Dans la fabrique de l’espace et des sociétés contemporaines, le retour au symbolique, aux valeurs spirituelles et, finalement, au sacré est indéniable. Le sacré constitue une base qui cimente nos sociétés confrontées aux multiples crises qui interrogent la fragilité du monde. Les acteurs de l’aménagement du territoire, les êtres humains dans leurs pratiques quotidiennes, intègrent ainsi des valeurs non matérielles dans leurs décisions. Le sacré, multiforme, en perpétuelle redéfinition, est ainsi un agent géographique d’autant plus efficace qu’il n’est pas toujours conscientisé par les acteurs du territoire.
Les huit articles réunis proposent des approches extrêmement diverses et mobilisent tout un ensemble de concepts originaux ouvrant de nouvelles perspectives de recherche au croisement inédit de méthodes entre géographie, anthropologie, histoire ou ethnologie, mais aussi de comparaisons entre pratiques similaires, ou aires culturelles différentes.
Natures sacrées et territoires des sorcières écoféministes : l’exemple de l’investissement magique et politique de Starhawk - Anne Jégou
Nos années 2010-2020 nous ramènent aux années 1970-1980 des écoféministes, des sorcières et du sacré : Starhawk, sorcière écoféministe californienne, incarne cette traversée transatlantique des époques. Au-delà des critiques, comment situer et lire sa pensée en géographie, l’analyser au regard des natures sacrées et de leurs implications territoriales, pour nourrir une réflexion paradigmatique en géographie culturelle de l’environnement ? Starhawk articule dans une pensée originale nature sacrée, magie et empowerment horizontal.
Cette livraison de Langages qui porte sur la voix en tant que vecteur de nos émotions s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire, puisque le thème est investi aussi bien par les sciences du langage que par les neurosciences, les sciences dites « affectives » ou les sciences de la nature. Il y est question de la voix chez les humains et les primates non humains, de la voix chantée ou parlée, qu’elle émane de situations diverses, expérimentales ou authentiques, parfois même dramatiques (quand la voix est analysée dans des corpus constitués d’appels dans des services d’urgence ou de régulation médicale). La voix émotive et la prosodie émotionnelle étant par nature multifactorielles, comme le montrent les contributions à ce numéro, leur étude convoque de multiples domaines de notre discipline, allant de la phonétique à la didactique du FLE, en passant par la syntaxe ou le traitement automatique des langues. Mais elle invite aussi à une réflexion nourrie sur la dimension transculturelle du phénomène et sur les frontières entre l’humain et l’animal.
Marquage de l’intensité émotionnelle en français parlé : quand la syntaxe fait entendre sa voix
Anne Lacheret-Dujour
Notre étude comportementale porte sur le rôle de la structuration syntaxique du message (ordre des mots et fonction du champ gauche) dans la perception des émotions en français. 80 phrases (40 négatives, 40 positives) ont été présentées à 44 sujets de langue maternelle française pour évaluer leur intensité émotionnelle.
Proposant des études de cas consacrées à des compétitions sportives internationales qui se sont tenues entre les années 1880 et 1980, ce numéro porte l’ambition intellectuelle d’examiner les multiples dimensions des compétitions sportives internationales, qui occupent une place importante dans l’histoire de nos sociétés contemporaines, mais restent souvent ignorées des synthèses historiques.
L’objectif de ce numéro est notamment de souligner un double processus. D’une part, ces événements participent activement à la mondialisation économique et culturelle telle qu’elle s’opère depuis deux siècles environ. D’autre part et dans le même temps, ils constituent des lieux privilégiés de contestation, voire d’opposition vis-à-vis des puissances établies, en particulier de la part de mouvements sociaux (locaux, nationaux ou transnationaux) qui les utilisent pour plaider leur cause. Si les Jeux olympiques sont des catalyseurs, ils peuvent aussi être des repoussoirs pour des acteurs qui, en proposant des alternatives, contestent les valeurs qu’ils représentent.
Des Jeux olympiques en temps de crises. Pour une histoire économique et touristique de l’essor du ski alpin autour de Saint-Moritz (années 1930 – années 1970)
Sébastien Cala, Grégory Quin
Cet article s’inscrit dans le sillage de l’appel à « reconstituer la vie affective d’autrefois » lancé par Lucien Febvre, mais aussi dans celui des travaux de Barbara Rosenwein sur les « communautés émotionnelles » et de ceux de William M. Reddy sur les « emotives » et les « régimes émotionnels ». Le but de cet article est d’interroger la place des émotions et des sensibilités lors des débats sur la peine de mort et sa réalisation à travers les concepts de « communautés émotionnelles » et de « régimes émotionnels ».
Les populismes – dans leur interprétation aujourd’hui dominante de droite – peuvent-ils au moins partiellement être définis ensemble, et quels effets pourraient-ils avoir en matière de relations internationales ? Bien différents des références des années 1930 trop souvent convoquées, ils se caractérisent globalement par une revendication de souveraineté totale vis-à-vis de l’extérieur et, en interne, par une affirmation d’antagonisme irréductible entre « eux » – les élites, les étrangers… – et « nous » – le peuple, indépassable, et toujours raisonnable.
L’éclatement du monde « unique » que symbolisait la mondialisation et l’ambiance de plus en plus diffuse des phénomènes populistes dessinent une réalité et une perception : celles d’un monde de plus en plus segmenté, aux acteurs méfiants, tentés plus souvent de recourir à la force ou à son exhibition – bref d’un monde plus tenté par la violence, symbolique ou réelle.
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De la violence bien réelle qui ravage Israël et Gaza, peut-on parler politiquement ? En tentant d’imaginer une sortie du long tunnel de l’horreur ?
Le destin d’Israël, la sécurité des Israéliens, dépendent à la fois des pressions qui seront exercées sur eux – au premier chef par les États-Unis et leurs alliés arabes de la région – et de leur propre conversion : de la reconnaissance que les Palestiniens sont un peuple et que leur malheur même les forge comme peuple. À ce titre, et au moins à ce titre, Israël porte la responsabilité de deux peuples.
Israël-Palestine : une seule solution, les deux États
Élie Barnavi
Formulée dès 1937, la solution du partage en deux États s'est perdue au fil des guerres israélo-arabes, de la colonisation des territoires occupés, de l'échec des accords d'Oslo et des stratégies de gouvernements israéliens d'abord soucieux de rapprochement avec certains régimes arabes. Or, cette solution est la seule aujourd'hui imaginable. Les nombreux obstacles qui s'y opposent peuvent être franchis si les États-Unis et leurs alliés décident de l'imposer aux Israéliens et aux Palestiniens.
Les attaques du 7 octobre 2023 puis la réponse israélienne sur Gaza éclairent dramatiquement l'absence continue de solution pour la coexistence de deux peuples sur un même territoire. L'hypothèse d'un État unique est rejetée des deux côtés. Mais la géographie de la colonisation israélienne rend presque impossible l'inscription territoriale d'un État palestinien. Sauf à modifier profondément, par une décision israélienne sous pression internationale éventuelle, l'implantation coloniale en Cisjordanie.
Sécheresses inédites, périodes de chaleur intense, feux de forêt, hausse du niveau de la mer, transformation accélérée des écosystèmes... Chacun peut désormais mesurer les effets tangibles du défi climatique dans l’hexagone et bien au-delà. Ce défi climatique engendre une mutation pluri factorielle, à la fois progressive et profonde, des modèles de société sur le long terme que l’on qualifie communément désormais de transition.
Plus que jamais, les modèles territoriaux de développement et les processus d’action publique afférents sont entrés dans une ère de transitions au pluriel, sans que l’on mesure encore très bien la temporalité et l’intensité des changements à opérer.
Expérimenter la transition socio-écologique dans les territoires urbains : les trajectoires différenciées de deux communes du Grand Paris
Nathalie Blanc, Caroline Gallez, Éléonore Genest, Diego Antolinos-Basso, Jean Chiche, Hugo Rochard
Depuis les années 2010, des initiatives de la société civile se déploient dans les domaines de l’environnement et de l’économie sociale et solidaire. Elles constituent un ensemble hétérogène de collectifs qui se saisissent de problématiques socio-environnementales dont les porteurs estiment qu’elles sont insuffisamment prises en charge par les pouvoirs publics. Les actions engagées sont diverses : amélioration du cadre de vie, protection de l’environnement, alimentation saine, recyclage, réemploi, mobilités douces, énergie renouvelable.
Ce dossier de la revue Carrefours de l’éducation vise moins à célébrer un homme, Gérard Vergnaud, qu’à mettre en lumière son œuvre avec une mise en perspective des retombées de ses idées dans plusieurs domaines, tels que la recherche en éducation et formation et plus particulièrement l’éducation à la santé ou encore le domaine de la santé publique. Les diverses contributions de ce numéro convoquent plusieurs concepts de la théorie des champs conceptuels en montrant tant leur évolution que leur adaptation à des contextes différents de ceux qui ont donné origine à sa construction. Il s’agit plutôt d’une sorte de fresque conceptuelle et contextuelle issue notamment des travaux d’auteurs plus ou moins proches de Gérard Vergnaud, profondément marqués par son œuvre. Ce dossier a ainsi comme objectif principal de présenter, de façon parfois partielle, les nombreux développements scientifiques et professionnels qui peuvent être puisés dans le champ de l’apprentissage, dans celui du développement, de la didactique disciplinaire et de la didactique professionnelle.
L’évolution départementale du nombre d’élèves de primaire et du nombre d’écoles du 1er degré en France métropolitaine
Éric Fardet
Cet article propose d’étudier, à l’échelle départementale de la France métropolitaine, la variation du nombre d’écoles et l’évolution des effectifs d’élèves de l’enseignement primaire entre 1816 et 2021. Au xixe siècle, l’augmentation du nombre d’élèves se situe dans un contexte de baisse globale de la fécondité française, engagée depuis la fin du xviiie siècle et accompagnée par de vastes migrations intérieures. Sur le temps long de deux siècles, peut-on identifier des dynamiques comparables entre des groupes de départements ?
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