Dahl aux lentilles - Voici QWERTZ #148

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Dahl aux lentilles
FRANCESCO BIAMONTE
La polémique littéraire du moment, ce sont les modifications apportées aux textes de Roald Dahl dans la nouvelle édition anglaise de Puffin. A en croire une portion considérable des commentateurs : c’est de la censure woke, point barre.
De l’autre côté, il y a celleux ( ;-) ) pour qui on a tout à gagner à dépoussiérer des textes aimés mais vieillis, que l’on veut continuer à donner à nos enfants.
D’autres relèvent une logique commerciale : il s’agit de faire en sorte que Roald Dahl continue à faire gagner des sous. En tout état de cause : ce ne sont ni des terroristes, ni des idéologues qui ont réclamé quoi que ce soit devant des tribunaux : ce sont les éditeurs et les héritiers de Dahl qui ont fait ce choix.
Mais alors, c’est la droite universaliste et libérale – peu suspecte de radicalisme woke – qui conteste la liberté des ayant-droits de gagner de l’argent comme ils l’entendent avec les biens dont ils disposent ? Tandis qu’à gauche, on sacrifierait l’exigence intellectuelle au marché ? Quel script étrange.
Il y aussi aussi les traducteurices qui disent qu’en retraduisant, iels ( ;-) ) cherchent comment inscrire d’anciens textes dans leur temps. Le respect de l’auteur serait donc de savoir le réinterpréter. Il y a, au contraire, des féministes pour qui c’est faire trop d’honneur à Roald Dahl que de dissimuler sa misogynie et sa grossophobie désormais manifestes.
C’est bien cette polémique. On va (peut-être) finir par comprendre quelque chose à la redéfinition des camps. Parlons-en – quitte à essuyer quelques injures avec sérénité !
En attendant, moi, avec mon côté gentillet et ma manie de trouver des accords au milieu des désaccords, je crois qu’on peut toustes (j’arrête les smileys) se mettre d’accord sur un point : il faut continuer à écrire et lire de nouveaux livres, des livres de notre temps. En voici quelques-uns !
Bonnes lectures et bonnes écoutes!

JE M'INSCRIS !

DESARMANT
Haut les mains

Dans le désert tactile du confinement, la journaliste Claire Richard s’est inquiétée de la construction sensorielle de son enfant nouveau-né. Un questionnement qui l’a amenée à remonter le fil archéologique de nos gestes, de la naissance à la mort, et de ce langage qu’ils constituent.
Par Francesco Biamonte

HALETANT
L'évaporée

Pourquoi Natsumi a-t-elle disparu ? Pour Akira, chargé d’enquêter sur ce cas qui en apparence ressemble à tant d’autres, la question prend une ampleur inattendue au fil des pages d'Une disparition, nouveau roman de Daniel Bernard qui prend l’allure des « Shinkansen », ces trains à grande vitesse qui font la gloire du Japon.
Par Philippe Congiusti

MILITANT
Animal aimé

Eurydice vit à Ecatepec, banlieue de Mexico City où une forêt de câbles électriques tutoie les oiseaux innombrables et les pyramides de Teotihuacán et où les féminicides atteignent des sommets. Ecoféminisme, animalisme et véganisme sont au centre de ce roman de Camille Brunel où s’engager signifie se mettre en danger.
Par Céline O’Clin

MERITANT
Les 70 ans du Livre de Poche

2023 marque le 70e anniversaire des éditions Le Livre de Poche. Alors que des auteurs comme Gracq ou Michaux n'en voulaient pas à ses origines, craignant une dégradation de leur œuvre, d’autres, comme Giono ou Cocteau, ont pressenti un puissant instrument de diffusion culturelle. Béatrice Duval, actuelle directrice du Livre de Poche, en retrace l'aventure.
Par Frédéric Mamaïs/ld

ROMAN
Andreï Makine, L'ancien calendrier d'un amour, ed. Grasset, 198 p.
D’une guerre mondiale à l’autre, le nouveau roman d’Andreï Makine conte le destin de Valdas, Russe blanc bringuebalé sur la scène grotesque d’un siècle meurtrier. Seule éclaircie dans cette vie marquée par la guerre et l’exil, le souvenir tenace de son amour pour Taïa, trafiquante de tabac rencontrée dans des circonstances romanesques. Entre romantisme hugolien et ironie slave, l’écriture poétique de Makine fait merveille dans ce récit vif aux charmes intemporels. NJ

JEUNESSE
Fleur Oury, La saison des provisions, ed. Les Fourmis Rouges, 40 p.
L’hiver est rude pour Fauve et Jonquille, deux écureuils roux, qui, comme tous leurs congénères, ont oublié où ils avaient caché leurs réserves de glands. Alors que le printemps fait son apparition, le duo décide qu’on ne l’y reprendra plus, et organise une joyeuse cueillette, entouré de toutes les créatures de la forêt. Fleur Oury fait le choix du stylo feutre pour cet album joliment coloré et réconfortant, aux allures d’histoires du Père Castor. A dévorer au goûter, dès 3 ans. EI

NOUVELLE
Jean Prétôt, Dunsimi, ed. Le Poisson Volant, 16 p.
Troisième volet des "Voyages immobiles", série de dix nouvelles illustrées par Silvain Monney, Dunsimi nous met en présence de trois générations évoquant l'exil et la migration, à travers les souvenirs erratiques d'un grand-père d'origine nigériane. Un récit allusif et sensible, à découvrir dans un élégant leporello cartonné, assorti d'une lecture en musique proposée par Jean-Samuel Racine (composition) et Pierre Crevoisier (voix). NJ

CAPTIVANT
"La vie à peu près" de Lola Lafon

Voilà vingt ans que Lola Lafon publie. Et son premier roman, Une fièvre impossible à négocier, semblait contenir son œuvre à venir : une héroïne qui avait passé son enfance en Roumanie, victime dʹun viol, rejoignait un squat dʹactivistes dʹextrême gauche. La politique, le corps des filles, lʹaction collective sont au cœur du travail de lʹautrice qui a ainsi construit une œuvre singulière, mêlant personnages réels et fictifs, et toujours attire lʹattention sur ce que nos sociétés refusent dʹentendre. Une série de 5 entretiens à réécouter en podcast.
Par Sylvie Tanette

« La dépression est comme une femme vêtue de noir. Si elle arrive, ne l'expulsez pas: invitez-la à table ... » disait Carl Gustave Jung. Ainsi le fait l’écrivaine Dunia Miralles quand Anubia, Dame Blanche de son trouble de la personnalité, se présente à elle. Dans l’attente du diagnostic d’un spécialiste, elle met sur papier les fragments de sa vie quotidienne : sensations étranges induites par son mental, l’amour et le soutien que lui apporte son compagnon Orlando, les difficultés rencontrées avec les psychiatres. L'autrice neuchâteloise évoque au micro d'Anne-Laure Gannac son nouveau livre, Le baiser d'Anubia (ed. Torticolis et Frères).
RTS-La Première, Vertigo, ma 21 février

Et si nous réfléchissions à notre relation à la « nature » en interrogeant le regard que nous portons sur elle, pour renouveler la façon dont nous la sentons, en parlons et l’écrivons ? Pendant quatre samedis, de mars à juin, la maison d’Utopiana à Genève accueille un atelier d'écriture animé par Anne Pitteloud, autrice et journaliste littéraire au Courrier, en collaboration avec la Maison Rousseau et Littérature (MRL).
Renseignements et inscription ici

LES ARCHIVES AUDIO DE QWERTZ

Ont collaboré à ce numéro
Francesco Biamonte, Philippe Congiusti, Ellen Ichters, Nicolas Julliard, Céline O'Clin, Garance Parvis.
Crédits photographiques
Claire Richard: © Astrid di Crollalanza
Daniel Bernard: © DR
Camille Brunel: © Méline Usseglio
Livre de Poche: © Hans Lucas - AFP
Lola Lafon: © C. Robin

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