voit menacé par le wokisme et le déclin. C'est le même Elon Musk qui veut prendre en main la tronçonneuse de l'Argentin Javier Milei pour s'attaquer à la tête du DOGE (Department of government efficiency) à des coupes drastiques dans les dépenses de l'Etat fédéral. Seule différence, mais de taille avec les conservateurs nationalistes au pouvoir à Washington, Musk, d'origine sud-africaine, ne veut pas remettre en cause les dispositifs qui ont permis d'attirer dans la tech américaine les talents étrangers. Peut-être le germe d'une lutte de pouvoir entre les « trumpistes » historiques et les libertariens de la Silicon Valley, dont l'alliance n'est que de circonstances. En attendant le choc des Maganomics, l'Europe continue de s'enfoncer dans le décrochage économique. On le voit dans l'intelligence artificielle, mais aussi dans l'industrie traditionnelle comme l'automobile. 2024 a été une année noire pour les équipementiers automobiles en Europe, pris dans le bourbier de la transition vers la voiture électrique. Avec des modèles de plus en plus chers, les ventes d'automobiles se sont effondrées en France et on est loin de la Norvège, où plus des trois-quarts des immatriculations sont électrifiées. Si elle échappe, pour l'instant, à la récession, la France voit depuis la dissolution de juin et plus encore depuis la censure du gouvernement Barnier s'évaporer tous ses espoirs de reprise économique. Le premier acte d'Eric Lombard, le nouveau patron de Bercy, à la recherche de compromis sur les finances publiques, sera de réviser à nouveau à la baisse la prévision de croissance de ses prédécesseurs. Au printemps dernier, Bruno Le Maire espérait un « élan économique puissant » pour 2025 et 2026 en tablant sur une croissance de 1,7% Révisé à 1,1% cet automne par Antoine Armand, le rythme espéré de l'activité sera encore inférieur, ce qui ne va pas faciliter la réduction des déficits publics. Au mieux, François Bayrou compte les ramener à 5,4% du PIB, soit 0,4 points de plus que Michel Barnier. La censure aura donc coûté entre 10 et 12 milliards d'euros au grand Livre de la dette. Les grandes entreprises et les ménages aisés peuvent dire « merci » à Jean-Luc Mélenchon et à Marine le Pen puisque les hausses d'impôts ciblées qui leur étaient destinées ne pourront pas s'appliquer aux revenus de 2024. En revanche, mauvaise nouvelle pour les épargnants, les gros comme les modestes : le Modem et la gauche pourraient bien s'entendre pour relever de 30% à 33% le taux de la flat tax. Un début de démantèlement de l'héritage fiscal d'Emmanuel Macron dont on peut se demander ce qu'il restera après les deux ou trois prochains budgets, lorsqu'il faudra, parce qu'il le faudra bien, payer la facture de ces années d'errance budgétaire... Les épargnants français sont de fait les dindons de la farce puisque de tous les indices boursiers mondiaux, l'indice CAC 40 est le seul à avoir fini 2024 dans le rouge, la faute encore une fois à la dissolution manquée. Pas sûr que le mea culpa discret du président de la République lors de ses vœux les console. De toutes façons, ils le savent bien, ils seront les premiers à se faire tondre... Prochaine étape prévisible, la remise en cause des avantages de l'assurance-vie serait dans les tuyaux à Bercy. Bonne année...
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