Eoliennes, algues et crustacés « Not in my backyard ! » Comme beaucoup d’autres projets d’infrastructures lourdes considérés majoritairement comme utiles par l’opinion publique, l’éolien en mer se heurte régulièrement à de fortes résistances sur les sites où il doit être implanté. Pour des raisons objectives. Mais aussi fantasmées. Ainsi, il est erroné de penser, comme le laissent croire des informations circulant sur Internet, que les prix des maisons à proximité d’un champ d’éoliennes en mer chuteraient de 25 à 50%. Selon l’Ademe, qui a enquêté sur le sujet, la baisse moyenne in situ avoisinerait les 2%. Sans que l’on puisse d’ailleurs l’imputer avec certitude à l’implantation d’un de ces parcs. Qui plus est, la loi prévoit des mesures de compensation financées par les porteurs de projets, en vue par exemple de la rénovation énergétique des logements. Concernant les dommages sur la biodiversité, ce type d’installation aurait aussi un effet moins délétère que les opposants ne l’affirment. Certes, le temps de la mise en place, les écosystèmes sont perturbés. Mais après coup, les fondations en béton produiraient une sorte d’« effet récif » favorable au développement d’une faune variée. C’est ce qu’attestent les travaux de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique, qui surveille depuis 2008 les quatre parcs éoliens installés sur son territoire marin. Les scientifiques ont pu d’abord constater l’arrivée de crustacés. Puis de leurs prédateurs, les crabes et les poissons. Un consortium d’entreprises belges est d’ailleurs en train d’étudier la possibilité d’installer des élevages de moules entre les éoliennes. De quoi compenser la fermeture de ces zones aux pêcheurs. Dans un autre genre, Amazon vient d’annoncer qu’il allait investir 1,5 million d’euros aux Pays-Bas pour créer la première exploitation de production d’algues située dans un parc éolien. Bref, même si tout n’est pas idyllique, le développement de l’éolien en mer ouvre des perspectives pouvant compenser les nuisances produites. Pour autant, la bonne question est : a-t-on vraiment le choix ? |