Clubhouse : vous êtes in ou out ? | | Vous avez raison de nous lire. Parce que nous, on vous en parlait déjà en mai dernier : l'application Clubhouse, lancée en Californie en mars 2020 par Paul Davison et Rohan Seth, fait du bruit cette semaine, pour ne pas dire du boucan. Ici par exemple, ici ou encore là. Cette application, toujours en bêta – qui se concentre uniquement sur des conversations orales en direct, entre plusieurs participants –, est passée de 2 000 téléchargements en septembre à 2,4 millions le mois dernier, selon les données fournies par Sensor Tower Inc. Sa particularité ? La voix. Rien que la voix. Pas de story. Pas de likes. Il est possible d'y créer sa salle de discussion, avec un accès privé ou public. Et la nouvelle coqueluche des investisseurs et des startupers de la Silicon Valley est élitiste. L'appli est seulement disponible sur iPhone, et accessible par invitation. Si vous décrochez le précieux sésame, libre à vous de parcourir des discussions autour des mérites du bitcoin, du bien-fondé du growth hacking, de la poésie, ou encore d'assister à un master class donné par Elon Musk, la personne la plus riche du monde. So chic. La montée en puissance des réseaux sociaux audio « La popularité des podcasts, ainsi que la fatigue des utilisateurs de Zoom, ont rendu les applications audio telles que Clubhouse particulièrement attrayantes », analyse le Wall Street Journal. Pas aussi « impersonnel qu'un texte », ni aussi « invasif qu'une vidéo », Clubhouse trouve son audience... pour l'instant. Les conversations en direct semblent favoriser davantage l'empathie que les chats, explique Jeremiah Owyang, un expert spécialisé dans l'industrie de la Tech et membre actif de l'application. Le format de Clubhouse « ressemble aux podcasts des réseaux sociaux », selon Ryan Graves, un investisseur techno. Son succès fait des émules. Le New York Times a révélé que Facebook était aux prémices de l'élaboration d'un produit de chat audio similaire à Clubhouse. Pas étonnant, pour un réseau social dont la spécialité est de cloner ses concurrents : les stories de Snapchat, les vidéos courtes de TikTok avec Reels, Zoom avec Rooms - un service de chat vidéo - et dernièrement Substack, avec un produit concurrent. La firme de Zuckerberg a « l'habitude de courir après les différents médias qui ont attiré les utilisateurs, surtout si ces publics sont jeunes ». Les rachats successifs d'Instagram, de WhatsApp et de l'entreprise de réalité virtuelle Oculus VR, alors qu'elles étaient encore de jeunes pousses, en sont la preuve vivante. En attendant, Clubhouse récolte quelques critiques. Pour 46 % des personnes interrogées sur notre compte LinkedIn, l'appli représente un « entre-soi insupportable », contre 23 % pour la définition de « salon chaleureux ». | | | JUNGLE STORIES | Comment utiliser Spotify en 2021 ? Sur quels formats miser ? Avec quelle stratégie ? On en a parlé en live avec Prune Nouvion, Director of Sales chez Spotify France. | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Là où il y a du contenu, il y a... des entreprises de marketing. Selon une récente newsletter d'Axios, les éditeurs web sont en train de prendre un nouveau visage. Si les entreprises de médias sont toujours dans la course, de plus en plus d'entreprises de marketing créent des blogs et des médias pour discuter avec leurs clients potentiels via leurs contenus. (Cela vous rappelle quelque chose ?) D'après les données fournies à Axios par Parse.ly, les acteurs du marketing ont représenté 62 % des nouveaux clients des logiciels de CMS (outil pour créer des blogs ou des sites de contenus) type Wordpress au cours de l'année 2020. Et les éditeurs traditionnels, 38 %. En 2018, la logique était inverse, avec pour nouvelle clientèle 34 % d'acteurs du marketing et 66 % d'entreprises média. Pourquoi c'est un pavé ? « Le content marketing est vieux comme le monde, mais la pandémie a enfin incité des milliers d'entreprises à adopter cette tactique en ligne », analyse la journaliste Sara Fischer. Automattic, la maison-mère de WordPress, qui vient tout juste d'acquérir Parse.ly, abonde dans ce sens. Les entreprises misent de plus en plus sur le contenu pour atteindre des objectifs commerciaux. « Ces dernières années, WPVIP a dépassé nos racines médiatiques et éditoriales pour se concentrer sur la capacité des plus grandes marques du monde à créer des expériences significatives grâce au contenu. Le contenu a ce pouvoir unique de stimuler la croissance de l'entreprise », a partagé WordPress VIP. Nous, on est bien d'accord. | | | UN FORMAT À LA LOUPE | | Lien dans la bio ou swap up dans les stories ? On vous en parlait la semaine dernière, Instagram est devenue une plateforme clé pour la croissance numérique des médias généraux, avec 1,08 milliard d'utilisateurs mensuels actifs dans le monde. Et les links in bio ont pris une importance toute particulière pour générer du trafic sur les sites, comme l'explique Kevin Young, Head of Audience de The Economist, dans une entrevue récente à la Revue des médias. Cette particularité a donné une seconde jeunesse au compte Instagram du média britannique, suivi aujourd'hui par 5,4 millions d'abonnés. Ces liens génèrent des centaines de milliers de visites chaque mois sur le site. « Instagram est de ce point plus efficace que LinkedIn », explique-t-il. Plutôt que d'être un « handicap », le fait de ne pas pouvoir insérer de liens cliquables sur les posts est une « opportunité » : « Nous n'avions jamais fait de clickbait et nous ne voulions pas afficher des "cliquer sur les liens en bio" dans chacun de nos posts, sans contexte. Nous avons essayé d'utiliser des légendes assez courtes en faisant en sorte d'inciter à consulter le lien dans la biographie du compte. Pour cela, nous révélons quelques éléments de l'article, suffisamment pour intéresser les gens et utilisons ce que vous pourriez appeler des "appels à l'action" ou des "instructions", indiquant qu'il y a autre chose d'intéressant derrière le lien », poursuit-il. La qualité plutôt que la quantité, donc. Pour The Economist, les stories avec la fonction swipe up sont un écrin réservé, entre autres, aux annonceurs. Par exemple, une des stories les plus successful « Weekend Reads » – qui met en avant six des articles les plus importants de la semaine – offre une « opportunité publicitaire unique et personnalisée pour nos clients », écrit Kevin Young sur son Medium. Les messages des sponsors sont placés au milieu de chaque séquence, sous forme de photos ou vidéos. Les utilisateurs qui « swipent up » sont donc conduits sur le site d'un client, ou sur le compte Instagram de l'organisation. Chaque chose à sa place. | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Mais qui s'occupe de quoi ? Pour faire face à la crise sanitaire, l'État a mis en place un dispositif complexe (pour ne pas dire kafkaïen) de circuits de décision. Le Monde propose une infographie efficace pour y voir plus clair : « Le Covid-19 et la machine d'État : visualisez les circuits de décision et les acteurs de la gestion de l'épidémie. » C'est une logique verticale qui transparaît, avec à sa tête Emmanuel Macron : instances de décision politique, mise en œuvre des décisions par la DGS (Direction générale de la santé), Santé Publique France, les 18 ARS (agences régionales de santé) & co, multiplication des instances de conseil, et partie recherche. Selon les politistes Delphine Dulong et Brigitte Gaïti, cette radiographie illustre « un rétrécissement de l'espace de la décision politique autour de la figure présidentielle, au risque d'une perte d'efficacité sur le terrain ». Un exercice de clarification utile. | LE CONTENU QU'ON A AIMÉ FAIRE | Quel est l'impact de la crise sanitaire sur les attentes et le comportement des consommateurs ? Comment le dispositif mécénat peut-il renforcer le lien avec la société civile, les collaborateurs et démultiplier l'impact de l'engagement d'une entreprise ? Quel nouvel horizon pour les ressources humaines ? Retrouvez nos trois vidéos (d'influence) réalisées pour EY. | | | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Posséder des médias a toujours été un enjeu d'influence. Alors que Vincent Bolloré s'apprêterait à racheter Europe 1, Arte se penche sur un autre grand magnat de la presse, dans un documentaire palpitant, « Murdoch, le grand manipulateur des médias », coproduit par la BBC. Propriétaire du Sun, du Times, du Wall Street Journal, de la chaîne Fox News et d'autres centaines de titres dans le monde, le media mogul australien, Keith Rupert Murdoch influe depuis la nuit des temps sur le monde politique anglo-saxon, au plus haut niveau. Le bonhomme a aujourd'hui 89 ans... Pour certains, il s'agit d'un génie des affaires. Pour d'autres, d'un redoutable manipulateur. « Ni David Cameron ni Tony Blair n'osait tousser sans la permission de Rupert Murdoch », se moque Hugh Grant, victime des écoutes téléphoniques du tabloïd News of the World appartenant au groupe de presse News Group Newspapers de Murdoch. Une enquête fascinante sur l'ascension, la chute et le retour sur le devant de la scène de la dynastie Murdoch. Un commentaire, positif ou négatif ? N'hésitez pas à nous faire des retours sur la newsletter à l'adresse suivante : [email protected] |
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