Un certain chaos politique s’est installé en France depuis la victoire du Rassemblement national aux élections européennes et surtout depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale. Des formations historiques ont éclaté. Celles qui rêvent du pouvoir continuent de promettre des lendemains qui chantent. Pour le moment, leurs programmes économiques risquent surtout de faire rapidement déchanter les Français. La réaction des marchés financiers ne dit rien d’autre. En une semaine, l’indice CAC 40 a perdu plus de 6% de sa valeur. L’écart entre les rendements obligataires français et allemand s’est nettement creusé. Sans oublier l’euro, qui s’affaiblit à nouveau contre le dollar et encore plus face au franc. Les Français ont des raisons d’être en colère contre leur gouvernement. Leur pays cumule déficit budgétaire et déficit commercial. S’y ajoutent les prélèvements obligatoires: 46% du PIB, le niveau le plus élevé des pays de l’OCDE (la Suisse est à 27%). Les efforts de libéralisation de l’économie par le président Macron peinent à convaincre, et tardent à produire leurs effets. Le temps long des réformes ne résiste pas à celui, toujours plus court, de la politique. Cette situation inquiétante n’épargne pas la Suisse. La nouvelle envolée du franc, si elle persiste, mettra sous pression sa compétitivité. Un souci de pays riche, me direz-vous. C’est vrai, mais les Suisses ont aussi de bonnes raisons d’être en colère. Les coûts de la santé en sont une. La solution étatiste prônée par l’initiative sur le plafonnement des primes malade a heureusement été rejetée dimanche passée. Merci aux Alémaniques, qui saisissent mieux les enjeux économiques que les Romands. Cependant, le problème demeure et appelle une réaction rapide. Une autre préoccupation grandit sans que le politique ne s’en saisisse fermement. Il s’agit de la pénurie de logements qui prend toujours plus d’ampleur comme nous l’expliquons dans le premier volet d’une série d’articles sur ce sujet. Les chiffres sont édifiants, et l’immigration importante n’explique de loin pas toute cette situation. Le nombre de mises de logements sur le marché est au plus bas depuis… 20 ans. Le prochain volet sera consacré à la hausse des prix, à la location comme à l’achat. Puis nous aborderons les solutions, qui heureusement ne manquent pas. Ne pas les mettre en œuvre se traduira, tôt ou tard, par des votes de protestation dans les urnes, avec à la clé également une poussée de populisme. Ces problèmes en France et en Suisse me rappellent une réflexion d’un conseiller de l’ancien président américain Bill Clinton, «it’s the economy, stupid». Autrement dit, la santé de l’économie détermine le résultat des élections. Avant de vous laisser, une dernière réflexion sur la réunion du G7 cette semaine en Italie. Les Etats-Unis et leurs alliés ont convenu d’utiliser les intérêts des avoirs russes gelés en représailles à la guerre de Moscou contre Kiev. Bien sûr, il convient de soutenir financièrement l’Ukraine. Cependant, le respect de l’Etat de droit, fondement des démocraties, permet-il de s’emparer ainsi de capitaux étrangers pour une bonne part détenus par des personnes privées? Centre mondial de la gestion de fortune, réputé pour sa stabilité juridique, la Suisse gagnerait à réfléchir à deux fois aux conséquences de telles mesures, avant de s’aligner sur la position de ses partenaires historiques. |