C’est l’amour à la plage, aouuu tchatchatc ha !

Bonjour je suis Perrine Kervran et comme je suis la responsable éditoriale d’ARTE Radio, chaque mois je vais vous pitcher habilement les dernières nouveautés, vous donner un petit aperçu exclusif de notre palpitante et folle vie de bureau et emballer le tout avec une petite histoire vraie.

C’est l’amour à la plage, aouuu tchatchatcha !

L’autre jour, j’ai sorti du placard les deux boîtes dans lesquelles je range des choses que je veux garder mais que je ne regarde jamais : des lettres, des cahiers, des carnets, des tickets et surtout de la poussière. J’avais tout étalé par terre et j’éternuais en faisant des piles. Tout ça à cause d’Adila Benedjaï Zou et de sa série Le journal de ma vie, qui remue, fait réfléchir et traverse le temps en donnant envie de faire précisément ce que j’étais en train de faire : de l’égo-archéologie. J’étais à la recherche de mes journaux intimes, enfin surtout du premier, celui du passage vers le collège, un mini carnet aux pages roses, avec un gros cœur rouge et des petits cœurs violets sur la couverture (le message est clair, un journal intime, c’est fait pour parler d’amour), et visiblement, en 1986, j’avais des trucs à écrire avec des stylos à l’encre violette. J’avais parsemé tout ça d’autocollants minuscules en forme de pastèque, d’arc-en-ciel et d’étoiles… À l’époque, si tu les grattais, ils sentaient le coca, la fraise ou le chocolat. J’ai gratté, ça ne sent plus rien : déception.
Page 1, ligne 1, je suis à fond, à base de « Cher journal, je m’appelle Perrine, j’ai 12 ans, et j’ai deux meilleurs amis : Pivoine, mon cochon d’Inde, et mon chien Réglisse ». Ensuite, très vite, j’arrive aux choses sérieuses, car il s’est passé un truc : j’ai embrassé P sur la joue (eh ouais, des initiales mystérieuses au cas où la police de l’amour soit en planque dans ma chambre, initiale que j’ai même recouverte d’une pomme rouge pour brouiller un peu plus les pistes). À mon anniversaire, il était venu déguisé en milliardaire, il voulait devenir président de la République, c’était le premier de la classe, je le trouvais hilarant. J’étais clairement à l’abri du syndrome du bad boy et je misais sur un avenir confortable. Ce carnet dit aussi que je suis amoureuse de lui depuis le CP, un avenir confortable et durable, donc.
Plus tard, j’ai remplacé le carnet par des agendas d’où émergent des initiales, des astérisques et des prénoms de garçons, et surtout le prénom de Muriel, ma meilleure copine. Avec elle, on essayait d’imaginer ce que ça ferait d’embrasser un garçon avec la langue. Est-ce qu’on saurait faire ? Du coup, on s’entraînait avec la clef de la cave. J’ai hésité à écrire ça : c’est trop freudien comme symbole, trop pathétique aussi. Pourtant, c’est bien ce qu’on faisait, on roulait des galoches à une imposante clef à l’ancienne qui nous semblait correspondre au projet.
C’est ça qui est douloureux avec les carnets intimes : c’est que c’est cuisant à lire. Et puis, c’est difficile de cohabiter avec celle qu’on a été. En revanche, ça décrasse bien l’égo.
Plus tard, avec d’autres copines dans la cour du collège, revenues bredouilles de nos vacances d’été, on se racontait avec un maximum d’aplomb et de détails nos histoires imaginaires. Pour ma part, je débitais une idylle avec un Tristan roux et romantique qui aimait la mer. J’avais passé l’été en Bretagne, c’était crédible. Je décrivais une séparation déchirante et fiévreuse. Alors qu’en fait, ce que j’avais fait de plus fou, c’était de pêcher des bigorneaux avec ma grand-mère, et ma langue n’avait roulé de pelles à personne, à part à des Kim Pouce orange à la crêperie.

Bref, quoi de plus cool que de parler d’amour ?

L’amour, en revanche, ce n’est pas le projet de Louise Régent. Elle, c’est plutôt dans la haine qu’elle s’est plongée pour tenter d’élucider la mort brutale de son grand-père, dont le crâne a été fracassé à coups de marteau, fracassant aussi au passage une famille qui a dû se réinventer autour de cette mort violente. Mais pour cette enquête pas facile, elle a le soutien du spécialiste des cold cases, aka Philippe Jaenada, et ensemble, ils cherchent à savoir Qui a tué Maurice ?

Les Bronzés font du stop, Jérémi Nureni Banafunzi nous embarque dans une course en auto-stop entre deux équipes : un binôme racisé et un binôme blanc… Qui va arriver en premier, et que va capter le micro des discussions politiques qui s’improvisent dans l’habitacle ? Ce qui est sûr, c’est que de l’amour, certains et certaines n’en ont pas pour tout le monde…

L’amour a évidemment à voir avec le consentement, car la notion de consentement s’applique à tout le quotidien. Et avec l’été qui arrive, Charlotte Bienaimé s’est dit que c’était sans doute le bon moment pour réviser un peu les fondamentaux et reposer les choses. Dans la vie, dans le couple, à l’école, en vacances, en famille, Un podcast à soi vous aide à voir où va se nicher le consentement, et comment être certain·e de bien le recueillir, et surtout de bien le comprendre.

De l’amour, on en a des tonnes à ARTE Radio pour Délits mineurs, notre podcast consacré au tribunal pour enfants de Bobigny, où Séverine Kakpo était assesseure. Pendant 21 épisodes, elle nous a tenu la main pour nous faire comprendre les enjeux de cette justice bien particulière, et les questions et les actes avec lesquels se débattent certains jeunes. C’est le dernier épisode, mais tout reste en ligne. Ouf !

Sinon, le 27 juin, c’était les vacances à Lapinville, des vacances bien méritées pour Chloé, Lapin et Spiruline, qui ont vécu des moments difficiles dans la Zad de droite. Alors je sais, vous vous demandez ce que vous allez faire de tout cet amour que vous ressentez pour notre fiction quotidienne ? Eh bien, pas de panique, vous avez tout l’été pour rattraper les 310 épisodes de La Chute de Lapinville. On va vous les ranger bien proprement par arche pour patienter jusqu’au 8 septembre et à la mise en ligne de l’épisode 311.

Pendant ce temps-là au bureau…

Eh ben, on a chaud. Comme tout le monde, certes, mais la clim est en panne. Alors tant mieux pour la planète, oui, c’est vrai, mais bon, on dégouline, les mains sont poisseuses, les vêtements collent aux chaises et les pieds sont serrés dans les sandales. Les stores sont tirés, les ventilateurs tournent à plein tube, on se les vole, on se les emprunte, et parfois, perfidement, on les réoriente dès que le voisin a le dos tourné… En studio, on étouffe, en régie, on suffoque, et en montage, c’est le panier vapeur. On est un peu rougeauds et pas très frais, mais jusque-là on s’en foutait.
Sauf que maintenant qu’on veut faire les malins en vidéo, il faut qu’on reste dignes… Du coup, une maquilleuse est venue pour maquiller Anissa, et on a emprunté à la direction un ventilateur spécialement silencieux pour le tournage. Dans le studio, Tamara, derrière la caméra, dégainait régulièrement sa serviette éponge mouillée, un vrai truc de pro, et à chaque pause, avec d’adorables petites éponges, Anissa et son invité, en liquéfaction sous les spotlights, se tamponnaient délicatement le front et le dessus de la lèvre, pendant qu’en régie, pieds nus et hagards, on s’éventait comme on pouvait.
Ben oui, en régie : pas de ventilo, pas de fenêtre ouverte, tout pour le son, même la mort par surcuisson.

Perrine Kervran