Cabine téléphonique, vieille armoire normande, coin de banc public. Les livres colonisent l'espace urbain, pour notre plus grand bonheur. Depuis quelques années, les boîtes à livres aimantent la communauté des bibliovores désargentés. Mais qui sont-ils, précisément ? Une étude de l’université de Lorraine s’y intéresse. Sans grande surprise, l’utilisateur type des boîtes à livres est… une utilisatrice. La proportion de femmes, de l’ordre de 80%, correspond à ce que l’on observe en librairie ou bibliothèque. Bonne nouvelle, 74% des personnes interrogées déclarent utiliser les boîtes à livres à double sens, autant pour y déposer qu’y prélever des ouvrages. Constat plus étonnant, la différence entre les hommes et les femmes s’exprime aussi dans le rapport à la découverte: les utilisatrices seraient plus enclines à se laisser surprendre par les ouvrages à disposition. Les hommes, eux, viendraient davantage à la boîte à livres avec une quête précise en tête, quitte à être régulièrement déçus. S’il en va de même pour le lectorat de QWERTZ, nous ne pouvons donc que vous encourager, Messieurs, à embrasser la surprise qu’on vous réserve chaque semaine dans votre boîte (mail) à livres. Bonnes lectures et bonnes écoutes!
Envoûté
Melody infinie
Martin Suter,"Melody", ed. Noir sur Blanc Homme d’influence, M. Stotz, au crépuscule de ses jours, vit retranché dans sa demeure bourgeoise. Son jeune secrétaire personnel, récemment arrivé à son service, l’écoute raconter l’étrange histoire d’amour qui a marqué sa vie à tout jamais, celle de sa relation, 40 ans plus tôt, avec la mystérieuse Melody. Peu à peu assailli de doutes, Tom se lance alors dans une enquête à la recherche de la vérité sur le destin de cette femme envoûtante. Par Catherine Fattebert
Claire Fercak,"Une existence sans précédent", ed. Verticales Helena Cervak, longtemps ballottée entre foyers et familles d’accueil, quitte précipitamment la France. Elle traverse l’Italie d’une traite pour rejoindre la Slovénie, son « pays d’origine du nom ». Qu’espère-t-elle trouver en ces terres inconnues ? Des racines improbables ou le refuge d’une « existence sans précédent » ? Conçu comme un road trip ponctué de flash-back, ce roman réinvente l’enfance d’une inimitable manière. Par Céline O'Clin
Paloma de Boismorel, "La fin du sommeil", ed. l'Olivier Alors qu’une simple allergie lui est diagnostiquée, Pierre-Antoine, architecte à la mode, père de trois enfants et époux d’une galeriste surmenée, décide plutôt d’annoncer qu’il est atteint d’un cancer de la gorge. Cette ruse devrait lui laisser le temps de remettre du sens dans sa vie et de réaliser un vieux rêve : écrire un livre. Un premier roman qui par l’absurde, fustige la tyrannie du bien-être. Par Layla Shlonsky
Avec La vie heureuse, le romancier David Foenkinos embarque son lectorat sur les traces d'Eric, un homme insatisfait qui retrouve le sens de la vie après un changement total de destinée et l'expérimentation d'une thérapie coréenne consistant à vivre son propre enterrement. Propos recueillis par Anne Laure Gannac Adaptation web: Melissa Härtel
Patrick Chappatte, Fins de règne, ed. Les Arènes, 304 p.
Un condensé des dessins de presse des cinq dernières années de l’ultra-talentueux Chappatte peut tout à la fois avoir l’effet d’un antidépresseur et d’un whistleblower (lanceur d’alerte). Face à une actualité souvent désarmante, quelle arme plus puissante que l’humour d’un dessinateur de presse ? C’est l’alliage du trait et de l’esprit, l’acuité du regard sur le monde, nos sociétés, celles et ceux qui les dirigent, couplé à la mise à distance et la réflexion. C’est aussi susciter de la raison et du cœur là où ils semblent cruellement faire défaut. COC
RéCIT POéTIQUE
Maxime Sacchetto, Selon les conditions imposées par le soleil, ed. Gros Textes, 54 p.
L’auteur de Jacques est sur le parking publie aujourd’hui un petit ouvrage poétique écrit à la première personne du singulier. Le narrateur y raconte avec dérision son quotidien. Il se promène dans la ville de Lausanne, y rencontre plusieurs personnages : une amie dont il est amoureux, un copain guitariste, une dame à l’arrêt de bus. A mi-chemin entre la poésie et la prose, ce récit déploie avec finesse l’amer sentiment de finitude. LS
roman
Xavier-Marie Bonnot, Places du paradis, ed. Récamier, 320 p.
Pierre, photographe de guerre, immortalise en 2017 l’arrestation à Raqqa de Marie, jeune maman française dévouée à l’Etat Islamique. Cinq ans après, au parloir d’une prison en France, au moment du procès des attentats parisiens du 13 novembre, Pierre tente de comprendre Marie sans la juger. Peut-on éprouver de l’empathie pour une personne qui incarne l’horreur absolue, même si la jeune femme, sur le chemin de la rédemption, a saisi qu’elle s’était fourvoyée ? Un roman aussi glaçant qu’intelligent. PC
poésie
Lorrie Jean-Louis, Main-d'œuvre, ed. Mémoire d’encrier, 100 p.
Issue d’une famille haïtienne, la Montréalaise Lorrie Jean-Louis célèbre, à travers une poésie du fragment, le chant des sans-voix, des esclaves de l’industrie dont les corps n’ont valeur que d'outils. A la manière de graffitis ou de cris, ces brèves prises de parole à la première personne redonnent chair à cette “main-d’oeuvre”, née pour de plus précieux gestes, amoureux, libres, sensuels. NJ
Bédé
Bulles à niveau
Pour sa deuxième édition dans le quartier de la gare de Lausanne, le festival BDFIL accueille comme invités d'honneur l'artiste genevois Tom Tirabosco, ainsi que la nouvelle vague des bédéastes belges. Pas moins de dix expositions marquent la manifestation qui se tient du 15 au 28 avril. ats/aq
Disparu en 2009, Jacques Chessex aurait eu 90 ans en 2024. Figure majeure et controversée des lettres romandes, l’écrivain vaudois traverse aujourd’hui son “purgatoire”. On l’étudie peu, on le lit sans trop en parler. Que faire, alors, de cet héritage littéraire, quand l’homme, ses blousons vert olive et ses fulminations tiennent aujourd’hui de la légende ? La question valait bien un numéro quintuple (!) de la revue Le Persil. Coordonné par Ivan Garcia , cet épais journal convoque amis, fidèles, témoins et émules à repenser le legs de Chessex, offrant une synthèse passionnante des grandes voies et ornières de son parcours littéraire et humain. Ivan Garcia est l’invité de Nicolas Julliard, en compagnie du cinéaste Jacob Berger et du journaliste et écrivain Thierry Raboud. Quartier Livre, RTS La Première, di 11 février 16h
Dans son dernier roman intitulé Les arbres quand ils tombent (ed. Quidam), la Chaux-de-Fonnière Fanny Wobmann remonte d’îlot en îlot le fleuve d’une enfance idéale, passée entre le Rwanda et Madagascar. Mais comment raconter ce bonheur ? Cette identité, africaine certes, mais obscurcie par les résidus du colonialisme ? Des sapins du Jura neuchâtelois aux baobabs malgaches, l’autrice tente un récit à la fois complexe, poétique et politique. Animation : Ellen Ichters / Carte blanche : Daniel Vuataz Quartier Livre, RTS La Première, di 04 février
Le dernier roman dʹArielle Meyer MacLeod est un voyage sur les traces dʹun passé dont ne subsistent que des ruines, dʹune affolante beauté, face aux non-dits de sa propre histoire. Une enquête intime qui, de lettres en photographies retrouvées, fait émerger des maisons marquées par lʹexil et le déracinement. Découvrez Vues d'intérieur après destruction, aux Editions Arlea. Arielle Meyer MacLeod est lʹinvitée dʹAnne Laure Gannac, et Yacine Nemra en fait le portrait. Vertigo, RTS La Première, lu 05 février
L’actualité du polar On considère trop souvent le roman policier comme une lecture légère, une pure distraction. C’est dommage. Certes, un bon thriller doit vous embarquer, vous rendre asocial aussi longtemps que vous ne l’avez pas terminé, mais il révèle aussi beaucoup de la société dans laquelle il naît. C’est pourquoi Pascale Frey vous propose d'embarquer lundi 15 janvier pour un voyage à travers le polar d’aujourd’hui. Vous partirez aux quatre coins de la planète pour suivre son actualité et voir en quoi il reflète le pays dont il parle. Elle animera aussi l’actualité du livre le 17 janvier. Société de lecture, Genève, lu 12 février
De lecture flâneuse à lecture critique Journaliste à la rubrique Culture du Temps, Alexandre Demidoff invite à s’initier au bonheur de la lecture critique. Les participant·es sont appelé·es à débattre des enjeux esthétiques de sept à huit livres qui ont marqué l’automne 2023 et marqueront le printemps 2024. Au programme notamment, les romans qui vont électriser la rentrée. Chaque séance donnera lieu à l’examen joyeux et parfois polémique d’un ouvrage, enrichi selon les cas par l’analyse détaillée d’un passage significatif. L’objectif ? Se doter d’outils pour jouir pleinement du texte et affirmer un jugement. Les intuitions, fulgurances et points de vue seront confrontés à ceux de la critique professionnelle. Société de lecture, Genève, lu 12 février